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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 04:03

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action / aventure
Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne (Steven Spielberg) / Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec (Luc Besson) / Cheval de guerre (Steven Spielberg) / Le Choc des Titans (Louis Leterrier) / Fast and Furious 5 (Justin Lin) / Hugo Cabret (Martin Scorsese) / Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence (Rob Marshall) / Prince of Persia : les Sables du Temps (Mike Newell) / Robin des Bois (Ridley Scott) / Sherlock Holmes 2 : Jeu d'ombres (Guy Ritchie) 

animation
Dragons (Chris Sanders, Dean Deblois) / L'Illusionniste (Sylvain Chomet) / Toy Story 3 (Lee Unkrich) 

comédie
Les Chèvres du Pentagone (Grant Heslov) / Cinéman (Yann Moix) / Dernière heure, édition spéciale (Maurice de Canonge) / Le Plan B (Alan Poul) / Projet X (Nima Nourizadeh)    

comédie dramatique
Âmes en stock (Sophie Barthes) / The Artist (Michel Hazanavicius) / Carnage (Roman Polanski) / Un Conte de Noël (Arnaud Desplechin) / Crazy Heart (Scott Cooper) / Fighter (David O. Russell) / Heaven, Hell... Earth (Laura Sivakova) / Les Invités de mon père (Anne Le Ny) / Mammuth (Gustave Kervern, Benoît Delépine) / The Social Network (David Fincher) / La Tête en friche (Jean Becker)

comédie musicale
Nine (Rob Marshall) / Reefer Madness (Andy Fickman) 

drame
Ariane M. (un film de Quentin Bonnet) / 4 mois, 3 semaines, 2 jours (Cristian Mungiu) / Albert Nobbs (Rodrigo Garcia) / Un Ange à la mer (Frédéric Dumont) / Anonymous (Roland Emmerich) / L'Apollonide – Souvenirs de la maison close (Bertrand Bonello) / Au-delà (Clint Eastwood) / Black Swan (Darren Aronofsky) / Chloé (Atom Egoyan) / Cloclo (Florent Emilio Siri) / La Comtesse (Julie Delpy) / Copie conforme (Abbas Kiarostami) / Detachment (Tony Kaye) / Le Discours d'un roi (Tom Hopper) / Elle s'appelait Sarah (Gilles Paquet-Brenner) / Empire du soleil (Steven Spielberg) / L'Etrange Histoire de Benjamin Button (David Fincher) / Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick) / Giorgino (Laurent Boutonnat) / Le Hasard (Krzysztof Kieslowski) / Martha Marcy May Marlene (Sean Durkin) / Le Moine (Dominik Moll) / Les Moissons du ciel (Terrence Malick) / The Moralist 3D (Mathieu Kassovitz) / Precious (Lee Daniels) / La Rafle (Rose Bosch) / Une Séparation (Asghar Farhadi) / Tête de Turc (Pascal Elbé) / The Tree of Life (Terrence Malick) / Le Voleur (Louis Malle) / Warrior (Gavin O'Connor) / We need to talk about Kevin (Lynne Ramsay) 

épouvante / horreur / survival / gore
Bug (William Friedkin) / The Crazies (Breck Eisner) / Freddy, les griffes de la nuit (Samuel Bayer) / Infectés (Alex et David Pastor) / Piranha 3D (Alexandre Aja) / Scream 4 (Wes Craven) 

fantastique / SF
Alice au pays des merveilles (Tim Burton) / Avatar (James Cameron) / Blade Runner (Ridley Scott) / Brazil (Terry Gilliam) / Harry Potter et les Reliques de la Mort – Partie 1 (David Yates) / Harry Potter et les Reliques de la Mort – Partie 2 (David Yates) / L'Imaginarium du Docteur Parnassus (Terry Gilliam) / Inception (Christopher Nolan) / L'Invasion des profanateurs de sépultures (Don Siegel) / Le Jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise) / Melancholia (Lars Von Trier) / Paul (Greg Mottola) / Les Prédateurs (Tony Scott) / Scanners (David Cronenberg) / Splice (Vincenzo Natali) / Star Trek (J.J. Abrams) / Sucker Punch (Zack Snyder) / Super 8 (J.J. Abrams) / Time Out (Andrew Niccol) / Triangle (Christopher Smith) / Twilight – Chapitre 2 : Tentation (Chris Weitz) / Twilight – Chapitre 3 : Hésitation (David Slade) / Les Visiteurs du soir (Marcel Carné) 

guerre
Démineurs (Kathryn Bigelow) / Green Zone (Paul Greengrass) 

policier / thriller
Bad Lieutenant, Escale à la Nouvelle-Orléans (Werner Herzog) / A bittersweet life (Kim Jee-woon) / Comme les cinq doigts de la main (Alexandre Arcady) / Dans ses yeux (Juan José Campanella) / Drive (Nicolas Winding Refn) / L'Elite de Brooklyn (Antoine Fuqua) / L'Ennemi public (Don Siegel) / The Ghost-Writer (Roman Polanski) / Il était une fois en Amérique (Sergio Leone) / L'Immortel (Richard Berry) / The Informant ! (Steven Soderbergh) / J'ai rencontré le Diable (Kim Jee-woon) / Mesrine : L'Instinct de mort (Jean-François Richet) / Millenium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (David Fincher) / The Murderer (Hong-jin Na) / La Piel que habito (Pedro Almodóvar) 

super-héros
Iron Man 2 (Jon Favreau) / Kick-Ass (Matthew Vaughn) / Thor (Kenneth Branagh) / X-Men : Le Commencement (Matthew Vaughn) / X-Men Origins : Wolverine (Gavin Hood) 

western
Le Bon, la brute et le truand (Sergio Leone) / Le Soldat bleu (Ralph Nelson)

critiques de séries TV
24 heures chrono (Joel Surnow, Robert Cochran) / Rome (John Milius, Bruno Heller)

hommages, rétrospectives
Revoir Spielberg – les années 2000 : l'odyssée de la noirceur / Revoir Spielberg – les années 1990 : la décennie paradoxale / Revoir Spielberg – les années 1980 : l'envol d'un auteur hollywoodien / Revoir Spielberg – les années 1970 : de Duel à l'échec de 1941 / Revoir tout Ridley Scott / Dennis Hopper : hommage en images / 

