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3 janvier 2017 2 03 /01 /janvier /2017 00:02

 

Le Nirvanaddict

The Neon Demon, de Nicolas Winding Refn : beauté hypnotique et morbide des images, perfection et viscéralité extrême de la mise en scène, richesse symbolique et psychanalytique du scénario, atmosphère angoissante distillée par la bande originale. Le film de 2016 qui m'aura le plus hanté, certainement l'un des plus aboutis de son auteur.

Les Huit Salopards, de Quentin Tarantino : classe formelle de chaque plan, des acteurs qui s'en donnent à cœur joie, des dialogues écrits et débités à la perfection, une ambiance joyeusement malsaine, des explosions de violence redoutables. Un réjouissant bijou de maîtrise et de minutie, doublé d'une galerie de sales gueules inoubliables.

Zootopie, de Byron Howard et Rich Moore : éblouissement visuel de chaque instant, rythme endiablé, galerie de petits personnages attachants, multiples niveaux de lecture et références en pagaille, un film d'animation d'une intelligence et d'une générosité folles.

Conjuring 2 : Le Cas Enfield, de James Wan : enfin un vrai film d'horreur, posé et visuellement léché, qui pense en permanence au sens de ses cadrages et – plus important encore – du hors champ. Le sentiment d'angoisse et de malaise s'en retrouve décuplé, pour notre plus grand plaisir. Mention spéciale à la scène de l'interview et son jeu brillant sur la mise au point de la caméra comme moyen d'occultation.

Creed : l'héritage de Rocky Balboa, de Ryan Coogler : la mise en scène n'a certes rien de révolutionnaire, mais elle est empreinte d'un classicisme au sens le plus noble du terme, donnant aux enjeux dramatiques et aux personnages une dimension universelle et touchante qu'on n'est pas prêt d'oublier. Sylvester Stallone – comédien ô combien sous-estimé – nous livre ici un chant du cygne proprement bouleversant. Réalisme et intensité des combats de boxe toujours aussi hallucinants.

 

Et pour quelques bobines de plus...

Midnight Special, de Jeff Nichols : un road-movie atypique, teinté de science-fiction et doublé d'une belle parabole sur la paternité, où la pudeur tranquille de la mise en scène laisse sourdre une discrète mais réelle émotion.

High-Rise, de Ben Wheatley : vision hallucinée et hallucinante d'une décadence, d'une déliquescence sociétale à travers un film catastrophe psychédélique et mental tourné en huis clos dans un immeuble métaphorique d'une lutte à mort des classes. Largement plus audacieux que le timoré (et surestimé) Snowpiercer qui tentait pourtant d'illustrer un thème similaire.

Doctor Strange, de Scott Derrickson : petite incursion réjouissante des studios Marvel dans l'univers de la magie, des dimensions parallèles et des triturations de la trame du temps, qui vaut surtout pour la classe folle de Benedict Cumberbatch, la perfection de ses effets spéciaux, son rythme trépidant et son finale qui propose enfin autre chose que l'insupportable conclusion pétaradante et victorieuse qui caractérise la grande majorité des blockbusters actuels.

X-Men : Apocalypse, de Bryan Singer : certes plus bourrin et plus conventionnel que ses prédécesseurs, le dernier volet de la saga parvient à conserver le petit supplément d'âme qui la distingue des autres franchises de super-héros, à savoir des personnages attachants et torturés, un questionnement permanent sur la frontière entre humanité et monstruosité. La séquence en ultra-ralenti, portée par Sweet Dreams des Eurythmics, est un pur bijou d'inventivité et de minutie graphiques.

Rogue One : a Star Wars story, de Gareth Edwards : une première heure laborieuse et inutilement alambiquée, des personnages qui manquent de charisme, mais une impressionnante maîtrise du gigantisme intergalactique et un puissant morceau de bravoure final, couronné par un éclat de barbarie qui restera dans les annales. Certainement pas le meilleur film de la saga Star Wars, mais un légitime fragment de son univers étendu, n'en déplaise aux studios Disney.

The Revenant, d'Alejandro Gonzalez Inarritu : une beauté formelle renversante, un sens du cadre et du découpage filmique virtuose, mais une absence regrettable d'émotion et des longueurs redoutables. Inarritu aurait pu accoucher d'un chef-d’œuvre absolu, s'il s'était soucié de la psyché de ses personnages et du rythme de sa fresque autant que de la perfection graphique de ses plans.

Deadpool, de Tim Miller : crétin, bourrin, potache, à des années lumière de l'irrévérence et de la folie ambiante du matériau originel, mais un bon petit délire régressif avec un Ryan Reynolds qui finit par faire mouche à force d'en faire des tonnes. Quelques scènes d'action vénères, des punchlines bien senties et une tonalité libidineuse qui tranche radicalement avec la timidité asexuée des autres films de super-héros. Espérons que la suite, déjà prévue, ouvrira complètement les vannes de l'insanité.

