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3 janvier 2017 2 03 /01 /janvier /2017 00:02

 

Le Nirvanaddict

The Neon Demon, de Nicolas Winding Refn : beauté hypnotique et morbide des images, perfection et viscéralité extrême de la mise en scène, richesse symbolique et psychanalytique du scénario, atmosphère angoissante distillée par la bande originale. Le film de 2016 qui m'aura le plus hanté, certainement l'un des plus aboutis de son auteur.

Les Huit Salopards, de Quentin Tarantino : classe formelle de chaque plan, des acteurs qui s'en donnent à cœur joie, des dialogues écrits et débités à la perfection, une ambiance joyeusement malsaine, des explosions de violence redoutables. Un réjouissant bijou de maîtrise et de minutie, doublé d'une galerie de sales gueules inoubliables.

Zootopie, de Byron Howard et Rich Moore : éblouissement visuel de chaque instant, rythme endiablé, galerie de petits personnages attachants, multiples niveaux de lecture et références en pagaille, un film d'animation d'une intelligence et d'une générosité folles.

Conjuring 2 : Le Cas Enfield, de James Wan : enfin un vrai film d'horreur, posé et visuellement léché, qui pense en permanence au sens de ses cadrages et – plus important encore – du hors champ. Le sentiment d'angoisse et de malaise s'en retrouve décuplé, pour notre plus grand plaisir. Mention spéciale à la scène de l'interview et son jeu brillant sur la mise au point de la caméra comme moyen d'occultation.

Creed : l'héritage de Rocky Balboa, de Ryan Coogler : la mise en scène n'a certes rien de révolutionnaire, mais elle est empreinte d'un classicisme au sens le plus noble du terme, donnant aux enjeux dramatiques et aux personnages une dimension universelle et touchante qu'on n'est pas prêt d'oublier. Sylvester Stallone – comédien ô combien sous-estimé – nous livre ici un chant du cygne proprement bouleversant. Réalisme et intensité des combats de boxe toujours aussi hallucinants.

 

Et pour quelques bobines de plus...

Midnight Special, de Jeff Nichols : un road-movie atypique, teinté de science-fiction et doublé d'une belle parabole sur la paternité, où la pudeur tranquille de la mise en scène laisse sourdre une discrète mais réelle émotion.

High-Rise, de Ben Wheatley : vision hallucinée et hallucinante d'une décadence, d'une déliquescence sociétale à travers un film catastrophe psychédélique et mental tourné en huis clos dans un immeuble métaphorique d'une lutte à mort des classes. Largement plus audacieux que le timoré (et surestimé) Snowpiercer qui tentait pourtant d'illustrer un thème similaire.

Doctor Strange, de Scott Derrickson : petite incursion réjouissante des studios Marvel dans l'univers de la magie, des dimensions parallèles et des triturations de la trame du temps, qui vaut surtout pour la classe folle de Benedict Cumberbatch, la perfection de ses effets spéciaux, son rythme trépidant et son finale qui propose enfin autre chose que l'insupportable conclusion pétaradante et victorieuse qui caractérise la grande majorité des blockbusters actuels.

X-Men : Apocalypse, de Bryan Singer : certes plus bourrin et plus conventionnel que ses prédécesseurs, le dernier volet de la saga parvient à conserver le petit supplément d'âme qui la distingue des autres franchises de super-héros, à savoir des personnages attachants et torturés, un questionnement permanent sur la frontière entre humanité et monstruosité. La séquence en ultra-ralenti, portée par Sweet Dreams des Eurythmics, est un pur bijou d'inventivité et de minutie graphiques.

Rogue One : a Star Wars story, de Gareth Edwards : une première heure laborieuse et inutilement alambiquée, des personnages qui manquent de charisme, mais une impressionnante maîtrise du gigantisme intergalactique et un puissant morceau de bravoure final, couronné par un éclat de barbarie qui restera dans les annales. Certainement pas le meilleur film de la saga Star Wars, mais un légitime fragment de son univers étendu, n'en déplaise aux studios Disney.