mes tops
Top films 2010 / 2011, mes amours... / La fosse à purin de 2011 : Petit bréviaire (pas trop sérieux) des pires films de l'année / Films de science-fiction : mes amours / Comédies : mes amours / Films d'action : mes amours / Polars, thrillers : mes amours / Films de super-héros : mes amours / Films d'horreur, d'épouvante : mes amours / 

fragments de Screen
Fragments de Screen n°1 (janvier – février 2011) / Fragments de Screen n°2 (mars 2011) / Fragments de Screen n°3 (avril 2011) / Fragments de Screen n°4 (avril – juillet 2011) / Fragments de Screen n°5 (juillet – août 2011) / Fragments de Screen n°6 (août 2011) / Fragments de Screen n°7 (septembre – octobre 2011) / 

articles, analyses
Blade Runner (Mémoire de cinéma) Introduction / De Bateman à Batman / 

le Bazar de Screen Addict
Le test du cinéphile / 

coups de gueule !
Le Seigneur des Anneaux – Version longue : un coffret Blu-Ray qui fâche ! / « Pourquoi vous ne lirez pas la critique de Expendables : unité spéciale dans Studio Ciné Live » /

 

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 03:06

detachment

Disons-le d'emblée, Detachment est un sérieux concurrent au titre de pire film jamais réalisé. Presque 13 ans après son déjà putassier et racoleur American History X, Tony Kaye récidive à travers le portrait nauséeux d'une humanité qu'il abhorre, un cri de haine aussi vain qu'abject envers ses semblables, en nous livrant un mélo de la pire espèce, un objet filmique aussi détestable que manipulateur, à mi-chemin entre une fiction au lyrisme douteux et un faux documentaire croulant sous l'alarmisme puant de son sujet mille fois rabâché, celui d'un système éducatif au bord du gouffre.

Enfonçant allègrement des portes ouvertes durant les 100 minutes interminables de son drame, Tony Kaye met en scène un professeur remplaçant, répondant au nom – ici faussement prestigieux – de Henry Barthes (Adrien Brody, dont le talent n'a jamais été autant gâché), qui doit faire face à l'agressivité de ses nouveaux élèves ignares, en même temps qu'aux caprices d'une jeune catin ramassée un soir sur le bord d'un trottoir et l'agonie de son grand-père sénile, dont la conscience ravagée a depuis longtemps sombré dans les abysses d'un purgatoire parallèle où il semble chercher l'improbable pardon de sa fille, morte avant lui. Le rapport dramatique entre les trois intrigues ? Il n'y en a aucun, si ce n'est une contingence effarante résultant d'un travail de scénariste bâclé, présomptueux et ignorant des règles de base de l'écriture filmique. Victime d'un montage hasardeux, le spectateur se perd rapidement entre les interminables errances de Henry dans les couloirs d'un lycée en perdition, ses visites à l'hospice où son grand-père le prend pour sa mère (Henry partage tellement ses hallucinations de mourant qu'il finira même – au détour d'une scène risible jusqu'au délire – par incarner sa propre mère en imitant sa voix...) et ses petites attentions pour sa prostituée particulière dans laquelle il croit déceler les derniers éclats d'une humanité foutue, avant de l'abandonner comme un vieux mouchoir usagé. Trois axes dramatiques trop disparates qui usent jusqu'à la rupture les ficelles du mélodrame facile, à grand renfort de cadrages tremblotants, de larmes factices et de mélodies dégoulinant de pathos exécutées par un piano tellement omniprésent qu'on est très vite saisi par l'envie irrépressible d'en massacrer les touches à coups de marteau.

D'une laideur visuelle incommensurable, presque tous les plans étant envahis par un grain grossier d'autant plus infâme qu'il semble volontaire, Detachment fait surtout preuve d'une lourdeur pathétique dans le message désespérément crétin qu'il tente d'infuser dans la conscience de ses spectateurs. Outrancièrement moralisateur, le film clame en permanence la ruine de nos sociétés (scoop !) et l'échec inéluctable de l'humanité, en se vautrant dans un premier degré aussi effrayant que dangereux. Que veut montrer Tony Kaye ? Que l'homme est une merde méprisable, un être insignifiant, sans visage ni valeur ; que la société est une épave composée de parents déserteurs et de rejetons ingrats ; que les actes de bonté sont aussi éphémères qu'inutiles ; que tout est pourri et qu'on ne peut rien y faire. La solution ? Tony Kaye en propose en fait plusieurs, dans sa grande générosité de cinéaste misanthrope : le suicide (sublimé à l'écran par de somptueux ralentis sacralisant une ado qui s'empoisonne en public) ou bien le fameux « détachement » annoncé par le titre. Tout est foutu, vous dis-je, alors à quoi bon se battre ? Flinguez-vous ou enfermez-vous dans une bulle, laissez tout tomber : vous mourrez comme tous les chiens qui vous entourent, mais (peut-être) un peu moins malheureux. Voici donc le sinistre message, la vérité profonde du cinéma débile de Tony Kaye, un tissu de connerie existentielle ourlé de lâcheté humaine qui ne provoque finalement qu'un immense dégoût envers son vil créateur et le désir viscéral d'effacer de nos rétines bafouées son éclatant mépris pour le genre humain. Si vous êtes à ce point convaincu, Monsieur Kaye, que les hommes ne valent plus la peine d'être considérés, pourquoi essayez-vous toujours de faire du cinéma ? Vous qui avez perdu toute foi dans le monde des vivants, peut-être devriez-vous chercher votre réelle vocation dans la gestion d'une entreprise de pompes funèbres ou bien dans la direction d'une morgue... PS : Et merci de ne plus souiller la mémoire d'Edgar Allan Poe, dont vous n'avez visiblement pas saisi l'univers poétique, en l'utilisant comme l'argument d'autorité ultime dans votre conception bassement nihiliste de l'homme.

wcc

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 21:59

sherlock holmes 2

Tout aussi bourrin et décérébré que son prédécesseur, déjà signé par un Guy Ritchie en roue libre, Sherlock Holmes 2 : Jeu d'ombres vient s'ériger comme le nouveau modèle de la disette créative hollywoodienne actuelle, un navet de luxe bruyant, grossier et tapageur, sous de (faux) airs de divertissement fun et décomplexé.