 

Mieux vaut tard que jamais : mes plus belles séances de rattrapage

Le Dernier Pub avant la fin du monde (Edgar Wright), Les Disparus de Saint-Agil (Christian Jaque), Les Yeux sans visage (Georges Franju), Whiplash (Damien Chazelle), The Duke of Burgundy (Peter Strickland), Prisoners (Denis Villeneuve), L'Année du Dragon (Michael Cimino), Ex Machina (Alex Garland), Enemy (Denis Villeneuve), La Taverne de la Jamaïque (Alfred Hitchcock), It follows (David Robert Mitchell), Comment c'est loin (Orelsan, Christophe Offenstein), Serpico (Sidney Lumet), Spetters (Paul Verhoeven), La Falaise mystérieuse (Lewis Allen), Garde à vue (Claude Miller), Les Banlieusards (Joe Dante), Au revoir les enfants (Louis Malle).

 

La fosse à purin de 2016, ou les lauriers de la honte

Suicide Squad, de David Ayer : une insulte permanente crachée à la face du spectateur, personnages inexistants, mise en scène proche du néant, absence totale de rythme et d'enjeux dramatiques, dialogues d'une nullité abyssale, acteurs en roue libre, laideur visuelle... Une catastrophe industrielle à oublier illico.

La Cinquième Vague, de Jonathan Blakeson : un film d'invasion extra-terrestre pour ados atrophiés du bulbe, depuis son introduction putassière jusqu'à son finale d'une crétinerie olympique.

Divergente 3 : Au-delà du mur, de Robert Schwentke : suite insipide de films déjà insipides, au message faussement subversif, qui se réfugie faute d'enjeux dramatiques dans une bouillabaisse indigeste de zombies et de séquences post-apocalyptiques déjà vues (en mieux) dans un nombre incalculable de productions. Une compilation cupide de thèmes à la mode n'a jamais fait un bon film.

Le Chasseur et la Reine des glaces, de Cedric Nicolas-Troyan : patchwork racoleur et mercantile d'heroic fantasy débouchant sur une fresque d'aventure au rabais, prévisible et mollassonne, d'une niaiserie confinant au cauchemar.

The Assassin, de Hsiao-Hsien Hou : l'archétype du film auteurisant, qui cherche en vain à camoufler la vacuité de ses enjeux sous les oripeaux d'une splendeur visuelle maniérée, qui n'a de virtuose que sa capacité à distiller un ennui aussi lourd qu'une chape de plomb.

Hardcore Henry, d'Ilya Naishuller : pourquoi ne pas avoir directement concocté un vrai FPS sur console de salon, plutôt que cette chimère laborieuse et hystérique ?

Captain America : Civil War, d'Anthony et Joe Russo : la quintessence du produit Marvel calibré, formaté, prisonnier d'un carcan de codes qui ne changeront jamais. Marvel n'est pas un studio de cinéma, juste une vulgaire photocopieuse.

Batman V Superman : L'Aube de la Justice, de Zack Snyder : DC Comics s'allie à Warner Bros pour photocopier le Marvel Cinematic Universe, les cartouches de couleurs en moins, un sinistre toner de sérieux en plus.

 

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4 janvier 2015 7 04 /01 /janvier /2015 12:32

 

Le « Nirvanaddict »

nirvanaddict

Interstellar (Christopher Nolan) : majestueux, puissant, poignant, prenant, un grand film de SF qui rend hommage à ses modèles tout en œuvrant à une ouverture, une modernisation artisanale du genre.

Her (Spike Jonze) : où comment faire de la plus improbable love story (un homme amoureux d'une application vocale) le portrait de la solitude grandissante et paradoxalement très « connectée » de l'être humain. Un film d'anticipation vertigineux et d'une crédibilité confondante, porté par un Joaquin Phoenix en état de grâce.

Les Sorcières de Zugarramurdi (Alex de la Iglesia) : barrée, insensée, régressive, délirante, une comédie horrifique féministe qui témoigne encore une fois de la stupéfiante liberté de ton du cinéma de genre espagnol.

Wrong Cops (Quentin Dupieux) : la dernière folie de l'auteur de Steak et Rubber, qui s'aventure jusqu'au délire dans un imaginaire américain à la fois potache et absurde en s'attachant au quotidien d'une bande de flics schtarbés. Certainement la comédie la plus originale et audacieuse de l'année.

 

Les bonnes surprises

bonnes surprises

Sin City : J'ai tué pour elle (Robert Rodriguez et Frank Miller) : dans la parfaite lignée du précédent opus, un régal pour les amateurs de noirceur et d'ultraviolence décomplexées, de caïds déglingués et de femmes fatales machiavéliques. Avec une Eva Green belle et cruelle à se damner. On n'est pas objectif quand on aime la grande Eva, mais qu'importe !

La Grande Aventure LEGO (Phil Lord et Christopher Miller) : une petite pépite de film d'animation, qui multiplie les clins d'œil savoureux à tout un pan de la pop culture et qui adopte contre toute attente un discours plutôt subversif en condamnant par le rire le conformisme qui gangrène nos sociétés. Pour une fois qu'un film avant tout destinés aux enfants ne les prend pas pour des demeurés, ne boudons pas notre plaisir !

