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20 juin 2010 7 20 /06 /juin /2010 01:03

moissons du ciel

Les Moissons du ciel de Terrence Malick vient de ressortir sur nos écrans dans une copie numérique sublime. Voici dix bonnes raisons de revoir dans les salles obscures ce monument de cinéma, diablement romanesque, à l'esthétique renversante.

1) Intemporel, le film n'a pas pris une seule ride, il reste un formidable objet de fascination, hypnotique et prenant.

2) La beauté des images est à couper le souffle, d'une splendeur irréelle, d'une poésie incandescente.

3) Le triangle amoureux constitué par les trois protagonistes, bien plus qu'une simple histoire d'amour contrariée, est porteur d'une tension et d'une violence tranquille qui remue littéralement les sentiments du spectateur.

4) La scène de l'invasion des criquets est un superbe cauchemar.

5) La scène quasi finale de l'incendie des champs de blé est une pure vision apocalyptique, aux images terrifiantes, au montage affolant, à l'onirisme ahurissant.

6) On reste ébahi devant le talent de metteur en scène de Malick qui parvient à transformer un simple champ de blé en véritable théâtre du monde, cruel et violent, vision microcosmique des quatre éléments, de l'animal et du végétal.

7) Même chose pour la peinture de l'humain, où une poignée de personnages touche à l'universel.

8) La musique d'Ennio Morricone, magnifique de lyrisme et de mélancolie, ponctuée d'une saisissante reprise du thème Aquarium, extrait du Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns.

9) Le plaisir de retrouver Richard Gere dans un de ses tout premiers rôles de cinéma, incarnant un personnage touchant par sa tristesse et sa fausse candeur.

10) La bouleversante peinture des personnages de femmes, d'une tendresse infinie, comme dans tous les films de Malick, où la féminité, bien que vecteur de perdition, reste toujours empreinte d'une troublante douceur.

4sur5

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 14:30

tete en friche

Astérix, Mesrine, La Môme, A l'origine, L'Autre Dumas, Mammuth... Après plus de quarante ans de carrière, Gérard Depardieu est partout. Enchaînant comédies, drames, divertissements, petits, moyens et gros budgets, prêtant sa stature massive et sa gueule de monstre sacré du cinéma français aux vétérans (Chabrol, Téchiné, Blier...) comme aux plus jeunes (Giannoli, Richet, Dahan...), sa présence sur nos écrans est colossale. Agaçante pour certains, il faut bien reconnaître que Depardieu ne la doit qu'à son indéniable et généreux talent, sa capacité à se couler aisément dans n'importe quel rôle. Cette aisance, reposant sur son immuable charisme, il nous la montre encore une fois dans le nouveau film de Jean Becker, La Tête en friche, en incarnant avec un naturel déconcertant un attachant personnage de simplet.

Germain mène une petite vie ennuyeuse et terne dans une bourgade charentaise. Lent et quasi analphabète, partagé entre une compagne chauffeuse de bus, une mère folle à lier et les beaufs lourdingues qui lui servent d'amis, il rencontre dans un parc une vieille femme, Margueritte (avec deux T), férue de littérature, qui lui fera découvrir et aimer La Peste de Camus, La Promesse de l'aube de Gary et le Petit Robert. Au contact de l'ancêtre, Germain va donner une nouvelle direction, plus exaltante, plus poétique, à son existence moribonde.

Par-delà une myriade de clichés sur la province française (outrancièrement idéalisée), un scénario et une mise en scène un tantinet mollassons, c'est le tendre portrait d'un idiot écorché vif que nous propose Jean Becker. Depardieu donne à son personnage une superbe épaisseur, une vraie drôlerie dans ses maladresses de langage et son franc-parler naïf, une touchante gravité dans ses sautes d'humeur et ses introspections. On tâtonne avec lui dans la brume de l'ignorance, on s'envole avec lui vers la lumière des Lettres, vers une humanité retrouvée. La grande Gisèle Casadesus inspire le respect : sa Margueritte semble fragile en apparences, mais elle se révèle puissante par son savoir, la compassion et la patience dont elle fait preuve avec Germain. Sagesse incarnée au milieu d'un monde d'incultes. La mère que le gros bonhomme ignare n'aura jamais eue.

Leur duo illumine la peinture cocasse d'une société arriérée, aux frontières de la France rurale. La confrontation avec les autres personnages, incarnés par une foule de vedettes invitées (Maurane, Patrick Bouchitey, Régis Laspalès, François Xavier-Demaison...), donne lieu à des merveilles de dialogues cinglants, hilarants. « Si ça vous déplaît que je change, eh bien je vous emmerde... et c'est pas une litote ! » s'écrie Germain au milieu d'un bar, après avoir appris la fameuse figure de rhétorique auprès de Margueritte. La première d'une longue série de piques, d'une mordante ironie, lancées à la face de ses collègues, devenant plus bêtes que lui, croupissant dans leur ignorance crasse. Assurément acide, le film de Becker n'est cependant pas méchant, allant jusqu'à faire preuve d'une réelle tendresse. La mère de Germain a beau n'être qu'une mégère odieuse et détraquée, son sort nous émeut autant qu'il touche son fils, lequel aurait pourtant toutes les raisons de la haïr.

Quelques zones d'ombre viennent ainsi troubler la comédie. Le destin du personnage de Margueritte, frôlant dangereusement le sordide, vient alimenter une vision tristement lucide de la vieillesse en France. L'angoisse de la mort, qui la saisit sans qu'elle l'avoue, étreint le spectateur. Il lui faudra compter sur un cœœur aussi immense que celui de l'idiot Germain pour trouver le salut. Le mélange de tons, de rire fissuré et de douleur souriante, finit par faire mouche. La Tête en friche reste un film à la fois simple, à l'image son protagoniste, et un divertissement suffisamment goûteux pour nous séduire.

3,5sur5

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 11:12

24 02

24 heures chrono vient de baisser le rideau après dix années de bons et loyaux services. La série la plus explosive de la décennie 2000 s'est achevée le 24 mai dernier, au terme de 8 saisons, bâties sur le principe dramatique de l'action en temps réel. Un procédé révolutionnaire, car jamais osé sur une durée aussi grande que celle d'un show télévisuel. 24 heures, 24 épisodes, tel était le pari délirant de cette série lancée le 6 novembre 2001 par Joel Surnow et Robert Cochran, dans la quasi simultanéité des événements tragiques du 11 septembre. Un pari renouvelé huit fois. Autant dire qu'il s'agit d'une entreprise hors normes, une construction scénaristique parmi les plus spectaculaires jamais proposées sur le petit écran.

Complot mortel contre le Président des États-Unis, menaces nucléaires, armes biologiques, assassinats en tous genres, soulèvements de dictateurs... 24 heures chrono construit ses intrigues sur les dangers et les angoisses les plus profonds de notre temps, en phase avec une actualité géopolitique souvent tendue, sinon explosive. Qu'est-ce qui différencie ce show d'un journal de 20h ? Un déploiement dramatique colossal, qui s'empare des soubresauts de l'actualité pour les jeter dans un bouillonnant canevas d'action, de suspense, d'horreur et d'émotions. Mais aussi, et surtout, une subjectivité incandescente, une puissance critique souvent audacieuse reposant sur le regard et les épaules de son personnage principal, devenu une véritable icône télévisuelle : Jack Bauer, agent de la Cellule anti-terroriste de Los Angeles, magistralement interprété par le comédien Kiefer Sutherland (L'Expérience interdite, Young Guns, Mirrors...). Outre son statut d'homme d'action absolu, Bauer incarne à lui seul la mauvaise conscience d'une Amérique rongée par ses pires démons. Le grain de sable dans les rouages trompeurs et pourrissants d'un système politique aussi arrogant que monstrueusement idéaliste. Un bad guy d'anthologie pour qui la fin justifie toujours les moyens, défenseur inébranlable de la notion de justice. Jack Bauer est une incarnation paradoxale du bien le plus absolu, n'hésitant jamais à recourir à la torture ou au meurtre pour la protection de ses concitoyens. Son éthique ? Sauvée par le contexte. Ses victimes sont toujours des terroristes pris sur le fait ou ayant la claire intention de nuire, des responsables d'assassinats, ou des criminels de guerre. Ce qui ne l'empêche pas de commettre parfois des actes moins justifiables, mus par des motivations personnelles (histoire de vengeance dans la saison 8). Les zones d'ombre du personnage, indissociables de ses exploits les plus admirables, lui donnent une épaisseur humaine terriblement crédible, attachante. Louables pour les uns, blâmables pour les autres, ses agissements reflètent à une échelle individuelle ceux du gouvernement américain, toujours ambigus, les bonnes actions engendrant simultanément des conséquences positives et négatives, les mauvaises actions également. D'où la confrontation de Jack, comme des dirigeants politiques, à  des  dilemmes  insolubles : sacrifier dix mille citoyens pour en sauver des millions, taire une horrible vérité pour le bien de tous, devoir éliminer une menace alors que cette menace est une personne proche... Ignorant la notion même de manichéisme, 24 heures chrono bouscule en permanence la morale de son spectateur en le confrontant aux situations les plus extrêmes.