La recette de cette sinistre catastrophe est simple, elle correspond ni plus ni moins à la politique de fabrication de tous les blockbusters ratés : on s'entiche ici d'une icône de la culture populaire, on renie ses origines britanniques en lui prêtant les traits d'une star américaine (Robert Downey Jr.) dont le cabotinage éhonté servira de cache-misère à l'absence de caractérisation (confusion grotesque entre bouffonnerie et attachement), on engage un réalisateur anglais en vogue en le castrant lui aussi de ses origines et de sa culture, on engage un bûcheron (ou un boucher) atteint de la maladie de Parkinson pour les prises de vues et le montage, un fabricant de réacteurs d'avions (ou de baffles de night-club) pour la bande-son, et le tour est joué. Ça explose dans tous les sens, ça fuse, ça court, c'est hystérique, ça remue dans tous les coins du cadre, c'est aussi assourdissant qu'une douzaine de Boeing 747 au décollage, ceci dans l'espoir de masquer la vacuité atterrante d'un scénario débile, aux enjeux devenus tellement énormes qu'ils en deviennent grotesques (Sherlock parvient à empêcher une guerre mondiale !). Le professeur James Moriarty, censé être un génie du mal fort d'une finesse machiavélique, verse lui aussi allègrement dans le bourrinage le plus abject, en déballant, tel un phallus d'acier trempé, un arsenal militaire de science-fiction à faire pâlir les généraux du Troisième Reich et de l'URSS réunis. Pauvre synthèse crétine de toutes les figures de méchants du cinéma populaire américain, le Moriarty de Ritchie n'a aucune âme, il pourrait débarquer de Tron L'Héritage ou de Pirates des Caraïbes 4 qu'on ne verrait même pas la différence. Comble de cette interchangeabilité, tous les personnages secondaires ne font ici que de la figuration (prestation insignifiante de Noomi Rapace), tristes figures pommées dont la seule utilité se résume à occuper les arrières-plans et servir de main d’œuvre basique pour certains champs/contre-champs.

Mais ce qui choque le plus dans cette immonde adaptation des aventures de Sherlock Holmes, c'est la lourdeur incommensurable qui pèse sur son fond comme sur sa forme. Nulle trace d'enquêtes, d'investigations ou de raisonnements logiques, Sherlock et sa bande de bras cassés se frayent un chemin vers la vérité à grand renfort de bastons volées à Matrix, de fusillades et autres bombardements empruntés au Soldat Ryan de Spielberg (la vision horrifique en moins) voire au Predator de John McTiernan (Schwarzy en moins) ; certaines scènes allant même jusqu'à s'essayer à la destruction spectaculaire dans le non-style de Transformers. Le film de détective laisse la place à un festival pyrotechnique bourrin où les protagonistes doivent affronter, comme dans un jeu vidéo, des militaires armés de sulfateuses et autres snipers d'élite, jusqu'à la confrontation avec le fameux boss final (Moriarty). A cela s'ajoute une tentative aussi pathétique que maladroite d'affubler le héros d'une homosexualité de bazar (ridicule séquence ferroviaire façon Certains l'aiment chaud du pauvre). Sans parler de la structure abracadabrantesque d'un scénario qui à force de vouloir trop en faire finit par ressembler à la version boursouflée d'une mission de James Bond. En livrant une suite plus grande, plus épique, plus hyperbolique que jamais, mais surtout plus bête, Guy Ritchie réduit l'univers et le mythe de Sherlock Holmes à un vulgaire paillasson syncrétique sur lequel les sinistres gérants de la Warner Bros peuvent venir essuyer leurs semelles de gros dégueulasses présomptueux obsédés uniquement par les bénéfices de leur franchise (et dire que le dénouement annonce un troisième volet...). Quand on est capable de produire des daubes atomiques de la trempe de Green Lantern ou de gâcher pour des raisons purement financières la conclusion de la saga Harry Potter, il est évident qu'on n'est plus à un petit sabotage près. Mais soyez-en sûrs, messieurs les saboteurs, nous irons cracher sur vos tombes de nababs ! (PS : au fait, pourquoi avoir conservé le nom de Sherlock Holmes pour le titre de cette bouillie infâme ?)

1sur5

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 02:10

Millénium

Après L’Étrange histoire de Benjamin Button et The Social Network, à travers lesquels David Fincher explorait son thème favori, la marginalité, au moyen d'un surprenant classicisme formel, l'auteur de Se7en nous propose avec sa relecture de Millenium un thriller aussi captivant que torturé, doublé d'un nouveau portrait de marginale, celui d'une Lisbeth Salander réinventée.

Passé un générique d'ouverture d'une puissance graphique à couper le souffle annonçant une atmosphère lourde et goudronneuse, porté par une reprise écorchée de l'Immigrant Song de Led Zeppelin, le film reprend les grandes lignes de l'intrigue déjà adaptée il y a trois ans par Niels Arden Oplev : Mikael Blomkvist (Daniel Craig), journaliste brisé par un procès pour diffamation qu'il vient de perdre, se voit contacté par un puissant industriel suédois qui cherche à découvrir la vérité sur la disparition de sa nièce, quelques décennies auparavant. Au cours de son enquête, qui va l'amener à déterrer de terribles secrets de famille, Blomkvist rencontre une jeune hackeuse rebelle, Lisbeth Salander (Rooney Mara), qui devient son assistante. La grande force de l'adaptation de Fincher réside d'emblée dans la peinture attachante des deux personnages principaux, Blomkvist et Salander, deux êtres que tout sépare a priori, mais qui finissent par former un véritable couple de cinéma, totalement complémentaire et complice, rappelant parfois l'improbable duo Norton/Bonham-Carter de Fight Club.