Byzantium (Neil Jordan) : un beau film de vampires sorti chez nous directement en DVD, alors que sa vision féminine du mythe balaye d'un seul revers de pellicule toutes les niaiseries adolescentes actuelles. Photographie renversante, BO hypnotique et fiévreux duo d'actrices (Gemma Arterton et Saoirse Ronan) pour une œuvre injustement ignorée par les sinistres ignares de la distribution française.

Edge of Tomorrow (Doug Liman) : le blockbuster le moins médiatisé de l'année alors qu'il se révèle mieux construit et bien plus malin que tous ses concurrents réunis. Face à la crétinerie crasse de Godzilla, Robocop, Amazing Spider-Man et autres Gardiens de la Galaxie, la fresque guerrière de Liman fait presque office de grand film. Version SF et ludique d'Un Jour sans fin, Edge of Tomorrow nous offre en prime des effets spéciaux d'une perfection inouïe et un Tom Cruise d'une sobriété salvatrice dans son rôle de supplicié du destin.

 

Et pour quelques bobines de plus... 

quelques bobines

X-Men : Days of Future Past (Bryan Singer) : on est loin de la rythmique magistrale du précédent volet signé Matthew Vaughn, mais quel festin esthétique ! Entre un plan-séquence ahurissant en ultra ralenti, les déchaînements apocalyptiques de Magneto et une reconstitution renversante des années 70, c'est un vrai régal pour nos rétines.

Captain America : Le Soldat de l'hiver (Anthony et Joe Russo) : un surprenant petit polar paranoïaque qui se hisse aisément au-dessus de toutes les fades productions Marvel de 2014, en dégoupillant sans crier gare de mémorables morceaux de bravoure et qui n'hésite jamais à vraiment mettre en danger son super-héros éponyme. Sans oublier que le Nick Fury incarné par Samuel L. Jackson trouve enfin sa place dans une paire de scènes d'action à la hauteur de son aura badass. En espérant que le prochain épisode parviendra aussi à échapper au formatage habituel des franchises Marvel.

Lucy (Luc Besson) : injustement éreinté par la critique lors de sa sortie, un bon petit divertissement vitaminé et sympathique, certes trop court et trop peu approfondi, mais qui a le mérite de son originalité et des questions passionnantes qu'il pose sur les facultés cognitives de l'être humain.

 

Mieux vaut tard que jamais : mes plus belles séances de rattrapage

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Le Tombeur de ces dames (Jerry Lewis), Passion (Brian De Palma), Samsara (Ron Fricke), Le Loup de Wall Street (Martin Scorsese), Rush (Ron Howard)

rattrapages2

Blancanieves (Pablo Berger), 12 Hommes en colère (Sidney Lumet), La Fiancée de Frankenstein (James Whale), Coup de cœur (Francis Ford Coppola), Cet obscur objet du désir (Luis Bunuel)

rattrapages3

Jeux interdits (René Clément), New York, New York (Martin Scorsese), L'Assassin habite au 21 (Henri-Georges Clouzot), La Compagnie des Loups (Neil Jordan), Conversation secrète (Francis Ford Coppola)

rattrapages4

Mean Streets (Martin Scorsese), Angel Heart (Alan Parker), Lola Montes (Max Ophuls), Monty Python : Sacré Graal ! (Terry Gilliam et Terry Jones), Arizona Junior (Joel Coen)

rattrapages5

Barton Fink (Joel Coen), Perfect Sense (David MacKenzie), Wrong (Quentin Dupieux), Mon nom est personne (Tonino Valerii), Chromosome 3 (David Cronenberg)

rattrapages6

L'Ombre d'un doute (Alfred Hitchcock), Rendez-vous avec la peur (Jacques Tourneur), Bleeder (Nicolas Winding Refn), Hurlements (Joe Dante), L'Antre de la folie (John Carpenter)

rattrapages7

Evil Dead 3 : L'Armée des ténèbres (Sam Raimi), La Quatrième Dimension (John Landis, Joe Dante, George Miller, Steven Spielberg), Coup de tête (Jean-Jacques Annaud), Jeux dangereux (Ernst Lubitsch), Le Miroir a deux faces (André Cayatte)


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31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 01:30

 

Les lauriers de la honte

lauriers honte

La Légende d'Hercule (Renny Harlin) : héros bovin, scénario vidé de toute dimension mythologique, mise en scène inexistante, esthétique ringarde... On touche le fond !

I, Frankenstein (Stuart Beattie) : un sommet de grand n'importe quoi où la fameuse créature devient un justicier bourrin qui se la pète en prenant des poses ridicules à chaque plan. Faut-il en rire ou en pleurer ? Telle est la question.

Need for Speed (Scott Waugh) : encore pire que le pire volet de la franchise Fast & Furious, dans la mesure où le film s'enferme dans un premier degré papal, l'adaptation ratée d'une franchise vidéoludique en perte de vitesse. Pour ados lobotomisés uniquement. Et encore...