La série n'étant cependant pas philosophique, sa dimension subversive s'élabore dans l'action pure. Les problèmes éthiques se posent toujours dans l'urgence la plus affolante, à travers les choix des personnages, les actes qu'ils commettent et leurs conséquences immédiates. L'unité de temps adoptée par chaque saison installe une situation de crise à résoudre. Chaque épisode apporte ou détruit les éléments successifs de cette résolution, sur trois échelles inséparables : celle de Jack, celle de la Cellule anti-terroriste, celle de la Présidence américaine. Les décisions ou les actions commises à chacune de ces échelles font avancer ou reculer la résolution de la crise, tout en posant des questions éthiques différentes : Jack incarne une conscience individuelle (instinct de survie, protection de la famille), la CTU une conscience collective, celle d'un groupe ayant pour mission de déjouer les menaces terroristes, la Présidence une conscience plus complexe, car elle se doit d'être universelle en s'incarnant dans une seule personne, responsable de tous. Bien sûr, ces trois niveaux de conscience face aux problèmes éthiques (comment agir au mieux) finissent toujours par s'entremêler, Jack Bauer influençant souvent très directement des choix présidentiels, ou bien le gouvernement prenant parfois le contrôle de la CTU. Toujours est-il que la série pose toujours ses questions morales par l'action, évitant l'ennui d'une réflexion trop cérébrale ou contemplative : Jack ne délibère jamais, ce sont ses actes (torture, fusillades, poursuites...) qui font avancer le récit ; la CTU orchestre les enquêtes, la Présidence discute des choix possibles dans le cadre systématique d'une situation bien concrète (personnalité politique en danger de mort, ultimatum lancé par un groupe terroriste, chantages, tentatives d'attentats...).

24 01

Le prodigieux canevas dramatique de 24 heures chrono se révèle d'une redoutable efficacité car il ne répond qu'aux lois de l'action et du suspense, c'est-à-dire des exigences purement feuilletonesques. Mais la série transcende littéralement les règles du feuilleton par le traitement explosif d'une temporalité immuable : quelle que soit la nature de la crise, Jack Bauer ne dispose que d'un jour pour la résoudre. Le principe relève de la folie -– il se passe plus d'incidents politiques en 24 heures dans la série que pendant toute une année dans notre réalité -– mais il faut reconnaître que c'est une indéniable garantie de tension et de nervosité permanente. Le suspense, s'il est constant, culmine à chaque fin d'épisode à travers un coup de théâtre, une révélation inattendue, ou bien une scène inachevée particulièrement tendue. Un moyen imparable de scotcher le spectateur à son fauteuil et de le fidéliser. D'autant plus que les twists sont légions dans 24 heures chrono, et particulièrement diaboliques. Fausses identités, fausses pistes, taupes en tous genres, des traîtres qui en couvrent d'autres... les intrigues et leurs rebondissements ahurissants impressionnent en même temps qu'ils nous maintiennent en haleine. Chaque saison est en quelque sorte une prise d'otage de ses spectateurs, délicieusement condamnés à la suivre jusqu'à son dénouement. Un dénouement qui souvent prend la forme d'un twist annonçant la saison suivante. Les scénaristes ont pu ainsi réaliser l'exploit de captiver leur public pendant près d'une décennie.

Mais 24 heures chrono a surtout su gagner cette adhésion en offrant une galerie de personnages formidablement attachants. Reposant presque entièrement sur les épaules de Jack Bauer, grâce à la performance fébrile, rageuse et parfois bouleversante de Kiefer Sutherland, la série présente une foule de figures inoubliables. Parmi les plus connues, Nina Meyers (incarnée par Sarah Clarke), traîtresse d'anthologie, dont la présence maléfique hante les trois premières saisons. Une garce de légende à la perversité sans bornes, dont Jack aura bien du mal à se débarrasser. Chloe O'Brian (Mary Lynn Rajskub), analyste de génie au service de la CTU, aussi agaçante qu'indispensable, marque profondément les mémoires par l'amitié et la loyauté magnifiques qu'elle témoigne à Jack pendant six saisons (avec ses 125 apparitions, elle est le deuxième personnage le plus récurrent après Bauer). Le Président David Palmer (incarné par le colossal Dennis Haysbert) s'impose par les idéaux qu'il incarne, son charisme et son émouvante foi en Jack. Le Président Charles Logan (incarné par Gregory Itzin) installe sur plusieurs saisons une atmosphère empoisonnée par son caractère incroyablement retors. Le personnage de Tony Almeida (incarné par le ténébreux Carlos Bernard) restera dans les annales pour l'ambiguïté permanente de ses positions, basculant d'un camp à l'autre sans crier gare, au moment où l'on s'y attend le moins. Quelques autres figures restent mémorables : Sherry Palmer (Penny Johnson Jerald), épouse de David, pour sa sournoiserie légendaire, George Mason (Xander Berkeley), directeur de la CTU, pour son bouleversant sacrifice dans la saison 2, le garde du corps Aaron Pierce (Glenn Morshower) pour son dévouement héroïque à David Palmer. Des guest stars viennent pimenter un remarquable casting, tels que Michael Madsen (saison 8), Jon Voigt (saison 7), Peter Weller (saison 5), Sean Astin (saison 5), Powers Boothe (saison 6), William Devane (saisons 4, 5, 6), Freddy Prince Jr. (saison 8), mais aussi d'illustres débutants (Zachary Quinto, dans la saison 3, par exemple) et de courageux comédiens engagés pour incarner des personnages de terroristes proprement cauchemardesques.

Car 24 heures chrono est aussi une série courageuse, jugée à tort comme pro-américaine, qui a osé traiter frontalement le fléau terroriste, qu'il soit islamique, russe, africain, est-européen, ou carrément occidental. N'épargnant rien ni personne, les scénarios vont ainsi jusqu'à mettre en scène la participation honteuse du gouvernement américain dans la plupart des attaques terroristes dirigés contre sa propre nation. Les gendarmes du monde se saignent eux-mêmes pour justifier leurs actes interventionnistes au Moyen-Orient, comme dans toutes les poudrières du monde. Telle est la morale acerbe de 24 heures chrono, qui renvoie dos à dos les systèmes politiques d'Amérique et d'ailleurs, dans leur désir aveugle de domination. Le personnage de Jack Bauer n'est finalement qu'un révélateur de la barbarie universelle, une barbarie contre laquelle il devient peu à peu impuissant, réalisant que les institutions de son pays ont fait de lui un monstre. Jusqu'au retournement final de la dernière saison...

5sur5


Pour finir par un hommage souriant à cette série culte, en attendant le long-métrage conclusif dans nos salles de cinéma, voici un portrait un peu particulier de Jack Bauer, personnage ô combien attachant alors que rien ne paraît plus difficile que de s'identifier à lui : son métier est mortellement dangereux, ses amis ont tendance à tomber comme des mouches, sa maîtresse a flingué sa femme, il a flingué sa maîtresse, sa fille est accro aux enlèvements et quand il peut enfin la voir c'est lui qui disparaît, ses collègues de travail le craignent comme le dieu Ares, ses patrons se sacrifient pour lui (ministres et Présidents compris), ses ennemis se comptent en milliards depuis qu'il a attaqué une ambassade chinoise à Los Angeles, il a déjà botté le cul d'un Président américain en fonction, il résout TOUT en 24 heures, il n'est pas humain au sens biologique du terme (il ne boit pas, ne mange pas, ne dort pas, n'a aucun besoin naturel, il ne rit jamais), les seuls films qu'il voit sont des snuff movies diffusés sur le net par des terroristes, il ne regarde jamais les infos puisqu'il les crée, il ne se drogue jamais même quand il est accro à l'héroïne, il ne bronze que sous la lumière des champignons atomiques, ses seules vacances se sont déroulées pendant un break de 2 ans à l'ombre des geôles chinoises, sa belle-sœœur le désire, son père est un génie du mal, son père assassine son frère, il n'a pas de mère, il torture son propre frère (avec un sac plastique, la grande classe), son frère est l'assassin de ses meilleurs amis, il a ressuscité 3 fois, la seule vraie famille qu'il ait jamais eue était une couverture quand il devait se faire passer pour mort.        

Et en bonus, voici quelques « Jack Bauer facts » glanés sur le net :

1) La municipalité de Los Angeles avait baptisé l'une de ses rues « Jack Bauer », en remerciement de ses bons et loyaux services. Le nom a rapidement été supprimé en raison de la très forte mortalité qui régnait dans cette rue : personne ne passe par Jack Bauer sans mourir...

2) Si Jack Bauer était enfermé avec Hitler, Staline et Nina Myers avec seulement deux balles dans son flingue, il tirerait sur Nina. Deux fois...

3) Quand Jack Bauer a appris que Kiefer Sutherland jouait son rôle dans une série TV, Kiefer Sutherland est mort. Personne ne joue Jack Bauer.

4) Si tous les personnages suivaient les instructions de Jack Bauer, la série s'intitulerait 12 heures chrono.

5) Une fois, Jack a oublié l'endroit où il avait laissé ses clés. Il s'est auto-torturé pendant une bonne demi-heure avant de les retrouver.

6) Pour endiguer l'immigration clandestine mexicaine, Obama aurait pour projet de placarder de gigantesques portraits de Jack Bauer le long de la frontière.

7) Jack ne croit pas à la loi de Murphy, seulement à la sienne : « Quoiqu'il puisse arriver de mauvais, on peut le résoudre en 24 heures. »

8) 1,6 milliards de Chinois veulent la mort de Jack Bauer. Un rapport de force relativement équilibré...

9) Il n'y a plus un seul attentat terroriste sur le sol américain depuis que Jack Bauer est apparu sur le petit écran.

10) Quand Kim Bauer a perdu sa virginité, son père l'a retrouvée et lui a rapportée.

11) Jack Bauer peut jouer à la roulette russe avec un chargeur plein et gagner.

12) Jack Bauer n'a jamais été accro à l'héroïne, c'est l'héroïne qui était accro à lui.

13) Se faire flinguer ne tue pas Jack Bauer... ça le rend furieux.

14) Jack Bauer ne parle aucune langue étrangère, il peut faire apprendre l'américain à n'importe quel étranger en quelques minutes, flingue en main.

15) La naissance de Kim était un accident : aucune pilule n'arrête Jack Bauer.

16) Jack Bauer a déjà donné une conférence à Harvard : « Organiser son temps, ou comment tirer le meilleur profit d'une journée. »

17) Après sa mort, il a fallu trois jours au Christ pour ressusciter. Avec Jack Bauer, ça ne prend pas plus d'une heure. Et ça lui est arrivé plusieurs fois.

18) Si Jack Bauer vous tue pendant une partie de chasse, ce n'est pas un accident.