A la personnalité BCBG d'un Craig-Blomkvist ordinaire (intéressante désacralisation de l'acteur, que l'on identifie désormais trop facilement à James Bond), Fincher oppose la noirceur douloureuse d'une féroce mais fragile Mara-Salander (méconnaissable sous son teint blafard et ses innombrables piercings). Seulement dans un premier temps, car la progression dramatique du film, à travers son exploration de la force et de la faiblesse de chacun, finit par les réunir en une seule entité prête à affronter le mal qui se dresse de tout côté. Mais si, sous l’œil de Fincher, Craig apparaît comme moins marmoréen qu'à l'accoutumée, c'est avant tout le portrait de Lisbeth Salander qui le fascine et l'inspire : Rooney Mara compose en effet un personnage qui nous rappelle à peine celui qu'incarnait Noomi Rapace, un personnage féminin écorché littéralement réinventé, investi d'une sensibilité nouvelle et d'une touchante ambiguïté, dont le corps et l'âme hantent durablement l'esprit du spectateur. Fincher évite habilement le cliché de la rebelle gothique et bourrine pour lui redonner une troublante féminité, à la fois attirante et mystérieuse, tour à tour offerte et sibylline, simultanément ange et démon. Incarnation de la vulnérabilité sous une carapace de dragon. Un portrait de femme qu'on est pas prêt d'oublier et qui vient enrichir la galerie de marginaux fascinants construite par le cinéaste tout au long de son œuvre.

Tout en reforgeant l'identité des personnages clés de l'intrigue, Fincher donne à son adaptation de Millenium une identité graphique, esthétique, que ne possédait pas son prédécesseur, à savoir des images fortes et marquantes au service de la construction d'un véritable univers cinématographique. Jeff Cronenweth, désormais directeur de la photographie attitré de Fincher, confère au film une splendeur perpétuelle, noces pétrifiantes de cadrages élégants, d'accents expressionnistes (dans le jeu des contrastes, des ombres et des clairs obscurs) et d'une noirceur toute métallique. Une splendeur de chaque instant portée par la fluidité confondante du montage. Le rythme langoureux de l'histoire, hanté par les accords lancinants de Trent Reznor et Atticus Ross, nous plonge dans une atmosphère entêtante aux frontières du fantastique et du conte. Un conte où le merveilleux s'est depuis longtemps délité, un conte moderne et cruel dressant le portrait d'âmes noires. Redonnant à la notion d'enquête ses lettres de noblesse, Fincher plonge nos rétines dans l'insondable goudron d'un mal obsédant et nous livre, avec une formidable délectation, l'un de ses plus beaux polars.

4sur5

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 02:38

La série « Mes amours » continue sur The Screen Addict ! Adorateur du cinéma de genre, je ne pouvais évidemment pas faire l'impasse sur l'une des familles de films les plus torturées et fascinantes qui soient, à savoir le thriller. Voici un panorama des dix thrillers (la sélection a été rude) qui ont le plus durablement marqué ma sensibilité de cinéphile, et les raisons de mon admiration. N'hésitez à venir partager les vôtres !

 

Sueurs froides, d'Alfred Hitchcock (Vertigo, 1958) : pour la perfection et la cruauté sans limites de la mise en scène, pour l'atmosphère hypnotique aux frontières du fantastique, pour l'érotisme vaporeux qui émane du personnage incarné par Kim Novak, pour la musique inoubliable de Bernard Herrmann. Mon Hitchcock fétiche ! Scène culte : l'impressionnante poursuite initiale sur les toits de San Fransisco, dont les frères Wachowsky se sont allègrement inspirés pour l'ouverture de leur premier Matrix...

Vertigo

A bittersweet life, de Kim Jee-Woon (Dal kom han in-saeng, 2005) : pour le mélange détonant d'élégance et de barbarie qui nimbe chaque scène, pour le charisme à la fois animal et raffiné de Lee Byung-hun, pour la beauté glaçante de la photographie, pour la dimension proprement électrique des scènes d'action, parmi les plus jubilatoires jamais vues sur un grand écran. Scène culte : l'évasion désespérée du héros, alors qu'il est pris au piège par les sbires du mafieux pour lequel il travaille. Grandiose !

a bittersweet life

Il était une fois en Amérique, de Sergio Leone (Once upon a time in America, 1984) : pour l'émotion permanente et déchirante qui se dégage de chaque scène, pour la classe immense de Robert de Niro et James Woods, pour la beauté « proustienne » du scénario, pour la composition musicale mélancolique d'Ennio Morricone, pour le travail d'orfèvre des décorateurs, visible à travers une reconstitution ahurissante de la Grande Dépression. Pour moi, le plus beau film de Sergio Leone. Un chant du cygne, dont on ne voit pas les 4 heures passer. Scène culte : un enfant tombe sous les balles policières ; la tristesse plus forte que l'horreur...

il etait une fois en amerique

Le Parrain, de Francis Ford Coppola (The Godfather, 1972) : pour la bouleversante dimension « familiale » apportée au récit, décuplant notre identification aux Corleone, qui demeurent pourtant un cercle de pourris cruels aux méthodes les plus barbares, pour l'intimisme assumé de la mise en scène et l'interprétation monstrueuse de Marlon Brandon. Scène culte : le montage parallèle d'un baptême et d'un massacre organisé. Aussi effroyable que sublime !

le parrain

Le Nom de la Rose, de Jean-Jacques Annaud (The Name of the Rose, 1986) : pour l'originalité du sujet - un thriller médiéval - (permise grâce au roman original d'Umberto Eco), pour la mise en scène en huis clos qui fait du décor du monastère (dont on explore avec fascination les moindres recoins) le personnage principal du film, pour le duo inoubliable formé par Sean Connery et Christian Slater, pour le suspense macabre distillé par le scénario, pour la musique aussi sombre que minimaliste de James Horner. Scène culte : la découverte de la vérité dans la bibliothèque cachée du monastère, l'un des dénouements de thriller les plus palpitants.

le nom de la rose

M. le Maudit, de Fritz Lang (M - Eine Stadt sucht einen Mörder, 1931) : pour la figure de tueur cauchemardesque forgée pour l'éternité par un Peter Lorre terrifiant (idée aussi géniale qu'évidente d'un visage poupin comme écrin du mal le plus absolu), pour la modernité hallucinante de la mise en scène de Lang (nombre de thrillers actuels ne lui arrivent toujours pas à la cheville en termes de montage, de construction et d'efficacité dramatique), pour le sifflotement maladroit – et indélébile – d'un air de Peer Gynt par le tueur, qui revient comme un leitmotiv de plus en plus effrayant. Scène culte : la longue poursuite du tueur par les autorités (le traqueur devient traqué), ou comment Lang renverse nos perceptions établies avec brio.