Pompéi (Paul W.S. Anderson) : un péplum catastroph(iqu)e concocté par le tâcheron coupable de l'adaptation des Resident Evil au cinéma, où tout le spectacle se concentre sur les 15 dernières minutes après plus d'une heure de mélo ennuyeuse à mourir, avec un Kit « John Snow » Harington en mode mono-expressif et un Kiefer Sutherland outrancièrement cabotin.

 

Le crépuscule des franchises

crepuscule franchises

The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un Héros (Marc Webb) : encore plus d'effets spéciaux numériques bâclés, encore plus de méchants qui finissent par s'annuler les uns les autres au gré d'un scénario aussi insipide qu'ultra explicatif, encore plus d'approximations dans le jeu des acteurs (totalement à côté des pompes de leurs personnages), encore plus de tape-à-l'œil, de superficialité dans les enjeux et de surenchère gratuite. Il serait temps d'arrêter le massacre !

300 : La Naissance d'un Empire (Noam Murro) : une bouillie numérique tellement fade qu'elle file la nausée, les personnages n'existent plus, écrabouillés sous un grossier vernis virtuel et une bande-son assommante.

La Planète des Singes : L'Affrontement (Matt Reeves) : ça commence très fort avec une immersion réussie dans un monde où seuls les singes règnent, puis les humains reviennent dans le récit et c'est le naufrage filmique, le scénario étant incapable de tenir le crescendo dramatique qui aurait dû irriguer l'intrigue pour aller se vautrer dans une vaine compilation de clichés éculés. Une vitrine technologique totalement creuse.

Les Gardiens de la Galaxie (James Gunn) : transposition spatiale des Avengers, qui s'enferme vite dans son statut de copié-collé, avec son intrigue vidée de toute espèce d'enjeu (on tente de nous faire trembler pour un walkman... sérieusement ?), où les personnages ne sont que des guignols, où tout se résout par la pantalonnade et le n'importe quoi, où tout se justifie – en vain – par une cool attitude devenue quasi dictatoriale. On n'est plus à un paradoxe près à Hollywood.

Expendables 3 (Patrick Hughes) : systématiquement le cul entre deux chaises dans sa volonté de racoler auprès d'un maximum de spectateurs, le film se cherche un ton (on en est au troisième volet, faudrait se décider...) sans jamais parvenir à le trouver. Un interminable enchaînement de fusillades bourrines filmées sans conviction, avec une énorme brochette d'acteurs qui semble s'ennuyer au moins autant que le spectateur.

 

Le recyclage, c'est bien... au cinéma, c'est fade !

recyclage

Godzilla (Gareth Edwards) : un blockbuster au budget pharaonique qui commet l'exploit de passer pour un film de série Z ultra fauché (on ne voit presque jamais les monstres), Juliette Binoche et Bryan Cranston éjectés de l'écran dès l'ouverture, un héros sans envergure, un montage qui use et abuse du pouvoir de la suggestion jusqu'au ridicule. Un mythe massacré de plus sur le sinistre tableau de chasse d'Hollywood.

Robocop (José Padilha) : remake du classique de Paul Verhoeven, les effets virtuels et le premier degré en plus, la rage et la subversion en moins. Aucun intérêt.

47 Ronin (Carl Erik Rinsch) : remake inavoué du Dernier Samouraï, agrémenté d'une touche de fantastique qui s'illustre à travers une imagerie numérique d'Epinal, ne retrouvant jamais le souffle épique de son modèle, avec un Keanu Reeves plus amorphe que jamais.

La Belle et la Bête (Christophe Gans) : exemple typique de la coquille vide qui parie tout dans son aspect visuel clinquant en se déconnectant totalement de l'essence du mythe qu'elle adapte. Plus kitsch et chiant, tu meurs !


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28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 12:58

 

Le « Nirvanaddict »

onlygod gravity django cloud

Only God Forgives (Nicolas Winding Refn) : pour sa mise en scène épurée jusqu'à l'os, la perfection et la classe absolue de ses cadrages, le travail d'orfèvre sur la lumière et les couleurs, la pesanteur tétanisante de son atmosphère, les sonorités obsédantes de sa bande originale (signée Cliff Martinez) et le contre-emploi magistral de Kristin Scott Thomas. Un chef-d'œuvre graphique hautement symbolique que n'aurait pas renié Kubrick.

Gravity (Alfonso Cuaron) : pour son immersion totale dans le vide sidéral de l'espace, l'inventivité de sa mise en scène pensée exclusivement en termes de physique et d'organicité, les prouesses incroyables d'une technique tellement maîtrisée qu'elle se fait oublier au profit de la sensation et de l'émotion pure, la performance viscérale quasi solitaire de Sandra Bullock, la beauté et la puissance virginales de la dernière scène. Inoubliable.