19) Une fois, Jack Bauer a appelé le Vice-Président « Monsieur le Président ». Il a tué le Président. Jack Bauer ne se trompe jamais.

20) Chase Edmunds a dû attendre patiemment la mort naturelle de Jack Bauer avant de pouvoir baiser Kim.

21) Si Jack Bauer passe un portail de sécurité dans un aéroport et que ça ne sonne pas, le personnel lui file vite un flingue.

22) Jack est mort pour son pays...

23) ... et il a survécu pour pouvoir le raconter.

24) Si vous braquez un flingue sur la tempe de Jack Bauer, ne comptez pas jusqu'à 3 mais jusqu'à 10. Ca vous laissera 7 secondes de plus à vivre.

 


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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 07:03

infectés

Après le mollasson Livre d'Eli, le film post-apocalyptique américain revient avec une série B tout aussi flemmarde : Infectés, d'Alex et David Pastor. Soit le périple de deux frères, accompagnés de leurs copines respectives, à travers une Amérique désertique, ravagée par un virus mortel. L'intrigue ne nous épargne aucun des clichés déjà maintes fois éculés par d'autres films du genre : l'infection progressive des protagonistes, qui le gardent bien pour eux histoire de ne pas se voir séparés du groupe, les pseudo-scientifiques méchants, l'hostilité prononcée des rares survivants de l'humanité, les scènes de déserts, les escales qui se terminent toujours par un départ précipité... Autant de poncifs compilés, soigneusement alignés, sans le moindre désir d'innovation, par une mise en scène et des cadrages académiques. Les acteurs ne donnent que le strict minimum en matière de psychologie de survival. C'est à peine si Chris Pine (le capitaine Kirk du Star Trek d'Abrams) sort son épingle du jeu, juste un peu plus concerné et torturé que les trois autres.

À force de bourriner dans le déjà-vu, Infectés désamorce dramatiquement le semblant de tension qu'il instaure lors de ses séquences initiales, pour se terminer sur un dénouement où le mélo l'emporte sur l'horreur, où la guimauve sentimentale engloutit toute âpreté. Envisager l'avenir des derniers survivants dépasse l'entendement des scénaristes ? Tant pis, on balance quelques images nostalgiques de l'enfance des deux frères pour bâcler le film, les spectateurs n'y verront pas d'inconvénient, ils ont eu leur dose de sensations fortes... Sauf qu'une fois le générique balancé, on les cherche encore désespérément ces fameuses sensations. Lorsqu'on décide de réaliser un survival, il y a quand même certains codes à respecter, en évitant bien sûr de sombrer dans une bouillie indigeste de lieux communs, si l'on est malin et que l'on respecte un tant soit peu son public. L'immersion du spectateur est une notion de plus en plus ignorée par le cinéma américain. Et la modestie du budget n'est pas une excuse ! S'il y a bien une chose à blâmer dans Infectés, c'est le manque total d'inventivité de ses deux réalisateurs, la paresse éhontée de son équipe de production. Leur film se fera oublier sans peine, dans le tout-venant cinématographique des mois à venir.

0,5sur5

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 05:24

Le monde du cinéma vient de perdre un grand nom. Dennis Hopper a marqué le paysage hollywoodien, pendant près de 60 ans, par sa présence électrisante. Afin de rendre hommage à cet immense comédien, quelques arrêts sur image pour garder en mémoire ses mille et un visages.

 

1955 : La Fureur de vivre (Rebel Without a Cause), de Nicholas Ray.

1955 la fureur de vivre

1956 : Géant (Giant), de George Stevens.

1956 - géant

1969 : Easy Rider. Dennis Hopper adopte pour la première fois la double casquette d'acteur et de réalisateur.

1969 - easy rider

1977 : L'Ami américain (Der Amerikanische Freund), de Wim Wenders.

1977 - l'ami americain

1979 : Apocalypse Now, de Francis Ford Coppola.

1979 - apocalypse now

1983 : Rusty James (Rumble Fish), de Francis Ford Coppola.

1983 - rumble fish

1986 : Blue Velvet, de David Lynch.

1986 - blue velvet

1991 : The Indian Runner, de Sean Penn.

1991 - the indian runner

1993 : True Romance, de Tony Scott.

1993 - true romance

1994 : Speed, de Jan de Bont.

1994 - speed

1995 : Waterworld, de Kevin Reynolds.

1995 - waterworld

2001 : 24 heures chrono, saison 1.

2001 - 24

2005 : Le Territoire des morts (Land of the Dead), de George A. Romero.

2005 - le territoire des morts

2010 : Alpha and Omega, de Anthony Bell et Ben Gluck.

2010 - alpha and omega

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 10:48

01

Chef opérateur, décorateur et publiciste devenu l'un des réalisateurs les plus brillants de sa génération, le britannique Ridley Scott reste sans aucun doute le meilleur « œœil » d'Hollywood. Retour sur une carrière de près de 40 ans, où la beauté visuelle côtoie la plus grande diversité de genres. L'œœuvre d'un cinéaste qui a toujours défendu sa liberté de création et son statut d'auteur, qui a toujours su filmer les femmes comme personne, en leur donnant des rôles forts, de premier plan.


1965 : Boy and Bicycle (court-métrage). Un premier « film », en noir et blanc, mettant en scène son frère, Tony. L'errance d'un jeune homme à vélo, dans une ville en bord de mer. Le jeune Ridley montre déjà à quel point il est un exceptionnel bâtisseur d'espace, travaillant ses perspectives et ses profondeurs de champs avec une minutie incroyable. Disponible en bonus du DVD des Duellistes.

02

1977 : Les Duellistes (The Duellists). Avec Harvey Keitel et Keith Carradine. Premier long métrage de Ridley Scott. Prix du Jury de la première œuvre à Cannes en 1977. Superbe film en costumes, narrant le combat acharné et absurde qui oppose deux lieutenants de la cavalerie napoléonienne. Les images, nimbées d'une lumière magnifique, sont composées comme des tableaux, en hommage à Barry Lyndon de Kubrick. L'interprétation de Harvey Keitel est inoubliable.

03

1979 : spot publicitaire Chanel n°5 « Share the fantasy ». Avec Carole Bouquet. Ridley Scott renoue avec la publicité. D'après ses dires, il aurait réalisé environ 2000 spots publicitaires au cours de sa carrière.

04

1979 : Alien, le huitième passager (Alien). Avec Sigourney Weaver, Ian Holm, John Hurt, Tom Skerritt, Harry Dean Stanton. Le cinéaste fait appel à Moebius et Giger, deux illustrateurs qu'il admire, pour donner vie à l'un des fleurons de la SF et du film d'horreur. Succès colossal à l'échelle planétaire, passé à la postérité. Un film culte qui a conservé toute sa puissance de terreur. L'héroïne de ce survival est une femme, qui deviendra une icône de la science-fiction.

05

1982 : Blade Runner. Avec Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, Darryl Hannah, Edward James Olmos. Chef-d'œœuvre à la croisée du film noir et de la SF, adapté d'un roman de Philip K. Dick. Une fresque futuriste qui a connu un destin tumultueux, avec pas moins de 5 versions, aujourd'hui disponibles dans un magnifique coffret DVD édité en 2007 par Warner. Le final cut est la version préférée du cinéaste, supervisée par lui-même, celle qui correspond le plus à la vision qu'il avait eu de son film au moment de la réalisation. L'androïde Rachel rappelle la silhouette des femmes fatales dans les films noirs des années 40.

06

1984 : spot publicitaire pour la marque Apple, « 1984 ». Publicité très esthétique croisant l'imaginaire pessimiste de George Orwell (1984) et des images encore imprégnées de la beauté noire de Blade Runner.

07

1985 : Legend. Avec Tom Cruise, Mia Sara, Tim Curry, David Bennent. Un conte au scénario convenu mais plaisant, aux images renversantes de beauté. Une fresque de fantasy encore inégalée sur le plan esthétique, mettant en scène le démon le plus magnifique et le plus effrayant de l'histoire du cinéma. A voir dans sa version director's cut, disponible en DVD zone 1, la version européenne que nous connaissons étant scandaleusement amputée d'une trentaine de minutes indispensables.

09

1987 : Traquée (Someone to Watch Over Me). Avec Mimi Rogers, Tom Berenger. Considéré comme mineur dans la filmographie de Ridley Scott. Le cinéaste explore un genre encore nouveau pour lui, celui du thriller. L'histoire d'un garde du corps tombant amoureux de la riche New-Yorkaise menacée de mort qu'il doit protéger. Si l'interprétation est un peu plate, les ambiances sont hypnotiques, les images très belles, comme toujours, nimbées de la pâleur bleutée si chère à Scott.

10

1989 : Black Rain. Avec Michael Douglas, Andy Garcia. Deuxième thriller / policier dans la carrière de Scott. S'il a beaucoup vieilli, le film reste fascinant par la peinture oppressante qu'il donne de la grande ville japonaise, très proche du Los Angeles de Blade Runner. Quelques scènes choc (dont la décapitation de Andy Garcia par un gang de Yakusa), des ambiances glacées et une interprétation incroyablement désabusée de Michael Douglas.

11

1991 : Thelma & Louise. Avec Susan Sarandon, Geena Davis, Harvey Keitel, Michael Madsen, Brad Pitt. Changement de genre et d'univers esthétique pour Ridley Scott, qui s'attaque au road-movie solaire. Le destin tragique de deux femmes pourchassées à travers plusieurs États américains pour avoir tué un homme. Un film acclamé par les mouvements féministes pour la tendresse qu'il témoigne envers ses deux protagonistes, mais surtout le geste de liberté absolue qu'il leur accorde lors du dénouement. L'interprétation de Susan Sarandon et de Geena Davis est affolante d'intensité et de naturel. Brad Pitt fait une apparition mémorable dans un de ses tout premiers rôles, tandis que Harvey Keitel retrouve Scott pour la deuxième fois, 15 ans après Les Duellistes.