m le maudit

Les Chiens de paille, de Sam Peckinpah (Strawdogs, 1971) pour la sécheresse pourtant éprouvante de la mise en scène, pour l'interprétation à contre-emploi d'un Dustin Hoffmann qui fait preuve d'une sauvagerie aussi insoupçonnée que perturbante, pour le traumatisme engendré par la scène centrale du viol, d'une horreur sans nom, pour la radicalité assumée d'un scénario comme on en voit de plus en plus rarement aujourd'hui. Scène culte : la défense par le héros de son territoire, ou comment un insignifiant professeur de mathématiques se transforme en champion de la rétribution. Malsain et jubilatoire !

les chiens de paille

La Nuit du Chasseur, de Charles Laughton (The Night of the Hunter, 1955) : pour l'atmosphère de conte cruel qui plane sur le film, pour la beauté incroyable de la photographie (noir & blanc, clairs obscurs saisissants), pour l'interprétation de premier ordre de Robert Mitchum, inoubliable en prêtre rongé par le mal et la perversité, pour la dimension métaphorique jamais lourdingue du scénario (perte de l'innocence), pour le suspense incandescent de la dernière séquence. Scène culte : la descente desespérée d'une rivière par deux enfants traqués...

la nuit du chasseur

Basic Instinct, de Paul Verhoeven (1992) : pour la perversité des images de Verhoeven, pour l'interprétation vénéneuse de Sharon Stone, pour la musique entêtante de Jerry Goldsmith, pour le trouble érotique malsain provoqué par les scènes de sexe (aussi magnifiquement mises en scène que cruciales sur un plan dramatique), pour l'hommage vibrant rendu à Hitchcock, que Verhoeven admire. Scène culte : l'interrogatoire subi par Catherine Tramell, ou comment l'interrogée devient implacablement interrogatrice. Épatante inversion d'un rapport de forces et séquence emblématique du « girl power » cher à Verhoeven.

basic instinct

Scarface, de Brian de Palma (1983) : pour l'interprétation hors-normes d'Al Pacino, qui a su créer à partir d'un vulgaire petit délinquant cubain une véritable icône universelle du cinéma contemporain, d'une mégalomanie aussi fascinante que poignante dans sa gloire puis sa déchéance inéluctable, et dont chacun de souvient des répliques près de 30 ans après la sortie du film. Scène culte : Tony Montana vient régler ses comptes, d'une seule main (l'autre étant estropiée), avec son premier boss et un flic corrompu. Un monument de tension.

scarface

 

Et pour quelques bobines de plus : Le Samouraï, de Jean-Pierre Melville (1970), La Mort aux trousses, d'Alfred Hitchcock (1959), Chinatown, de Roman Polanski (1974), Blow Out, de Brian de Palma (1981), Le Silence des Agneaux, de Jonathan Demme (1990)


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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 07:34

anonymous

Le nom de Roland Emmerich est associé, peut-être ad vitam æternam, à la notion de spectaculaire, voire de bourrinage à l'hollywoodienne. Auteur de films catastrophe toujours plus hyperboliques (Godzilla, Le Jour d'après, 2012), de films de science-fiction à gros budget (Stargate : La Porte des étoiles, Independence Day) et de quelques nanars atomiques (10000 en tête) sa vision du cinéma se caractérise par un art constant de la surenchère, où viennent parfois se glisser quelques éclats d'ironie vacharde visant essentiellement les USA, leur peuple, leur histoire ou leur culture patriotique (les Américains tentant de se réfugier au Mexique ou l'immolation de l’œuvre de Nietzsche dans Le Jour d'après, le Président américain de 2012 se prenant un porte-avions appelé J.F. Kennedy en pleine poire...). Est-ce par lassitude de l'Amérique et de ses excès que Roland Emmerich s'est tourné pour son dernier film, Anonymous, vers l'austère Angleterre élisabéthaine ? La question mérite d'être posée. D'autant plus qu'il ne s'agit pas du seul effet de surprise ménagé par notre spécialiste allemand du blockbuster.

Surprenant, Anonymous l'est à plus d'un titre. Là où les films précédents d'Emmerich pêchaient par un simplisme narratif, Anonymous se dote d'un scénario impeccablement écrit mettant en doute la paternité des œuvres de Shakespeare en proposant une hypothèse captivante : et si le nom de Shakespeare avait servi de leurre au véritable auteur des pièces et poèmes que nous connaissons tous, un auteur qui cherchait tragiquement à cacher son talent car issu d'un milieu aristocratique hostile à la création artistique. S'il est évident que la volonté d'Emmerich n'est pas de réécrire l'histoire (il place d'emblée l'hypothèse de son film dans une dimension totalement fictive), l'idée de se servir des événements du règne d'Elisabeth Ière comme toile de fond à une machination artistique apparaît comme remarquablement traitée. Le scénario se déploie dans les méandres d'une temporalité aussi fracturée que l'identité de l'auteur d'Hamlet. La multiplicité des époques, comme celle des personnages, donne à Anonymous une belle densité dramatique, tout en suspense et tragédie, magnifiée par des dialogues brillamment écrits et interprétés par une troupe d'acteurs britanniques inspirés : Rhys Ifans superbement torturé, Vanessa Redgrave saisissante et bouleversante dans la peau d'une Elisabeth vieillissante, rongée par le regret et ses frustrations de souveraine, David Thewlis totalement habité par son personnage de William Cecil... La splendeur discrète mais néanmoins perpétuelle de la photographie, d'une sombreur aussi irréelle que mélancolique, tout comme le caractère hypnotique de la bande originale, vient conférer à l'intrigue une atmosphère crépusculaire entêtante.