Django Unchained (Quentin Tarantino) : pour l'hommage vibrant rendu aux plus grands classiques du western, le traitement frontal et rageur d'un sujet encore tabou de nos jours aux Etats-Unis (l'esclavage), le duo irrésistible formé par Jamie Foxx et Christoph Waltz, la performance démente de Leonardo DiCaprio en bad guy pervers et raffiné, l'explosion de violence sidérante qui clôture le film, véritable morceau de bravoure cathartique. Tarantino n'en finit pas de nous surprendre, vivement son prochain film !

Cloud Atlas (Lana & Andy Wachowski, Tom Tykwer) : pour les prouesses narratives liées à son montage virtuose, qui entremêle plusieurs époques pour aboutir à une linéarité paradoxale, pour l'implication totale de ses acteurs jouant chacun de multiples rôles, la beauté cosmique de la photographie, l'intensité souvent saisissante d'aventures humaines se croisant au gré d'un scénario imprévisible. Injustement boudé par la critique et les spectateurs, voilà un bel exemple de blockbuster indépendant en tous points réussi.

 

Et pour quelques bobines de plus...

trance ecume insaisissables universalsoldier

Trance (Danny Boyle), un trip sympathique dans les méandres de l'esprit humain avec un James McAvoy torturé comme jamais.

L'Ecume des jours (Michel Gondry), adaptation très fidèle, délirante et touchante, du roman inclassable de Boris Vian, doublée d'un bel hommage au cinéma des premiers jours.

Universal Soldier : Le Jour du jugement (John Hyams), véritable OVNI filmique bourrin et dépressif, à l'atmosphère goudronneuse, ponctué de saisissantes explosions de violence filmées en plans séquences et couronné par l'apparition improbable d'un Van Damme se prenant pour le Colonel Kurtz d'Apocalypse Now. Une curiosité.

Insaisissables (Louis Leterrier), un bon petit film de magiciens braqueurs, qui parvient à compenser la lourdeur de son écriture et l'inconsistance de ses personnages par l'énergie folle de sa mise en scène, sans aucun temps mort, et le lustre de ses images. Leterrier remonte un peu dans notre estime après les catastrophiques Choc des Titans et Incroyable Hulk.

 

Mieux vaut tard que jamais : mes plus belles séances de rattrapage

jackie cabane affranchis tonnerre bluesbro

Jackie Brown (Quentin Tarantino), La Cabane dans les bois (Drew Goddard), Les Affranchis (Martin Scorsese), Tonnerre sous les tropiques (Ben Stiller), The Blues Brothers (John Landis)

haine twixt planete parrain koyaanisqatsi

La Haine (Mathieu Kassovitz), Twixt (Francis Ford Coppola), Planète interdite (Fred McWilcox), Le Parrain, 3ème partie (Francis Ford Coppola), Koyaanisqatsi (Godfrey Reggio)

baraka johncarter 3royaumes breakfast madmax2

Baraka (Ron Fricke), John Carter (Andrew Stanton), Les 3 Royaumes (John Woo, version intégrale de 4h50), Breakfast Club (John Hughes), Mad Max 2 : Le Défi (George Miller)

centmille morse millers standbyme sensvie

Cent mille dollars au soleil (Henri Verneuil), Morse (Tomas Alfredson), Miller's Crossing (Joel Coen), Stand by me (Rob Reiner), Le Sens de la vie (Terry Gilliam, Terry Jones)

chaser odyssee obrother theatre sevices

The Chaser (Na Hong-jin), L'Odyssée de Pi (Ang Lee), O'Brother (Joel & Ethan Coen), The Theatre Bizarre : Sweets (David Gregory), Masters of Horror : La Maison des sévices (Takashi Miike)


 

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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 17:57

Les lauriers de la honte

world hobbit whitehouse

World War Z (Marc Forster), où comment insulter le film de zombies en tentant vainement de l'accomoder à la sauce mainstream hollywoodienne. Une aberration.

Le Hobbit : La Désolation de Smaug (Peter Jackson), où comment prendre le spectateur pour un demeuré en lui refourguant un remake au rabais (artistiquement parlant) et jamais assumé du monumental Seigneur des Anneaux. Jackson ayant disposé pour son Hobbit d'un budget deux fois plus important que celui de sa trilogie fondatrice, voilà donc un exemple parfait pour illustrer le fameux adage de Coppola : « Gros budget, petites idées. »

White House Down (Roland Emmerich), remake croisé et foireux de Piège de Cristal et de Commando, s'autoproclamant badass et bourrin sans jamais atteindre la cheville de ses modèles. Une arnaque colossale.

 

2013, l'année de la science fiction... ou pas !

man pacific startrek oblivion

Man of Steel (Zack Snyder), un monument de prétention filmique qui voudrait nous faire croire en une grandeur dont il est pourtant totalement dépourvu. Un scénario rachitique calqué (officieusement ?) sur celui de Batman Begins (la sénilité gagnerait-elle déjà Nolan comme la plupart de ses jeunes confrères cinéastes ?) et qui se la joue à grand renfort d'effets spectaculaires tournant à vide.