12

1992 : 1492, Christophe Colomb (1492, Conquest of Paradise). Avec Gérard Depardieu, Armand Assante, Sigourney Weaver, Tchéky Karyo, Fernando Rey. Scott signe une fresque historique flamboyante, aux tableaux inoubliables. La superbe musique de Vangelis donne aux images un relief à la fois épique et hypnotique. Sigourney Weaver incarne la reine Isabelle de Castille, 13 ans après avoir prêté ses traits à Ripley sous la caméra de Scott.

13

1995 : création, avec son frère Tony, de la société de production indépendante Scott Free. Outre leurs propres films, les frères Scott ont pu financer grâce à leur société un nombre déjà considérable de longs métrages et de séries TV : Dragon Rouge (Brett Ratner), Numb3rs (TV), In Her Shoes (Curtis Hanson), The Company (TV), L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (Andrew Dominik)...

 

1996 : Lame de fond (White Squall). Avec Jeff Bridges, Caroline Goodall, John Savage. Un bon film d'aventures en mer, plombé par le cabotinage de Jeff Bridges et le plagiat sirupeux du dénouement du Cercle des poètes disparus. L'océan a rarement été aussi beau que sous l'objectif aguerri de Scott. La scène de tempête qui donne son titre au film est un morceau de bravoure aux effets spéciaux aussi hallucinants qu'effrayants. A noter : la présence du tout jeune Jeremy Sisto (l'interprète de Billy, le frère de Brenda dans Six Feet Under), déjà dans un rôle de grand malade, son personnage mutilant un dauphin sans raison apparente.

14

1997 : À armes égales (G.I. Jane). Avec Demi Moore, Viggo Mortensen, Anne Bancroft. Film militaire un peu ronflant, qui vaut surtout pour l'impressionnant portrait de femme qu'il propose. Une battante inébranlable décidée à prouver sa valeur dans un monde exclusivement masculin. Demi Moore s'est tellement impliquée dans son rôle qu'elle n'a pas hésité à se raser le crâne. 15 années plus tard, sa tête nue nous hante encore.

15

2000 : Gladiator. Avec Russell Crowe, Joaquin Phoenix, Connie Nielsen, Richard Harris. Ridley Scott réinvente littéralement le péplum avec une rageuse histoire de vengeance au cœœur de la Rome Antique. Reconstitution historique impressionnante de grandeur, brutalité des séquences de combats, bouleversante tragédie du dénouement, musique inoubliable de Hans Zimmer et de Lisa Gerrard. Russell Crowe et Joaquin Phoenix crèvent littéralement l'écran. En la chargeant de ses thèmes angoissés, Scott signe une fresque profondément personnelle et universellement touchante. La version longue offre quelques développements passionnants.

16

2001 : Hannibal. Avec Anthony Hopkins, Julianne Moore, Gary Oldman, Ray Liotta. Suite du Silence des agneaux de Jonathan Demme, narrant les sanglants méfaits de Hannibal Lecter. Ridley Scott, qu'on sent freiné par une équipe de production frileuse, ne parvient pas à atteindre l'aura dévastatrice de son prédécesseur. Il parvient tout de même à instaurer une atmosphère étouffante. L'horreur culmine lors de scènes macabres insoutenables, comme une pendaison par les boyaux ou la dégustation par Ray Liotta de sa propre cervelle, cuisinée par Lecter.

17

2002 : La Chute du Faucon noir (Black Hawk Down). Avec Josh Hartnett, Ewan McGregor, Tom Sizemore, Eric Bana, Orlando Bloom. Un film de guerre sous-estimé, bien plus impressionnant que les récents Démineurs ou Green Zone. Ridley Scott nous entraîne dans un cauchemar de plus de deux heures dans un décor de mort absolument terrifiant, nid de guêpes urbain crachant tel un dragon monstrueux des gerbes ininterrompues de poussière et de feu. Scotchant.

18

2003 : Les Associés (Matchstick Men). Un film totalement méconnu, mais jubilatoire, où un arnaqueur atteint de TOC (Nicolas Cage déchaîné et touchant) prépare le plus gros coup de sa carrière avec son associé et sa fille de quatorze ans (mignonne Alison Lohman), dont il vient de découvrir l'existence. Une comédie truffée de faux-semblants, aux images très léchées, au twist final épatant. À découvrir !

19

2005 : Kingdom of Heaven. Avec Orlando Bloom, Eva Green, Jeremy Irons, David Thewlis, Brendan Gleeson, Liam Neeson. Une fresque médiévale dans la Jérusalem du XIIème siècle à voir obligatoirement dans sa version longue, enrichie de 42 minutes cruciales. Plus spirituel que spectaculaire, Kingdom of Heaven surprend par ses fulgurances esthétiques, son rythme envoûtant et l'interprétation bouleversante d'Eva Green. Orlando Bloom paraît bien terne à côté d'elle. À noter : c'est Edward Norton qui incarne Baudouin IV, le roi lépreux au masque d'argent. Il demanda personnellement à Ridley Scott de lui confier ce rôle, dont on ne voit jamais le visage, tout en refusant que son nom apparaisse parmi ceux des stars du film au générique. Sa participation au casting est un pur désir de jeu. Un fait trop rare pour ne pas être souligné. D'autant plus qu'il s'agit d'un rôle inoubliable.

20

2006 : Une Grande Année (A Good Year). Avec Russell Crowe, Marion Cotillard, Tom Hollander, Freddie Highmore. Impitoyablement descendue en flèche par la critique, une comédie romantique légère, souriante, sans aucune prétention. On lui a reproché son avalanche de clichés sur la France, alors qu'on peut déceler une réelle tendresse du cinéaste pour ces lieux communs. On a raillé le côté « carte postale » des paysages, alors que le travail minutieux de la photographie et de la composition du cadre est palpable à chaque plan. Le film a été tourné dans le chaleureux Lubéron, où Ridley Scott possède d'ailleurs une magnifique propriété. Savoureuse et insolite confrontation de Russell Crowe et de Didier Bourdon.

21 a good year

2007 : American Gangster. Avec Russel Crowe, Denzel Washington, Chiwetel Ejidfor, Cuba Gooding Jr., Josh Brolin, Armand Assante. Une fresque de gangsters sous-estimée, offrant une vision saisissante du pourrissement de la société américaine pendant la Guerre du Vietnam. Denzel Washington impressionne par sa présence iconique. La mise en scène, ample et rigoureuse, est ponctuée de quelques morceaux d'anthologie, dont une exécution au flingue en pleine rue, d'une insolente décontraction.

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2008 : Mensonges d'État (Body of Lies). Avec Leonardo DiCaprio, Russell Crowe, Mark Strong. Un thriller géo-politique fascinant et tendu à craquer, donnant lieu à une réflexion vertigineuse sur le pouvoir des images, à l'heure de leur démultiplication délirante et de l'omnipotence des satellites. Magistrale ironie d'un scénario dont les personnages sont constamment soumis à un regard sans jamais être réellement vus. Quand on finit par ne plus voir les autres, c'est la mort. La métaphore de l'aveuglement des sociétés occidentales rejoint ici la symbolique de l'œœil, initiée 25 ans plus tôt par Blade Runner. Chez Scott, la vue et la vie se confondent. Je vois donc je suis. Je filme donc je vis. Tel est le crédo de ce cinéaste visionnaire.

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2010 : Robin des Bois (Robin Hood). Avec Russell Crowe, Cate Blanchett, Mark Strong, Max Von Sydow. Une fresque épique audacieuse, qui explore l'histoire de l'archer le plus célèbre du cinéma, avant sa légende de justicier au grand cœœur. Un récit âpre et passionnant, superbement interprété, mais malheureusement plombé par un montage trop elliptique déséquilibrant l'ensemble du film. En espérant qu'un director's cut redonnera à ce Robin des Bois l'équilibre et la grandeur qu'il mérite...

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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 19:53

le plan b

Nouveau film d'Alan Poul, co-producteur de la série Six Feet Under et réalisateur de quelques épisodes de Rome. Sorti le 19 mai. Voici 10 bonnes raisons d'éviter le coma diabétique face à cette catastrophe niaiseuse :

1) Le kitsch poussif du générique et des premières séquences

2) Le cabotinage désastreux de Jennifer Lopez, qui n'est décidément pas une actrice

3) L'avalanche franchement indigeste de clichés sur la maternité

4) Le ridicule des scènes soi-disant humoristiques

5) L'ineptie abyssale des dialogues, neuneus à souhait

6) Le dénouement incroyablement sirupeux

7) La platitude visuelle de l'ensemble

8) Le grotesque de scènes trash ratées

9) La fadeur des seconds rôles

10) Le gouffre de non-intérêt cinématographique que représente le film

En bref : L'histoire d'amour indigente et franchement inutile entre une bimbo enceinte vendeuse de chiens et un cul-terreux fabriquant de fromage. Quelle sera la prochaine étape dans la course au crétinisme ? Paris Hilton se tapant un Amish ? Revoyons plutôt  Rome et Six Feet Under, c'est bien moins dangereux pour les neurones.

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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 06:47

bladerunnerfly

Film maudit, incompris, Blade Runner a toujours eu le plus grand mal à trouver sa place dans le paysage cinématographique hollywoodien. Échec cuisant lors de sa sortie en salles, en 1982, mais désormais considéré comme un classique de la science-fiction, ce troisième long-métrage de Ridley Scott, souffre depuis sa conception d'un statut contradictoire : film d'auteur esthétique aux accents métaphysiques pour son réalisateur, authentique blockbuster destiné à récolter un maximum d'entrées en salles pour ses producteurs. La tension qui entoure l'élaboration de Blade Runner s'explique d'abord par le contexte cinématographique du début des années 1980.