Là où Anonymous s'avère être une surprise réjouissante, c'est dans sa sobriété formelle. Emmerich, qui a visiblement plus d'un tour dans son sac, laisse derrière lui les oripeaux de la surenchère hollywoodienne et signe une fresque d'une noirceur désespérée (essentiellement grâce au jeu des acteurs), où l'intime l'emporte sur un spectaculaire pour une fois mesuré, enfin maîtrisé (amorce de bataille virant au tragique, incendie d'un théâtre...). Film de la maturité, Anonymous l'est certainement, d'autant plus que son réalisateur dote sa mise en scène d'un supplément de fond appréciable, n'hésitant pas à exploiter, discrètement mais efficacement, la relation entre l'art et la politique, en revenant notamment sur le sujet délicat de la censure, toujours actuel. Certes, il ne s'agit pas de cinéma engagé, car Emmerich reste tout de même attaché à son goût pour le pur divertissement. Un goût qu'il se paie le luxe de justifier en communiant avec ses spectateurs, au détour de scènes de représentations théâtrales saisissantes d'intensité, fonctionnant sur le principe de la mise en abyme. Et si l'hypothèse que propose le scénario peut a priori apparaître comme provocatrice, voire prétentieuse, on s'aperçoit très vite qu'Emmerich n'est ni un provocateur, ni un prétentieux, car il rend un hommage réel, non pas à Shakespeare lui-même, mais à la puissance des œuvres que l'on dit écrites par Shakespeare. Finalement peu importe l'homme derrière la plume (car on ne connaîtra probablement jamais la vérité sur la paternité des textes shakespeariens), c'est ce que la plume a laissé gravé sur les pages qui compte et dont on se souvient. L'habileté dont fait preuve ici le cinéaste allemand, ainsi que l'attachement irrésistible aux personnages et à leur destin, font d'Anonymous un film à la fois fort, intense et visuellement éblouissant, qui donne littéralement envie de se replonger dans l’œuvre de Shakespeare. Il ne s'agit certes pas d'un chef-d’œuvre, mais d'un très bon film, certainement le meilleur d'Emmerich à ce jour, et assurément l'une des plus grandes surprises de ce début d'année.

3,5sur5

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 03:19

 

Ils m'ont bouleversé, fasciné, épaté, amusé, exalté, parfois traumatisé... voici un panorama des films dont j'ai pu me délecter cette année dans les salles obscures.


LES CHEFS-D'ŒUVRE – LE « NIRVANADDICT »

Black Swande Darren Aronofsky

Melancholia, de Lars von Trier

Hugo Cabret, de Martin Scorsese

Drive, de Nicolas Winding Refn

J'ai rencontré le diable, de Kim Jee-Woon

black swanmelancholiahugo cabretdrivej'ai rencontré le diable

 

LES GRANDS FILMS – AUX FRONTIÈRES DE LA PERFECTION

Harry Brown, de Daniel Barber

We need to talk about Kevin, de Lynne Ramsay

X-Men : Le Commencement, de Matthew Vaughn

La Piel que habito, de Pedro Almodóvar

The Murderer, de Na Hong-Jin

harry brownwe need to talk about kevinx-men le commencementla piel que habitothe murderer

 

LES BONNES SURPRISES – OUTSIDERS, GUILTY PLEASURES ET CIE

Super, de James Gunn

Carnage, de Roman Polanski

Fighter, de David O. Russell

Super 8, de J.J. Abrams

Fast and Furious 5, de Justin Lin

supercarnagefightersuper 8faf 5

The Green Hornet, de Michel Gondry

Poupoupidou, de Gérald Hustache-Mathieu

Scream 4, de Wes Craven

La Planète des Singes : Les Origines, de Rupert Wyatt

Tomboy, de Céline Sciamma

the green hornetpoupoupidouscream 4la planète des singes les originestomboy

 

ET POUR QUELQUES BOBINES DE PLUS...

The Artist, de Michel Hazanavicius

L'Apollonide, souvenirs de la maison close, de Bertrand Bonello

Nous sommes la nuit, de Dennis Gansel

Paul, de Greg Mottola

Attack the block, de Joe Cornish

the artistl'apollonidenous sommes la nuitpaulattack the block

Never let me go, de Mark Romanek

Killing Bono, de Nick Hamm

Poulet aux prunes, de Marjane Satrapi

Time Out, d'Andrew Niccol

Insidious, de James Wan

never let me gokilling bonopoulet aux prunestime outinsidious

 

2012, DE GRANDES ESPÉRANCES...

Prometheus (Ridley Scott), Bilbo le Hobbit : un voyage inattendu (Peter Jackson), The Dark Knight Rises (Christopher Nolan), Cheval de guerre (Steven Spielberg), Gravity (Alfonso Cuarón), Millenium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (David Fincher), Cloclo (Florent Emilio Siri), L'Ombre du mal (James McTeigue), Sur la piste du Marsupilami (Alain Chabat), Twixt (Francis Ford Coppola), Avengers (Joss Whedon), Dark Shadows (Tim Burton), Men in Black 3 (Barry Sonnenfeld), Rebelle (Mark Andrews et Brenda Chapman), Skyfall (Sam Mendes), Django Unchained (Quentin Tarantino)

prometheusthe hobbitdark knight risescheval de guerremillenium

 

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29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 04:02

LES LAURIERS DE LA HONTE ABSOLUE : La Croisière (Pascale Pouzadoux, indétrônable, d'une bêtise abyssale), Twilight – Chapitre 4 : Révélation, 1ère partie (Bill Condon, qui signe un film aussi hérmétique qu'une capote), La Locataire (Antti Jokinen, qui essaie d'imiter Polanski... pour sombrer dans le grotesque, de bout en bout), Le Chaperon rouge (Catherine Hardwicke, qui commet l'exploit de pondre un film encore plus niais et nauséeux que Twilight)

la croisière

LES LAURIERS DE LA DISGRÂCE (même les meilleurs peuvent se planter) : Au-delà (Clint Eastwood, soporifique), Somewhere (Sofia Coppola, encore plus soporifique), The Tree of Life (Terrence Malick, en mode Ushuaïa mystique), A Dangerous Method (David Cronenberg, en pénurie de chair), Dream House (Jim Sheridan, victime d'une équipe de production odieuse)