Pacific Rim (Guillermo Del Toro), des robots géants qui cognent sur des monstres marins géants. Quoi d'autre ? Euh bah... Rien du tout... en dehors d'un seul plan tétanisant centré sur une fillette terrorisée. Tout le reste n'est que vaine démonstration sans âme aucune.

Star Trek Into Darkness (J.J. Abrams), ou comment flinguer toutes les qualités d'un premier volet sympathique et énergique. C'est long et vide. Un sommet de crétinerie pompeuse. Et quid de la noirceur promise par le titre ? On la cherche encore...

Oblivion (Joseph Kosinski), les pérégrinations molassonnes de Tom Cruise et... Tom Cruise sur une Terre dévastée par une guerre nucléaire. Croisement improbable entre Mad Max 3, The Truman Show, Star Trek le film et une pub Ushuaïa, Oblivion marque une nouvelle incursion ratée dans la SF par le réalisateur du déjà pas très glorieux Tron Legacy. 

 

Les somnifères

grandmaster upsidedown afterearth 

The Grandmaster (Wong Kar Wai), ou comment rendre le kung-fu totalement inintéressant et gâcher le talent du génial chorégraphe de Matrix, Yuen Woo-ping. Des tunnels de dialogues interminables et c'est à peu près tout. Après avoir laminé la SF avec son soporifique 2046, Wong Kar Wai récidive donc avec le film d'arts martiaux. Ca sera quoi, ensuite ? Un film d'horreur verbeux ? Une comédie musicale parlée ?

Upside Down (Juan Solanas), ou comment charcuter un pitch d'enfer promettant moultes prouesses visuelles par un traitement ennuyeux du scénario, un enrobage romantique neuneu. D'autant plus dommage que certains plans sont vraiment majestueux.

After Earth (M. Night Shyamalan), les Smith père et fils dans un film co-produit par maman Smith aux allures de thérapie familiale improbable, mollement orchestré par un Shyamalan au sommet de son impersonnalité. Qu'elle est lointaine l'époque bénie de Sixième Sens et Incassable !


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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 15:27

 

LE « NIRVANADDICT »

Skyfall, de Sam Mendes : assurément l'épisode le plus intense et le plus galvanisant de la série des James Bond depuis Permis de tuer, qui s'octroie le luxe d'être l'un des plus beaux films de 2012.

Cloclo, de Florent Emilio Siri : un modèle de biopic, à la fois intimiste et puissant, qui nous plonge dans l'âme torturée d'une icône populaire et ressuscite littéralement sous nos yeux l'esprit des années 60/70. La preuve que le cinéma français n'est pas encore totalement prisonnier de l'auteurisme pompeux et des comédies attardées.

Cheval de guerre, de Steven Spielberg : après une incursion pas très heureuse dans un univers de pixels frigide (Les Aventures de Tintin), le père de Jurassic Park opère un retour aux sources salvateur en revenant à ses amours, à un cinéma traditionnel et chaleureux où l'humain retrouve enfin sa place. Un spectacle généreux aux images de rêve.

nirvanaddict

 

LES GRANDS FILMS – AUX FRONTIERES DE LA PERFECTION

Argo, de Ben Affleck : leçon de mise en scène et de suspense, doublée d'une vision railleuse proprement jouissive des studios hollywoodiens. Du cinéma conçu pour le seul plaisir du spectateur, un vrai bonheur !

Le Territoire des loups, de Joe Carnahan : survival radical, terrifiant et, contre toute attente, terriblement émouvant, porté par un Liam Neeson enfin retrouvé dans un rôle très animal, aussi farouche que fragile.

Millénium : Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes, de David Fincher : plus qu'un polar solide, bien plus fascinante et hargneuse que son somnolant homologue suédois, cette adaptation du roman de Larsson est avant tout un grand film atmosphérique transcendé par des images simultanément glauques et sublimes, un montage tutoyant la perfection et une bande originale expérimentale proprement ravageuse.

grands films

 

LES BONNES SURPRISES – OUTSIDERS, GUILTY PLEASURES ET CIE

Café de Flore, de Jean-Marc Vallée : porté par une rage de filmer qui provoque le frisson, un film somme, certes un peu fourre-tout, mais terriblement poignant et sans cesse innovant dans sa mise en scène.

Avengers, de Joss Whedon : le créateur de Buffy s'est fait un plaisir colossal en réunissant une flopée d'icônes Marvel, pour le plaisir non moins colossal de ses spectateurs.

La Dame en noir, de James Watkins : un film d'épouvante certes classique, mais diablement efficace et d'une beauté perpétuelle, couronné par un twist aussi cruel que magnifique.

The Dark Knight Rises, de Christopher Nolan : on pourra reprocher au cinéaste sa froideur et son manque de mesure, mais le finale de sa trilogie consacrée au Batman est un spectacle grisant, d'une solidité formelle à toute épreuve et d'une actualité affolante.