The Revenant, d'Alejandro Gonzalez Inarritu : une beauté formelle renversante, un sens du cadre et du découpage filmique virtuose, mais une absence regrettable d'émotion et des longueurs redoutables. Inarritu aurait pu accoucher d'un chef-d’œuvre absolu, s'il s'était soucié de la psyché de ses personnages et du rythme de sa fresque autant que de la perfection graphique de ses plans.

Deadpool, de Tim Miller : crétin, bourrin, potache, à des années lumière de l'irrévérence et de la folie ambiante du matériau originel, mais un bon petit délire régressif avec un Ryan Reynolds qui finit par faire mouche à force d'en faire des tonnes. Quelques scènes d'action vénères, des punchlines bien senties et une tonalité libidineuse qui tranche radicalement avec la timidité asexuée des autres films de super-héros. Espérons que la suite, déjà prévue, ouvrira complètement les vannes de l'insanité.

 

Mieux vaut tard que jamais : mes plus belles séances de rattrapage

Le Dernier Pub avant la fin du monde (Edgar Wright), Les Disparus de Saint-Agil (Christian Jaque), Les Yeux sans visage (Georges Franju), Whiplash (Damien Chazelle), The Duke of Burgundy (Peter Strickland), Prisoners (Denis Villeneuve), L'Année du Dragon (Michael Cimino), Ex Machina (Alex Garland), Enemy (Denis Villeneuve), La Taverne de la Jamaïque (Alfred Hitchcock), It follows (David Robert Mitchell), Comment c'est loin (Orelsan, Christophe Offenstein), Serpico (Sidney Lumet), Spetters (Paul Verhoeven), La Falaise mystérieuse (Lewis Allen), Garde à vue (Claude Miller), Les Banlieusards (Joe Dante), Au revoir les enfants (Louis Malle).

 

La fosse à purin de 2016, ou les lauriers de la honte

Suicide Squad, de David Ayer : une insulte permanente crachée à la face du spectateur, personnages inexistants, mise en scène proche du néant, absence totale de rythme et d'enjeux dramatiques, dialogues d'une nullité abyssale, acteurs en roue libre, laideur visuelle... Une catastrophe industrielle à oublier illico.

La Cinquième Vague, de Jonathan Blakeson : un film d'invasion extra-terrestre pour ados atrophiés du bulbe, depuis son introduction putassière jusqu'à son finale d'une crétinerie olympique.

Divergente 3 : Au-delà du mur, de Robert Schwentke : suite insipide de films déjà insipides, au message faussement subversif, qui se réfugie faute d'enjeux dramatiques dans une bouillabaisse indigeste de zombies et de séquences post-apocalyptiques déjà vues (en mieux) dans un nombre incalculable de productions. Une compilation cupide de thèmes à la mode n'a jamais fait un bon film.

Le Chasseur et la Reine des glaces, de Cedric Nicolas-Troyan : patchwork racoleur et mercantile d'heroic fantasy débouchant sur une fresque d'aventure au rabais, prévisible et mollassonne, d'une niaiserie confinant au cauchemar.

The Assassin, de Hsiao-Hsien Hou : l'archétype du film auteurisant, qui cherche en vain à camoufler la vacuité de ses enjeux sous les oripeaux d'une splendeur visuelle maniérée, qui n'a de virtuose que sa capacité à distiller un ennui aussi lourd qu'une chape de plomb.

Hardcore Henry, d'Ilya Naishuller : pourquoi ne pas avoir directement concocté un vrai FPS sur console de salon, plutôt que cette chimère laborieuse et hystérique ?

Captain America : Civil War, d'Anthony et Joe Russo : la quintessence du produit Marvel calibré, formaté, prisonnier d'un carcan de codes qui ne changeront jamais. Marvel n'est pas un studio de cinéma, juste une vulgaire photocopieuse.

Batman V Superman : L'Aube de la Justice, de Zack Snyder : DC Comics s'allie à Warner Bros pour photocopier le Marvel Cinematic Universe, les cartouches de couleurs en moins, un sinistre toner de sérieux en plus.

 

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