LES LAURIERS DE LA BIENSÉANCE (ces monuments de prétention ennuyeux qui ont ravi la presse) : Une Séparation (Asghar Farhadi), Shame (Steve McQueen), Minuit à Paris (Woody Allen)

shame

LES LAURIERS DE L'HORREUR : Apollo 18 (Gonzalo Lopez-Gallego, no comment...), The Silent House (Gustavo Hernandez, qui a inventé la caméra subjective sans sujet... pathétique !), Paranormal Activity 3 (Ariel Schulman), Devil (John Erick Dowdle)

LES LAURIERS DE LA RINGARDISE : Les Trois Mousquetaires (Paul W.S. Anderson, empereur des tacherons), Le Dernier des Templiers (Dominic Sena, fidèle à sa médiocrité), Green Lantern (Martin Campbell, visiblement à côté de ses pompes), The Tourist (Florian Henckel von Donnersmarck, qui signe un film ridicule, ennuyeux, truffé d'incohérences)

LES LAURIERS DU CRÉTINISME BOURRIN : Conan (Marcus Nispel, d'un irrespect sans bornes envers le mythe. Revoir d'urgence l'original de John Milius !), World Invasion : Battle Los Angeles (Jonathan Liebesman, en mode « baysplosions » et patriotisme gerbant), Colombiana (Olivier Megaton, toujours aussi insipide)

conan

CECI N'EST PAS UNE COMÉDIE : Bad Teacher (Jake Kasdan), Very Bad Trip 2 (Todd Phillips), même pas drôles...

COMMENT MASSACRER UN PITCH D'ENFER : Sans identité (Jaume Collet-Serra, qui pille allègrement Polanski et Verhoeven sans jamais leur faire honneur), The Prodigies (Antoine Charreyron, qui nous balance une version d'X-Men pour ados attardés)

LES NAVETS DE LUXE (ou comment gaspiller des millions de dollars pour des films d'une ambition de mollusque) : Sucker Punch (Zack Snyder), Tron : L'Héritage (Joseph Kosinski), Transformers 3 : La Face cachée de la Lune (Michael Bay), Détective Dee : Le Mystère de la flamme fantôme (Tsui Hark), Rango (Gore Verbinski), Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence (Rob Marshall), Cowboys & Envahisseurs (Jon Favreau)

tron l'héritage


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28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 04:20

hugo cabret

Forgée dans la noirceur et le désespoir, l’œuvre incandescente de Martin Scorsese semblait s'être essoufflée avec une adaptation superficielle de la saga hongkongaise Infernal Affairs (Les Infiltrés) et un thriller psychologique aussi mou que prévisible (Shutter Island). Or, si 2011 s'est révélée une année maudite pour nombre d'auteurs talentueux (ratages de Clint Eastwood, Sofia Coppola, Terrence Malick, David Cronenberg...), le père de Taxi Driver nous livre avec Hugo Cabret un cadeau inespéré, un miracle de cinéma comme on n'en voit désormais que trop rarement.

Vendu à tort comme un conte de Noël pour enfants, Hugo Cabret se révèle, au-delà de l'aventure rocambolesque qu'il propose, comme une plongée fascinante aux origines du 7ème art, en rêvant la vie de Georges Méliès, père fondateur des effets spéciaux. L'histoire se déroule presque en huis clos entre les murs d'une gare parisienne, où le jeune Hugo, orphelin, occupe son temps à remonter les horloges, tout en essayant de réparer un étrange automate légué par son père. Le secret que renferme le mannequin mènera Hugo sur les traces du fameux Georges Méliès et de son propre passé. En imbriquant habilement les deux intrigues, Scorsese s'adonne à la réalisation d'un véritable fantasme de cinéma, d'une manière que l'on pourrait qualifier de psychanalytique dans la mesure où Hugo remonte dans sa propre histoire en même temps que le cinéaste remonte aux origines d'une figure mythique du 7ème art. Là où l'on aurait pu craindre un didactisme facile, Scorsese orchestre sa plongée dans les fondements du cinéma avec une générosité sans limites, un sens du rythme, une gestion du cadre et une direction d'acteurs proprement inouïs. Hugo Cabret est un festival virevoltant d'images sublimes doublé d'un hommage sincère, aussi passionnant que passionné, aux techniques primitives du cinéma. Du grisant travelling d'ouverture, qui nous conduit d'un plan d'ensemble dans une gare parisienne jusqu'à un très gros plan sur l’œil d'Hugo, à la vision de statues ténébreuses dans un décor enneigé, en passant par l'exploration des moindres recoins de la gare, l'aspect visuel du film relève d'un travail d'orfèvre impressionnant. Par sa beauté plastique de tous les instants, le film pourrait à ce titre se regarder comme un poème graphique, une célébration poétique du cinéma.

A ceci près que cette beauté n'est pas joyeuse, comme pouvait le laisser supposer la promotion du film. Car si Scorsese célèbre la beauté du cinéma, dans un dialogue entre ses âges (un film numérique en 3D rendant hommage aux premiers films), ce dialogue même exhale un profond parfum de mélancolie. Mélancolie du personnage fantasmé de Méliès (incroyable Ben Kingsley !), qui ne vit plus que dans les souvenirs spectraux de sa gloire brisée, mélancolie d'Hugo qui porte sur ses frêles épaules le poids d'une existence sans parents, sans amour, mélancolie d'un film moderne qui se fait l'écho d'un cinéma oublié en montrant directement, dans leur plus simple appareil, des images – désormais immortelles – de ce cinéma (montage d'extraits de films de Méliès, de Buster Keaton...). Ainsi Scorsese place au cœur de son film la notion cruciale de « réparation », en la laissant se déployer à tous les niveaux de lecture : réparation de l'automate, réparation par les personnages de leur vies écorchées, réparation d'une mémoire universelle défaillante par la restauration essentielle des films de patrimoine (importance sous-estimée de l'historien du cinéma), réhabilitation par là même d'un cinéma numérique a priori déshumanisé, qui vibre pourtant ici d'un amour sans bornes pour ses origines, pas seulement techniques, car c'est aux hommes derrière ces techniques qu'il rend hommage. Quelle émotion de contempler sur grand écran la reconstitution plus vraie que nature du tournage d'un film de Méliès !