Expendables 2 : Unité Spéciale, de Simon West : du cinéma récréatif, régressif et bourrin, doté d'un casting proprement hallucinant, qui rend un bel hommage aux films d'action des années 80/90.

bonnes surprises

 

LES PROMETTEURS

Martha Marcy May Marlene, de Sean Durkin : beaucoup de longueurs, mais une atmosphère vénéneuse, à la fois tranquille et tendue à craquer, qu'on n'est pas prêt d'oublier. Un jeune cinéaste à suivre.

Chronicle, de Josh Trank : un found footage pas comme les autres, qui exploite sa caméra intradiégétique comme véritable moteur de sa mise en scène. Dommage que la mise en abyme se délite lors d'un finale trop conventionnel. La première heure reste la plus jouissive.

Oslo, 31 août, de Joachim Trier : une première heure assommante, plombée par des dialogues interminables, heureusement réhaussée par une magnifique deuxième partie très poétique, qui touche en même temps à la grâce et au sordide tragique.

prometteurs

 

ET POUR QUELQUES BOBINES DE PLUS

Cosmopolis, de David Cronenberg : après son catastrophique A dangerous method, le père de La Mouche nous offre une errance urbaine hypnotisante, aux dialogues aussi épiques qu'absurdes, en même temps qu'une reconversion radicale pour Robert Pattinson, qui n'hésite pas une seule seconde à pulvériser son image de bellâtre imposée par la saga Twilight.

Anonymous, de Roland Emmerich : changement de cap radical pour le pape du blockbuster spectaculaire (Independence Day, Godzilla, 2012...), qui opte ici pour un drame historique en costumes soutenu par un casting prodigieux, un scénario malin et une reconstitution faramineuse de l'Angleterre élisabéthaine. Certes pas un chef-d'œuvre, mais un beau divertissement, aussi plaisant qu'inattendu.

Tucker & Dale fightent le mal, d'Eli Craig : parodie de films horrifiques, construite comme un slasher à l'envers en retournant les codes du genre, pas prétentieuse pour un sou, souvent hilarante. Dommage que le délire ambiant ne soit pas exploité à son maximum et que le dénouement verse dans le conventionnel. Un très bon moment quand même.

quelques bobines de plus

 

MIEUX VAUT TARD QUE JAMAIS
mes meilleures séances de rattrapage

La Grande Illusion (Jean Renoir), Simone (Andrew Niccol), Bronson (Nicolas Winding Refn), Malveillance (Jaume Balaguero), Desperate Living (John Waters), Miss Détective (Donald Petrie, un grand merci à Mymp pour la découverte de ce plaisant nanar), Rubber (Quentin Dupieux), Sombre (Philippe Grandrieux, encore un merci à Mymp !), Valhalla Rising (Nicolas Winding Refn), La Planète sauvage (René Laloux), Tueurs de dames (Alexander MacKendrick), trilogie Pusher (Nicolas Winding Refn), Belle de jour (Luis Bunuel), Blindness (Fernando Meirelles), Les Goonies (Richard Donner), L'Homme invisible (James Whale), Pulsions (Brian De Palma), L'Orphelinat (Juan Antonio Bayona).

seance rattrapage

 

2013, MES GRANDES ESPERANCES

Only God Forgives (Nicolas Winding Refn), Django Unchained (Quentin Tarantino), Upside Down (Juan Diego Solanas), Hitchcock (Sacha Gervasi), Elysium (Neill Blomkamp), Stocker (Park Chan-wook), L'Ecume des jours (Michel Gondry), Star Trek : Into Darkness (J.J. Abrams), Kick-Ass : Balls to the wall (Jeff Wadlow), Le Dernier Rempart (Kim Jee-woon), Lincoln (Steven Spielberg), Passion (Brian De Palma), Du Plomb dans la tête (Walter Hill), Cloud Atlas (Andy et Lana Wachowski, Tom Tikwer), Les Amants passagers (Pedro Almodovar), Gatsby le Magnifique (Baz Luhrmann), Fast & Furious 6 (Justin Lin).

2013 esperances

 

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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 14:10

 

LES LAURIERS DE LA HONTE ABSOLUE
ou les champions du nivellement culturel par le bas

Detachment, de Tony Kaye (l'Everest du raccolage à l'américaine)

Jack et Julie, de Dennis Dugan (plus débile, tu meurs)

Sur la piste du Marsupilami, d'Alain Chabat (un modèle de comédie française attardée)

The Amazing Spider-Man, de Marc Webb (à oublier illico, revoyons les films de Raimi)

Sherlock Holmes : Jeu d'ombres, de Guy Ritchie (un héros british passé à la moulinette parkinsonnienne d'Hollywood)

Projet X, de Nima Nourizadeh (dispensable ? le mot est faible...)

lauriers honte 

LES LAURIERS DE LA DISGRACE
même les meilleurs peuvent se planter

De rouille et d'os, de Jacques Audiard (un petit téléfilm vendu comme une œuvre de cinéma)

Prometheus, de Ridley Scott (expliquer les origines d'Alien... monumentale erreur !)