La sortie triomphale des premiers épisodes de la saga Star Wars, créée par George Lucas (La Guerre des étoiles, 1977 ; L'Empire contre-attaque, 1980), transforme profondément le genre de la science-fiction en le rendant lucratif et populaire. Désormais ouverte au spectaculaire et adressée à un public de plus en plus jeune, la science-fiction s'éloigne des codes esthétiques que lui avait imposés Stanley Kubrick avec 2001 : l'Odyssée de l'espace, en 1968, film de référence pour Ridley Scott. Assoiffé d'évasion, ébloui par La Guerre des étoiles, le public américain de 1980 réclame du space opera : Robert Wise se plie à l'exercice avec son adaptation filmique de la série Star Trek (Star Trek, le film, 1979), Disney remplit les salles avec Le Trou noir (1980), David Lynch avec Dune, en 1984.

Blade Runner sort en juin 1982 aux États-Unis, au milieu d'une vague de space operas destinés au grand public. A l'instar de 1941 (Steven Spielberg, 1979) ou La Porte du paradis (Michael Cimino, 1980), films d'auteur dotés de budgets colossaux, la fresque ambitieuse de Ridley Scott connaît un échec cuisant et immédiat. Ses paysages urbains noirs et pluvieux, ses personnages torturés, sa violence et son pessimisme déplaisent profondément aux spectateurs, qui préfèrent se consoler du côté de E.T. l'extra-terrestre (Steven Spielberg, 1982). Mais l'échec de 1941 et de La Porte du paradis avait attisé la méfiance des financiers de Blade Runner avant même son tournage. Les deux co-producteurs, Jerry Perenchio et Bud Yorkin, contactés par le producteur Michael Deeley pour obtenir des fonds supplémentaires, s'opposent violemment à Ridley Scott, perfectionniste, désireux de livrer une œœuvre personnelle, artistiquement très aboutie. Habitué, en effet, à une grande liberté de création sur ses deux premiers films (Les Duellistes, 1977, et Alien, 1979), qu'il a réalisés en Angleterre, Scott ne connait pas les rouages du système hollywoodien quand Deeley lui confie la réalisation de son nouveau projet, l'adaptation d'un roman de science-fiction de Philip K. Dick, Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, rebaptisé pour cette occasion Dangerous Days puis Blade Runner, en référence au titre d'un roman de William S. Burroughs (Blade Runner : a movie, 1979).

Lorsque le cinéaste est contacté, pendant la post-production de Alien, le projet Blade Runner est déjà bien avancé, l'auteur Hampton Fancher ayant déjà proposé plusieurs scénarios à Michael Deeley, son ami producteur. Ridley Scott refuse dans un premier temps, guère convaincu par le dernier script de Fancher, qu'il juge trop littéraire, trop romantique. Abandonnant le tournage de Dune (qui sera repris par David Lynch), à cause de la mort de son frère aîné, Scott souhaite néanmoins se remettre au travail au plus vite. Il finit par accepter l'offre de Deeley, à condition que le scénario soit entièrement réécrit sous sa supervision. Officiellement engagé le 21 février 1980, le cinéaste ne s'entend guère avec Hampton Fancher, qui ne supporte pas l'idée de voir son travail de scénariste remis en question et qui n'en finit pas de proposer des versions à peine remaniées de son script. À seulement douze semaines de la date du tournage, Ridley Scott ne dispose toujours pas d'un scénario qui lui convienne. Un nouvel auteur, David Peoples (futur auteur de L'Armée des 12 singes) est alors contacté pour remplacer Fancher et retravailler dans l'urgence le script de Blade Runner, de concert avec Scott. Respectant à la lettre les volontés du réalisateur, il ne garde que les meilleures scènes de la version de Fancher, procède à des coupes majeures, réécrit presque entièrement les dialogues, multiplie les indications sur l'univers visuel du film. Fancher avait imaginé un film d'acteurs presque entièrement en intérieur, Scott et People l'extériorisent. Selon Deeley, le travail de Fancher était élégant, mais ne suffisait pas à faire un film. Peoples se montre plus direct, plus efficace que son prédécesseur, parfaitement en phase avec les idées visuelles de Scott, il fait ce qu'on lui demande. Si Fancher parle encore avec une certaine amertume de son éviction du poste de scénariste, il s'est désormais résolu à reconnaître l'importance du travail de réécriture de Peoples, qui a réellement permis à Blade Runner de voir le jour, donnant à son intrigue sa forme définitive.

Si son générique présente Blade Runner comme une adaptation du roman de Philip K. Dick de 1968, Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, il serait plus juste de parler de libre adaptation. Le travail de scénarisation effectué par Hampton Fancher, puis David Peoples sous la direction de Ridley Scott, a progressivement dépouillé l'intrigue de ses éléments les plus abstraits, les plus mystiques (pratique du Mercerisme, religion basée sur l'empathie collective, utilisation de l'orgue d'humeur, machine destinée à réguler la personnalité et l'humeur de son possesseur...), pour n'en garder que la trame policière principale. À Los Angeles, en 2019 (San Francisco, 1992, chez K. Dick), Rick Deckard est un « blade runner », un policier spécialisé dans la traque et l'exécution d'androïdes, appelés répliquants, semblables en tous points aux humains, à ceci près qu'ils sont plus endurants, plus forts et pourvus d'une durée de vie limitée à quatre ans. Son chef de brigade, le capitaine Bryant, le contacte alors qu'il vient tout juste de prendre sa retraite. Il le charge de retrouver et de supprimer un groupe de répliquants revenus sur terre après s'être échappés d'une colonie spatiale, où ils étaient affectés. Deckard s'acquitte de sa tâche, éliminant un à un les répliquants à travers le brouillard et la pluie pollués de la métropole tentaculaire, pendant que Roy Batty, leur meneur, se lance à la recherche de leur créateur, pour lui réclamer un supplément de vie. Dans sa mission, Deckard rencontre Rachel, un androïde doté d'une mémoire et de sentiments, dont il tombe amoureux. La quête du blade runner s'achève sur le toit d'un immeuble, au bord du vide, sous une pluie battante : Roy Batty sauve Deckard, son limier, d'une chute fatale, avant de s'éteindre doucement sous ses yeux, parvenu au terme de ses quatre ans d'existence.

David Peoples termine l'écriture du scénario peu de temps avant le début du tournage. Les décors sont déjà prêts, le casting est au complet, l'intrigue et son déroulement conviennent enfin à Ridley Scott et à Michael Deeley, qui décident de lancer la production, après avoir réuni tous les fonds nécessaires à son financement. À peine sorti des différends rencontrés avec Hampton Fancher, le cinéaste britannique et son producteur se voient alors immédiatement confrontés à une longue série de problèmes, la plupart provoqués par le perfectionnisme de Scott, très mal vu à Hollywood. Dès le premier jour de tournage, le matin du 9 mars 1981, le réalisateur s'aperçoit que les colonnes du décor (le vaste bureau du Docteur Eldon Tyrell, créateur des répliquants) ont été montées à l'envers.

Scott refuse de tourner avant que l'erreur ne soit réparée. Les décorateurs démontent les colonnes, les remontent dans le bon sens, et après sept heures de travail acharné, le tournage peut enfin commencer. Dès le départ, les prises de vue vont ainsi prendre cinq jours de retard, Scott affichant un pointillisme qui n'est pas du goût de son équipe technique. La production le voit d'un mauvais œœil, s'inquiète de la perte de temps et d'argent que lui fait subir le cinéaste. Scott filme trop, selon Yorkin et Perenchio, épouvantés par le nombre souvent élevé de prises pour un seul plan. Scott, tout comme son acteur Rutger Hauer (l'interprète hollandais de Roy Batty) étant nouveaux à Hollywood, ils rencontrent bien des difficultés d'adaptation. Scott, particulièrement, ne supporte pas d'avoir affaire à des intermédiaires pour la réalisation, il est habitué à être son propre chef-opérateur. Pendant toute la durée du tournage de Blade Runner, il n'aura de cesse d'affirmer son statut d'auteur : malgré le caractère collectif du film, il se revendique comme seul maître à bord, celui qui détient les clés, la vision du film, qui prend tous les risques nécessaires pour concrétiser cette vision. Pour lui, l'équipe technique et les acteurs ne sont qu'à son service. Dans son autobiographie, Deer Hunters, Blade Runners & Blowing the Bloody Doors Off : My Life in Cult Movies, Michael Deeley écrit à propos de la tension qui régnait sur le tournage : « On a l'espoir, le Jour-J, quand la première réplique est prononcée, quand le premier plan est dans la boîte, que tout ira bien, que tout marchera comme sur des roulettes, semaine après semaine, sans problème. Selon la fameuse formule de Ridley, chaque film ressemble à une bataille. Sauf que Blade Runner, c'était la Première et la Deuxième Guerres Mondiales réunies. Je me suis armé de courage pour la plus énorme entreprise de ma carrière. »

BladeRunner-full

Le tournage de Blade Runner devient très vite une véritable épreuve, pour les techniciens comme pour les acteurs. Si Michael Deeley évoque le caractère éprouvant des nombreuses prises nocturnes, dans des décors inondés de pluie artificielle et saturés de fumée, les témoignages des autres participants, recueillis par Charles de Lauzirika dans son documentaire Dangerous Days : Making Blade Runner, rapportent les difficultés imposées par la rigueur du cinéaste. Joanna Cassidy, qui incarne la répliquante Zhora, affirme que « la tension et l'atmosphère qui régnaient étaient palpables. » Douglas Trumbull, superviseur des effets spéciaux (déjà sur 2001 : L'Odyssée de l'espace, de Kubrick, et Star Trek : le film, de Robert Wise) insiste sur l'incompréhension générale qui a toujours entouré le film : « Je ne crois pas que l'équipe comprenait jusqu'où Ridley voulait aller. » Selon le scénariste et co-producteur Hampton Fancher, « tout le monde détestait le chaos qui régnait sur le plateau. Ils ne voulaient plus faire de film après avoir travaillé sur celui-là. » Mais Ridley Scott se défend, animé par une foi inébranlable dans ses méthodes : « Je voulais montrer la beauté, tous les plans devaient être superbes. Mon arme, c'est ma caméra et j'obtiendrai d'elle ce que je veux. Si vous êtes avec moi, tant mieux. Si vous n'êtes pas avec moi, tant pis pour vous. » Harrison Ford, engagé comme acteur principal pour le rôle du blade runner Rick Deckard, sera le premier à pâtir de la manière de travailler du cinéaste. « Ce n'était pas un tournage agréable » confirme-t-il encore aujourd'hui. Il se sent délaissé, accusant Ridley Scott de trop se soucier de ses images, au point d'oublier de le diriger. Une tension grandissante s'installe entre les deux hommes. Néanmoins, l'écrivain Paul M. Sammon, auteur de l'ouvrage Future Noir : The Making of Blade Runner, également interrogé par Lauzirika, ne voit pas leur conflit comme une mauvaise chose vis-à-vis du film, allant même jusqu'à avancer que l'état de tristesse et de fatigue extrême de Harrison Ford sur le plateau s'est finalement révélé favorable à la psychologie de son personnage. Et Scott de se défendre en affirmant que Ford était déjà un comédien professionnel capable de se gérer seul. L'acteur est depuis revenu sur son comportement : « Il y a toujours de la tension avec les grands films ambitieux. »