Là où nombre de cinéastes ont échoué à nous émouvoir dans la réalisation de films numériques en 3D, Scorsese remet l'humain à l'honneur avec générosité et ferveur, nous rappelant que le bon cinéma – et plus généralement les arts – ne parle que de l'homme. A cet égard, Hugo Cabret se donne à voir, au-delà de l'hommage et du film d'aventure, comme un croisement bouleversant de portraits, tous attachants, y compris les plus secondaires. Canevas de rencontres, de poursuites, d'affrontements, d'amours tantôt contrariées, tantôt permises, la nouvelle fresque de Scorsese déborde de vie par le mouvement permanent qui l'anime. Un mouvement jamais mécanique, comme dans la plupart des œuvres réalisées en 3D, mais essentiel, vital. Hugo Cabret pourrait ainsi apparaître comme le premier film – et peut-être le dernier – à donner une raison d'être à cette technologie encore trop peu maîtrisée, souvent dispensable. Toujours est-il que son histoire s'avère suffisamment excitante en elle-même, avec ses personnages formidablement attachants, pour nous donner envie de nous y replonger, au-delà d'un aspect technique pour une fois dénué de vanité. Chapeau l'artiste !

4,5sur5

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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 17:23

carnage polanski

Polanski nous avait laissé sur notre faim avec son Ghost Writer en dents de scie, thriller au casting remarquable mais plombé par une mollesse parfois exaspérante. Autant dire qu'il revient en grande forme avec Carnage en se tournant vers un genre qui lui est familier, le film d'appartement. Huis clos étouffant dans la lignée de Répulsion, Rosemary's baby et Le Locataire, Carnage parvient à nous entraîner dès ses premières minutes, pour ne plus nous lâcher, au cœur d'un espace réduit où l'action se joue en temps réel : deux couples new-yorkais (Jodie Foster / John C. Reilly face à Kate Winslet / Christoph Waltz) tentent de trouver un arrangement suite à la bagarre de leurs fils respectifs dans un jardin public, mais la conciliation se révèle impossible à mesure que la rencontre entre les parents s'envenime.

Unité de temps et de lieu, casting réduit, absence de musique (sauf générique), longs plans séquences, dialogues incessants... le cinéaste assume le caractère théâtral de son projet, adapté de la pièce Le Dieu du carnage de Yasmina Reza (ici co-scénariste de Polanski). Si l'on peut déplorer dans un premier temps cet aspect « théâtre filmé » qui domine le film, en regrettant un certain manque de matière cinématographique, on ne peut en revanche aucunement nier la belle performance du casting, qui parvient à nous fasciner constamment par une incarnation jubilatoire, souvent au vitriol, de nos contemporains et de tous leurs travers. Laissant libre cours au jeu cathartique du théâtre, Polanski signe l'une de ses œuvres les plus misanthropes et les plus pessimistes quant à la nature humaine. Les quatre protagonistes, courtois dans un premier temps, se métamorphosent peu à peu, dans un décor qui finit par prendre des allures de cage à fauves voire d'arène, en bêtes gouvernées par leurs instincts primaires. On glisse, d'un bout à l'autre du film, du dialogue poli à des échanges de cris, d'une gestuelle mesurée à des actes violents, du sourire mielleux aux rictus les plus carnassiers. Les personnages brisent le masque de la civilité pour révéler leur nature profonde, inavouable faciès forgé d'égoïsme, de haine, de rancœurs. Les limites spatiales du décor se confondent avec les limites mentales de leur hypocrisie. Une hypocrisie qui ne durera qu'un temps, volant en éclats dès la première crise de l'intrigue (le vomissement de Kate Winslet). Les deux couples finissent par se déchirer comme des enfants violents, ou plutôt comme leurs propres enfants, qui, par leur présence en filigrane distillée à travers les actes et paroles des parents, deviennent les vraies vedettes du film. Polanski filme littéralement une bagarre d'enfants, un rapport de force infantile toujours changeant : couple contre couple, homme contre homme, femme contre femme, femmes contre hommes.

Portrait microcosmique d'une humanité malade, Carnage se fait le miroir impitoyable de ses travers : l'homme moderne est un barbare, au sens premier du terme, dans la mesure où il est un étranger perpétuel pour les autres et pour lui-même, un être perdu, sans autre repère que son nombril désormais virtualisé (running gag du smartphone, de plus en plus inquiétant), d'un égoïsme puéril et tragique. Chaque personnage incarne à sa manière un fragment de ce portrait, une pièce du puzzle absurde qui constitue l'humanité, une facette de ce qui apparaît finalement comme une seule et même entité, une seule et même meute. Les dialogues, brillamment interprétés par des acteurs parfois à contre-emploi (John C. Reilly abandonne ses habituels rôles débonnaires pour incarner un incroyable salaud), ne font qu'alimenter cette image absurde de l'homme, en même temps qu'un paradoxe à double sens : si, dans le cadre de l'appartement, les personnages se comprennent de moins en moins en parlant de plus en plus, la métaphore peut aisément s'étendre à l'incommunicabilité de notre temps, fondée jusqu'à l'absurde sur la toute-puissance d'une soi-disant communication. Les moyens de communication toujours plus perfectionnés, mis à notre disposition, ne sont que les outils d'une aliénation radicale, d'un décentrement terrifiant. Réplique jouissive crachée par Kate Winslet au visage de Christoph Waltz : « Ce qui se passe ailleurs est toujours plus important ! » Le cinéaste ne cherche certes pas la finesse, mais force est de constater que le message est diablement troublant lorsque l'horreur, à l'inverse de Rosemary's baby et Répulsion où elle était indicible, éclate au grand jour sous une forme résolument satirique. Avec son titre faussement gore, à saisir évidemment dans un sens ironique, le nouveau Polanski est un savoureux « carnage » de salon, une comédie se révélant horrifique dans sa vision des mœurs de l'homme moderne, secouée par d'irrésistibles éclats d'humour noir et absurde, une satire qui fait mouche par sa candeur paradoxale, prouvant une fois encore que ce n'est pas forcément avec de bons sentiments qu'on fait du bon cinéma.

3,5sur5

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