La tension s'aggrave plus encore entre le réalisateur et son équipe, au fur et à mesure que le tournage avance. Afin d'obtenir l'éclairage idéal pour ses scènes d'extérieur, Ridley Scott privilégie les séances de prises de vues nocturnes. Blade Runner comptera trente-trois nuits complètes de travail. Enchaînant en moyenne quatorze heures quotidiennes de tournage, avec parfois des heures supplémentaires à l'aube, l'équipe technique se retrouve rapidement exténuée, à bout de nerfs. Dans son autobiographie comme dans le documentaire de Lauzirika, Michael Deeley rapporte un épisode de grande tension sur le tournage. Certaines personnes dans l'équipe se sont mises à porter des T-shirts affichant le slogan « Yes Guv'nor ! My ass ! », pour protester contre Scott, en réaction à un article de journal où il affirmait sa satisfaction de tourner avec des techniciens anglais. Scott se rend alors sur le tournage avec un T-shirt affichant « Xenophobia sucks » et un béret affublé de l'insigne « Guv' ». Le matin même de l'incident, les T-shirts « Yes Guv'nor ! My ass ! » disparaissent les uns après les autres. Une joute de tournage révélatrice de la mauvaise intégration des auteurs anglais dans le paysage hollywoodien du début des années 1980.

Comble de la pression, une lettre des avocats de Jerry Perenchio, épouvanté par le dépassement de budget du film (10%), parvient à Michael Deeley juste avant la fin du tournage, annonçant le renvoi de toute l'équipe. La lettre n'aura aucun effet sur Scott, qui restera jusqu'au bout sur le plateau pour achever les prises de vue de son film. Il supervisera également en personne la confection des plans d'effets spéciaux, ainsi que le montage, confié à Terry Rawlings, déjà engagé sur Alien et futur monteur de Legend (1985), fresque d'heroic fantasy que réalisera Scott quelque temps après. La post-production de Blade Runner souffre des mêmes tensions que celles rencontrées sur son tournage. Si Scott se montre enthousiaste vis-à-vis du premier montage de son film, Hampton Fancher le déteste, allant jusqu'à accuser le réalisateur d'avoir gâché son scénario. Jerry Perenchio et Bud Yorkin jugent le film incompréhensible, insistent pour que Harrison Ford enregistre des commentaires en voix-off qui rendraient l'intrigue plus accessible, ouvrent un débat autour d'un happy-end.

Autant de choix que Ridley Scott rejette. Mais le système des studios hollywoodiens n'accordant pas aux réalisateurs le final cut de leurs œœuvres, il devra se plier aux décisions de ses producteurs. « Je savais que j'avais fait un bon film » se rassure-t-il. Cependant, la version du film sortie le 25 juin 1982 dans les salles de cinéma américaines ne correspond en rien à sa vision. Affublé d'une voix-off explicative de Deckard, censuré et terminé par un happy-end poussif empruntant ses images d'une nature idyllique aux rushes non retenus par Kubrick pour l'ouverture de Shining, Blade Runner est un échec commercial, accueilli froidement par les critiques du monde entier. Ridley Scott devra attendre un quart de siècle et de multiples versions successives de son film (version européenne de 1982, director's cut de 1992, final cut de 2007) avant de pouvoir livrer sa vision d'un des tout premiers films artistiques de science-fiction. Si, en 1982, le public s'attendait, à la vue du nom de Harrison Ford, à un énième avatar d'Indiana Jones ou de Star Wars, Blade Runner a surtout pâti de la sortie d'Alien, d'une part, les amateurs du genre réclamant de la violence et de l'horreur, d'autre part du succès colossal de E.T. l'extra-terrestre, film de consolation par excellence, et de la sortie en masse de blockbusters destinés au grand public : Star Trek 2, Poltergeist, Conan le barbare, Tron, Rocky III. Les spectateurs ne voulant plus des films dépressifs des années 1970, les années 1980 leur offrent une nouvelle ère cinématographique, résolument optimiste. En 1982, Blade Runner fait tâche parmi les nouveaux-nés du cinéma reaganien.

Incompris en son temps, film culte aujourd'hui, la fresque futuriste de Ridley Scott est passée par une multitude de formes et de supports, à travers ses différentes versions, et une réception non moins multiple (ses détracteurs n'y voient qu'une coquille vide, ses admirateurs le Casablanca de la science-fiction), pour finalement aboutir, en 2007, à sa version définitive, son final cut, entièrement supervisée par le cinéaste, née sous le signe du repentir de ses producteurs : « Aujourd'hui, Scott mériterait une ovation, pour sa vision. » déclare désormais Bud Yorkin. Si le temps a fait de Blade Runner un classique de la science-fiction, son instabilité formelle, sa longue gestation, constituent un terrain d'analyse encore trop peu approfondi. Comment regarder de nos jours la forme dite finale d'un film qui a connu non seulement une conception chaotique mais aussi une post-production de vingt-cinq années ? Comment le réalisateur de Blade Runner, à travers les innombrables détours que son œœuvre a connus, est-il parvenu à en retrouver finalement la vision originelle ? Comment du chaos s'est créée la vision unique de ce film ? Cela revient à se poser la même question que David Peoples, insistant sur son caractère novateur : comment préparer le public à voir quelque chose d'aussi différent ? Ridley Scott avait une vision profondément personnelle, une « pré-vision » artistique de Blade Runner, pétrie d'images séminales, de Metropolis de Fritz Lang, aux univers torturés de la revue Métal hurlant. Un œœil d'artiste-peintre préservant dans la mémoire de sa rétine les visages de femmes fatales et d'enquêteurs solitaires, l'atmosphère tranquillement pesante du Nighthawks de Hooper, le grouillement des mégapoles. Privé de sa vision pendant deux décennies, le cinéaste avance, aveugle, à la recherche de son œœuvre déchue, éparpillée. « J'ai vu tant de choses, que vous, humains, ne pourriez croire... » murmure le répliquant juste avant de mourir, juste avant de fermer les yeux sur sa courte vie. Mais c'est grand ouvert que l'œœil doit trouver le sens de sa vision, de l'imaginaire visuel qu'il a créé, des obsessions qu'il a projetées, de l'héritage qu'il a laissé.

 

 

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 05:32

pop

2010 n'est pas une année favorable aux fresques antiques hollywoodiennes. Louis Leterrier nous avait livré un remake insipide du Choc des titans en avril, c'est au tour de Mike Newell de venir se ridiculiser en se vautrant dans la sinistre arène des navets de luxe.

En dehors de la présence sympathique d'Alfred Molina, qui tire joliment son épingle du jeu dans un rôle de trafiquant hilarant, capable de s'apitoyer sur le sort d'une autruche suicidaire, il n'y a malheureusement rien à sauver de l'informe bouillie scénaristique et artistique que représente Prince of Persia. L'histoire (un poignard magique passe de mains en mains pendant deux heures) est truffée de flottements et de raccourcis faciles, allant jusqu'à se contenter de hasards en guise d'explications, sans parler des transitions façonnées à coup de tronçonneuse, dans la plus pure tradition bourrine des mauvaises superproductions américaines. Présenté dans un écrin esthétique recyclant sans vergogne ni inventivité les paysages et décors de Troie, Alexandre, Gladiator, 300 et du jeu God of War, sans jamais en atteindre le faste, ni la grandeur, le film de Newell est l'adaptation sans âme et paresseuse d'un classique du jeu vidéo. La mollesse et la répétition lassante des péripéties, bêtement fidèles au principe de l'arcade, finissent par exaspérer. Les scènes d'action bénéficient d'un montage proprement épileptique, succession insupportable de micro-plans grossièrement assemblés à la truelle et censés donner un rythme effréné à l'ensemble. Contrepoint à cette hystérie visuelle allègrement affichée, des ralentis ridicules éprouvent nos pauvres yeux, avec leurs hideux effets de trainées à chaque fois que le héros, sorte de Yamakasi antique, se met à sauter. On se croirait au beau milieu du plus mauvais Chuck Norris.

Sauter et cogner comme une brute. C'est tout ce que sait faire Dastan. Ou plutôt, c'est tout ce que l'on a demandé à Jake Gyllenhaal, quitte à gâcher son talent, dans un souci de fidélité fainéante au jeu vidéo. Du muscle et une paire d'expressions faciales, comme le Persée incarné par Worthington dans Le Choc des Titans. Le reste du casting (Ben Kingsley, Gemma Arterton...) subit le même sort. Seulement, à force de superficialité dans le jeu des acteurs, on finit par s'en détourner, n'ayant aucun élément d'identification à notre disposition. Les personnages de Prince of Persia atteignent le comble de la vacuité, de la transparence. Qu'il semble loin le temps du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, avec sa galerie de personnages d'une épaisseur vertigineuse...

Il est grand temps pour Hollywood d'ouvrir les yeux, de comprendre que les films, même les plus populaires, ne méritent pas autant d'indigence artistique dans leur fabrication. Il est proprement scandaleux et irrespectueux, vis-à-vis du public, d'utiliser des centaines de millions de dollars pour offrir un navet. Le nouveau film de Newell est une preuve supplémentaire de l'arrogance grandissante de ces sinistres producteurs partisans de la déshumanisation du cinéma, au profit d'effets tape-à-l'œœil, gratuits, vite oubliables. C'est donc cela, la nouvelle vision du spectaculaire à Hollywood ? Quand on pense que même les productions mercantiles de l'ère reaganienne avaient un semblant d'âme, résonnaient avec le désir de divertissement des spectateurs, on constate avec terreur que le visage actuel des blockbusters américains est celui d'un zombie...

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 06:45

La rédaction de mon mémoire de Master sur Blade Runner bat son plein. L'occasion idéale pour faire le point sur ce qui représente pour moi le meilleur du cinéma de science-fiction, par ordre de préférence.

 

1) Blade Runner, de Ridley Scott (1982) : le plus grand chef-d'œœuvre de science-fiction jamais réalisé, visionnaire, puissamment métaphysique et angoissant, d'une richesse esthétique à couper le souffle, sans doute la peinture du futur la plus minutieuse et la plus réaliste du genre, transcendée par la formidable photographie de Jordan Cronenweth et la musique hypnotique de Vangelis. Scène phare : la bouleversante mort du réplicant Roy Batty.

01 blade runner

2) Brazil, de Terry Gilliam (1985) : assurément le plus grand film de Gilliam, il s'agit surtout du film le plus délirant et le plus virtuose du genre, d'une portée pessimiste effrayante, aux décors pharaoniques, aux effets spéciaux magnifiques. Scène phare : une poursuite finale totalement déjantée, qui n'obéit qu'aux lois vertigineuses du rêve.

02 brazil

3) A.I. Intelligence artificielle, de Steven Spielberg (2000) : le film de SF le plus émouvant, un conte moderne où se côtoient le merveilleux et le sordide, sublimé par l'interprétation du jeune Haley Joel Osment, les lumières séraphiques de Janusz Kaminski et la tristesse généreuse de la mise en scène. Un choc. Scène phare : l'abandon du petit androïde dans les sous-bois.

03 intelligence artificielle

4) Alien, le huitième passager, de Ridley Scott (1979) : osmose parfaite de la SF et du genre horrifique, naissance de la plus effrayante des créatures du cinéma, décors dantesques et finale éprouvant. Scène phare : la visite de la planète fantôme, monument d'angoisse et de beauté noire.

04 alien

5) Wall-E, de Andrew Stanton (2008) : les studios Pixar à leur sommet pour un chef-d'œuvre de poésie cosmique, de drôlerie, de romantisme et de pessimisme, une parabole d'une simplicité et d'une efficacité désarmantes. Scène phare : les 30 premières minutes, muettes et sublimes.

05 wall-e

6) Metropolis, de Fritz Lang (1927) : plus de huit décennies après sa sortie, un film qui n'en finit pas de fasciner et d'alimenter toute la science-fiction actuelle, avec ses décors futuristes et ses mouvements de foules colossaux, ses miraculeuses trouvailles visuelles et de mise en scène. Scène phare : la transformation de Maria en robot maléfique.

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7) Star Trek, de J.J. Abrams (2009) : une fresque inter-galactique d'une énergie folle, un casting attachant, une partition superbe de Michael Giacchino, un humour permanent, des tableaux spatiaux renversants soutenus par la beauté parfois très poétique des effets spéciaux et des décors. Scène phare : l'incroyable ouverture, un pur morceau de bravoure qui s'achève sur une note déchirante.

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8) Le Cinquième Élément, de Luc Besson (1997) : un film d'action futuriste sans temps morts, aux images de rêve, au casting sensationnel, à l'humour délirant, aux clins d'œœil permanents et savoureux. Scène phare : le concert de la Diva Plavalaguna, suivi d'une fusillade homérique.

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9) Total Recall, de Paul Verhoeven (1991) : ultra-violent, furieux, malsain, sanglant, oppressant, une fresque futuriste au scénario délicieusement tordu, où Verhoeven malmène allègrement Schwarzenegger. Scène phare : l'exécution sommaire de Sharon Stone par Schwarzy, accompagnée d'une réplique jubilatoire « Considère ça comme un divorce. »

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10) L'Armée des 12 singes, de Terry Gilliam (1995) : dix ans après Brazil, nouvelle incursion délirante de Gilliam dans le genre de la SF, brillamment réalisée, visuellement baroque, où l'on découvre un Bruce Willis torturé et un Brad Pitt aussi déjanté qu'inquiétant. Scène phare : la rencontre entre les deux acteurs, dans un hôpital psychiatrique.

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10bis) Retour vers le futur (trilogie), de Robert Zemeckis (1985, 1989, 1990) : avec son scénario aussi délirant que magistralement construit, avec ses personnages cultes, son rythme frénétique et ses paradoxes temporels à donner le tournis, la célèbre trilogie de Zemeckis a conservé toute sa fraîcheur et son pouvoir de divertissement hors normes. Scène phare : la confrontation de Marty avec sa famille du futur, dans le second volet.

10bis back to the future

11) Minority Report, de Steven Spielberg (2002) : osmose rêvée entre le thriller et la SF, dotée d'un scénario détonant inspiré de K. Dick (Blade Runner, Total Recall...), Tom Cruise à contre-emploi, une vision terrifiante du futur reposant sur les images impressionnantes de Janusz Kaminski, une réflexion vertigineuse sur la notion de justice, un finale hautement excitant. Scène phare : Tom Cruise s'immerge dans une baignoire remplie d'eau froide et de glaçons pour échapper à des limiers détecteurs de chaleur.

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12) Matrix, de Andy et Larry Wachowski (1999) : on ne présente plus ce film désormais culte, aux scènes d'action fracassantes, à l'esthétique novatrice truffée de trouvailles visuelles, à l'atmosphère tendue en permanence, aux personnages iconiques. Scène phare : Néo revient d'entre les morts pour affronter l'agent Smith d'une seule main, jubilatoire et épique !

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13) Dark City, de Alex Proyas (1998) : bijou d'étrangeté presque inconnu du grand public, mais cultissime chez les adorateurs de SF, une mise en scène très inspirée, des effets visuels ahurissants, une ambiance de film noir savamment recréée avec sa nuit perpétuelle, un twist final terrifiant. Scène phare : quand l'humanité dort, le temps s'arrête et des immeubles surgissent littéralement de nulle part, pour transformer le paysage de la ville.

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14) Renaissance, de Christian Volckman (2006) : sublime noir et blanc pour un film français d'animation ambitieux, aux scènes d'action explosives, au scénario complexe et aux décors dantesques inspirés de Blade Runner. Scène phare : une poursuite de folie à travers le Trocadéro.

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15) Dune, de David Lynch (1984) : film culte initialement destiné à Ridley Scott, à la dimension mythologique saisissante, une fresque épique et baroque soutenue par un casting prestigieux et une bande-originale étonnante signée Toto. Scène phare : Paul Atréides dompte son premier ver des sables.

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16) La Guerre des mondes, de Steven Spielberg (2005) : l'un des plus grands cauchemars éveillés du genre, avec sa mise en scène viscérale totalement flippante, ses effets spéciaux d'un réalisme troublant, son traitement original, humain, des scènes de destruction et de panique collective. Scène phare : Tom Cruise court à perdre haleine au milieu d'une foule décimée par le « rayon ardent ».

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17) District 9, de Neill Blomkamp (2009) : pour un coup d'essai, c'est un coup de maître ! Blomkamp met rageusement en scène, en employant intelligemment les rouages du documentaire, une parabole fictive à peine voilée de l'Apartheid, à travers la dégénérescence de son protagoniste en territoire ennemi, superbe hommage à La Mouche de Cronenberg. Scène phare : l'ouverture du film, critique cinglante du voyeurisme des médias.

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18) 2001 : L'Odyssée de l'espace, de Stanley Kubrick (1968) : fresque métaphysique inspirée d'une nouvelle d'Arthur C. Clarke, retraçant des millions d'années d'évolution, ce classique angoissant de Kubrick enchaîne des tableaux d'une beauté cosmique bouleversante et s'achève en un étonnant et hypnotique trip psychédélique, où tout n'est que formes et couleurs. Scène phare : la transformation en fondu enchaîné d'un os en vaisseau spatial tubulaire.

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19) Bienvenue à Gattaca, de Andrew Niccoll (1997) : un scénario humain et intelligent, une ode discrète mais puissante à la tolérance, des moments de tension et de poésie, une bande-originale magnifique signée Michael Nyman. Scène phare : la montée infernale d'un interminable escalier en colimaçon par Jude Law à la seule force de ses bras, son personnage étant paraplégique.

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20) Avatar, de James Cameron (2009) : une fresque épique et futuriste, dont la splendeur visuelle hors du commun et l'intensité dramatique des morceaux de bravoure parviennent à faire oublier les lacunes d'un scénario très prévisible. Scène phare : la destruction de l'Arbre-maison, d'une ampleur apocalyptique affolante.

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21) L'Empire contre-attaque, de Irvin Kershner (1980) : sans doute le meilleur volet de la célèbre saga de Lucas, le plus palpitant, le plus sombre, le plus inventif, le plus beau. Scène phare : la cultissime révélation de Dark Vador à son fils incrédule.

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22) Final Fantasy : les créatures de l'esprit, de Hironobu Sakagushi (2001) : même si les images de synthèse font un peu datées, ce long-métrage d'animation reste un spectacle colossal, aux décors plus vrais que nature, à la mise en scène généreuse et inspirée. Scène phare : le finale apocalyptique, au fond d'un cratère.

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23) Immortel – Ad Vitam, de Enki Bilal (2004) : quelques maladresses visuelles avec un mélange pas toujours très réussi de synthèse et de prises de vue réelles, mais une dimension poétique et métaphysique à couper le souffle, un Paris futuriste hallucinant et une atmosphère mémorable. Scène phare : Nikopol flotte à moitié mort au-dessus de la ville en murmurant les premiers vers d'Une Charogne, de Baudelaire.

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24) Starship Troopers, de Paul Verhoeven (1997) : une fresque furieuse et cynique dans une société fasciste et ultra-militarisée, métaphore des États-Unis, proposant des scènes d'action aussi sanglantes que cruelles, un humour noir permanent et des effets spéciaux aussi indétectables qu'effrayants. Scène phare : le siège de la forteresse par des milliers d'insectes géants, version SF et gore du siège d'Alamo.

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25) Le dernier combat, de Luc Besson (1982) : sans doute le film le plus méconnu de son cinéaste, mais peut-être bien son meilleur ! Une œœuvre profondément personnelle et angoissée, un survival post-apocalyptique totalement muet, aux images pétrifiantes et à la mise en scène aussi minimaliste que tendue. Scène phare : « Bonjour » le seul et unique mot du film, prononcé péniblement par l'immense Jean Bouise.

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26) Terminator 2 : le jugement dernier, de James Cameron (1991) : couplant harmonieusement l'action et la science-fiction, Cameron repousse les limites du spectaculaire avec cette suite de son classique de 1984. Robert Patrick est tellement effrayant qu'il vole presque la vedette à Schwarzenegger. Scène phare : une poursuite moto/camion d'une redoutable efficacité, dont on ressort épuisé.

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27) Predator, de John McTiernan (1987) : une première partie qui joue à fond la carte de l'angoisse en suggérant seulement la présence du monstre de l'espace, un second temps qui excelle dans l'action bourrine et le survival. Scène phare : l'affrontement final entre Schwarzenegger et la créature, qui mériterait d'être rebaptisé « Le Choc des titans » !

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28) Alien 3, de David Fincher (1992) : le volet le plus original et le plus éprouvant de la saga, après l'original de Ridley Scott, un huis clos carcéral affolant d'intensité et de noirceur. Scène phare : le piège final, préparé contre le monstre.

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29) Mars Attacks, de Tim Burton (1996) : totalement délirant et jubilatoire, un hommage débridé aux films paranoïaques des années 50, soutenu par un casting orgasmique et un humour ravageur. Scène phare : la cruelle poignée de main entre le Président des États-Unis (Jack Nicholson) et le chef des Martiens.

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30) Solaris, de Steven Soderbergh (2002) : hypnotique et troublant, un très beau conte spatial bercé d'illusions et d'angoisses, sublimé par la présence électrique de Natascha McElhone. Scène phare : la traumatisante éjection du simulacre de la femme aimée hors du vaisseau.

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31) Terminator, de James Cameron (1984) : réalisé presque sans moyens, une bombe d'inventivité et de mise en scène, où la terreur est permanente, reposant sur l'interprétation glaciale du jeune Schwarzenegger, qui donnait naissance à une figure mythique du genre. Scène phare : la poursuite finale, cauchemardesque jusqu'au délire.

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32) La Guerre des étoiles, de George Lucas (1977) : premier volet de la cultissime saga inter-galactique, improbable mais efficace croisement entre le western, le film d'aventures et la SF, reposant sur le charisme de ses acteurs (Harrison Ford et Alec Guiness en tête), l'inventivité de ses effets spéciaux, la grandeur épique de sa musique signée John Williams. Scène phare : Han Solo, Leïa et Luc coincés dans la fosse à ordures de l'Étoile noire.

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33) L'Invasion des profanateurs de sépultures, de Don Siegel (1956) : 24 heures chrono chez les aliens, où comment un docteur et sa bien-aimée tentent d'échapper à des parasites extra-terrestres, sans pouvoir jamais dormir, de peur de se faire contaminer. Scotchant ! Scène phare : les deux protagonistes poursuivis par une foule menaçante de plusieurs centaines de personnes.

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34) La Revanche des Sith, de George Lucas (2005) : l'un des meilleurs épisodes de la saga, qui se démarque par sa noirceur inhabituelle, sa dimension opératique, ses combats dantesques au sabre laser et son finale, aussi excitant que déchirant. Scène phare : la construction de Dark Vador, transcendée par un requiem d'une tristesse infinie.

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35) Men in Black, de Barry Sonnenfeld (1997) : mélange détonant de comédie et d'action futuriste, qui vaut surtout pour son incroyable duo d'acteurs (Tommy Lee Jones et Will Smith), sa délirante galerie d'aliens et ses morceaux de bravoure débridés. Scène phare : l'hilarante possession du personnage de Vincent d'Onofrio par un extra-terrestre répugnant.

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36) Alien la résurrection, de Jean-Pierre Jeunet (1997) : quand le réalisateur de La Cité des enfants perdus impose sa griffe esthétique à l'univers cauchemardesque inventé par Ridley Scott, on a affaire à un concentré de beauté noire et de tension parfois insoutenable. Scène phare : Ripley parvient à piéger un répugnant hybride alien-humain, qui se fait happer par le vide sidéral à travers un trou dans la coque du vaisseau. Immonde et triste.

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37) Rencontres du troisième type, de Steven Spielberg (1977) : un des sommets humanistes de la SF, un conte aux images magnifiques, au finale aussi impressionnant que bouleversant. Scène phare : le dialogue musical avec le vaisseau-mère, une définition en action de ce qu'est le cinéma.

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38) La Planète des singes, de Franklyn J. Shaffner (1967) : adapté du roman français de Pierre Boulle, une fresque qui explore avec âpreté l'altérité la plus radicale, à travers une communauté de singes plus vrais que nature (magie intacte des maquillages). Scène phare : la révélation finale, face à la Statue de la Liberté... à glacer le sang !

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39) Aliens le retour, de James Cameron (1986) : le volet le plus spectaculaire de la saga, offrant des scènes d'action et des montées d'adrénaline d'une efficacité redoutable. Le director's cut, plus long de 28 minutes, densifie considérablement l'intrigue. Scène phare : le combat mémorable de Ripley contre la créature, dans son exosquelette de métal.

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40) I, Robot, de Alex Proyas (2004) : brillante adaptation d'un classique de Isaac Asimov par le réalisateur de Dark City, cette peinture pessimiste du futur vaut surtout pour l'intensité de ses scènes d'action, le charisme de Will Smith et l'animation ahurissante de Sonny, le robot vedette du film, la frayeur qu'inspire le finale. Scène phare : une poursuite vertigineuse dans un tunnel.

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41) E.T. L'extra-terrestre, de Steven Spielberg (1982) : presque un cas limite dans le paysage de la SF, puisque la touchante créature éponyme reste le seul élément qui le rattache au genre, ce classique de Spielberg demeure un conte bouleversant sur l'enfance et l'innocence, aux images inoubliables. Scène phare : l'envol des vélos.

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42) Le Jour où la terre s'arrêta, de Robert Wise (1951) : une grande parabole humaniste fustigeant la haine de l'autre dans un sinistre contexte de Guerre froide, dont les effets visuels conservent encore toute leur poésie. Scène phare : l'arrivée de Klaatu et sa confrontation malheureuse avec des soldats américains pour le moins hargneux.

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43) THX 1138, de George Lucas (1971) : un film étrange, expérimental, malade et angoissé, qui vaut encore pour ses audaces de mise en scène et l'immensité glaciale de ses décors. Scène phare : une attente cauchemardesque dans une salle totalement blanche, vision clinique du purgatoire.

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44) Sunshine, de Danny Boyle (2007) : un film bancal, dont le finale manque de peu le sublime à cause d'un personnage de méchant grotesque, mais sauvé par quelques scènes magiques, d'une intensité audio-visuelle et poétique incroyables. Scène phare : la mort du capitaine Kaneda, pulvérisé par son exposition totale au soleil, transcendée par une montée en puissance symphonique dévastatrice.

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45) Judge Dredd, de Danny Cannon (1995) : un film qui aurait pu être excellent de bout en bout sans la présence insupportable quasi permanente du cabotin Rob Schneider, mais dont l'intérêt réside dans l'ironie de son propos sur la justice, la grandeur des décors et des effets visuels, le charisme de Stallone. Scène phare : l'entrée en scène explosive du Juge Dredd.

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46) K-Pax, de Iain Softley (2001) : un film méconnu, étrange et touchant, aux atmosphères et aux éclairages extraordinaires, où Kevin Spacey nous livre l'une de ses meilleures performances. Scène phare : l'alien incarné par Spacey dessine le système solaire d'où il vient à main levée devant un parterre d'astronomes sidérés.

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47) Soleil vert, de Richard Fleisher (1973) : une mise en scène sèche et minimaliste pour une peinture pessimiste de la société du futur, où les humains deviennent cannibales sans même le savoir. Scène phare : la découverte de la monstrueuse vérité par Charlton Heston dans les profondeurs d'une usine alimentaire.

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48) Matrix Reloaded, de Andy et Larry Wachowski (2003) : un grand foutoir cybernétique inégal, ponctué par quelques morceaux de bravoure impressionnants. Scène phare : le combat homérique opposant Néo à une centaine de clones de l'agent Smith.

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48bis) Matrix Revolutions, de Andy et Larry Wachowski (2003) : un film de guerre au scénario indigent, qui vaut surtout pour ses batailles épiques d'une ampleur colossale. Scène phare : l'invasion apocalyptique de Sion par les Sentinelles.

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49) A l'aube du sixième jour, de Roger Spottiswoode (2000) : film d'action futuriste moins balourd qu'il ne le paraît, soutenu par un scénario solide, des scènes d'action originales et un rythme trépidant. Scène phare : Schwarzenegger rentre chez lui pour tomber nez à nez avec lui-même.

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50) 1984, de Michael Radford (1984) : adaptation fidèle mais trop courte du célèbre roman de George Orwell, à l'atmosphère dépressive, qui vaut encore pour l'interprétation saisissante de John Hurt, son face-à-face avec un Richard Burton effrayant de sadisme, la bande-originale du groupe Eurythmics. Scène phare : une scène de torture traumatisante avec un rat.

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