Le Hobbit : Un Voyage inattendu, de Peter Jackson (entre pantalonnade et épopée mal fichue, un film qui se cherche sans jamais se trouver)

lauriers disgrace 

LES LAURIERS DE LA BIEN-PENSANCE
ces sommets d'ennui qui ont enflammé la presse et les festivals

Take Shelter, de Jeff Nichols (un américain moyen parano croyant à la fin du monde veut s'enfermer dans un bunker... sujet très actuel, mais seulement effleuré. Dommage.)

La Taupe, de Tomas Alfredson (tunnels de dialogues et mise en scène grabataire, un film assommant)

The Descendants, d'Alexander Payne (George Clooney au royaume des vahinés, mais encore ?)

Les Adieux à la reine, de Benoît Jacquot (des visages cireux affolés éclairés à la bougie dans des alcoves ou des couloirs... un grand drame historique à la française)

lauriers bien pensance 

LES LAURIERS DE LA MALADRESSE
ou comment sous-exploiter un bon sujet

Bullhead, de Michael R. Roskam (un drame intime déchirant malheureusement gâché par une sous-intrigue policière foireuse... vraiment rageant !)

Albert Nobbs, de Rodrigo Garcia (un fabuleux travail artistique ruiné par une intrigue insipide et des acteurs absents)

La Dame de Fer, de Phylida Lloyd (un sujet brûlant traité avec frigidité et distance... reste la performance de Meryl Streep)

La Vie d'une autre, de Sylvie Testud (film de genre à la française : un pitch d'enfer ridiculisé par des tics auteuristes à côté de la plaque)

Blanche-Neige et le Chasseur, de Rupert Sanders (effets spéciaux et cadrages parfois grandioses, une Charlize Theron vénéneuse, mais c'est tout ce qu'on peut sauver de cette petite fresque de fantasy pour adolescentes américaines mijorées)

lauriers maladresse


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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 02:38

La série « Mes amours » continue sur The Screen Addict ! Adorateur du cinéma de genre, je ne pouvais évidemment pas faire l'impasse sur l'une des familles de films les plus torturées et fascinantes qui soient, à savoir le thriller. Voici un panorama des dix thrillers (la sélection a été rude) qui ont le plus durablement marqué ma sensibilité de cinéphile, et les raisons de mon admiration. N'hésitez à venir partager les vôtres !

 

Sueurs froides, d'Alfred Hitchcock (Vertigo, 1958) : pour la perfection et la cruauté sans limites de la mise en scène, pour l'atmosphère hypnotique aux frontières du fantastique, pour l'érotisme vaporeux qui émane du personnage incarné par Kim Novak, pour la musique inoubliable de Bernard Herrmann. Mon Hitchcock fétiche ! Scène culte : l'impressionnante poursuite initiale sur les toits de San Fransisco, dont les frères Wachowsky se sont allègrement inspirés pour l'ouverture de leur premier Matrix...

Vertigo

A bittersweet life, de Kim Jee-Woon (Dal kom han in-saeng, 2005) : pour le mélange détonant d'élégance et de barbarie qui nimbe chaque scène, pour le charisme à la fois animal et raffiné de Lee Byung-hun, pour la beauté glaçante de la photographie, pour la dimension proprement électrique des scènes d'action, parmi les plus jubilatoires jamais vues sur un grand écran. Scène culte : l'évasion désespérée du héros, alors qu'il est pris au piège par les sbires du mafieux pour lequel il travaille. Grandiose !

a bittersweet life

Il était une fois en Amérique, de Sergio Leone (Once upon a time in America, 1984) : pour l'émotion permanente et déchirante qui se dégage de chaque scène, pour la classe immense de Robert de Niro et James Woods, pour la beauté « proustienne » du scénario, pour la composition musicale mélancolique d'Ennio Morricone, pour le travail d'orfèvre des décorateurs, visible à travers une reconstitution ahurissante de la Grande Dépression. Pour moi, le plus beau film de Sergio Leone. Un chant du cygne, dont on ne voit pas les 4 heures passer. Scène culte : un enfant tombe sous les balles policières ; la tristesse plus forte que l'horreur...

il etait une fois en amerique

Le Parrain, de Francis Ford Coppola (The Godfather, 1972) : pour la bouleversante dimension « familiale » apportée au récit, décuplant notre identification aux Corleone, qui demeurent pourtant un cercle de pourris cruels aux méthodes les plus barbares, pour l'intimisme assumé de la mise en scène et l'interprétation monstrueuse de Marlon Brandon. Scène culte : le montage parallèle d'un baptême et d'un massacre organisé. Aussi effroyable que sublime !

le parrain

Le Nom de la Rose, de Jean-Jacques Annaud (The Name of the Rose, 1986) : pour l'originalité du sujet - un thriller médiéval - (permise grâce au roman original d'Umberto Eco), pour la mise en scène en huis clos qui fait du décor du monastère (dont on explore avec fascination les moindres recoins) le personnage principal du film, pour le duo inoubliable formé par Sean Connery et Christian Slater, pour le suspense macabre distillé par le scénario, pour la musique aussi sombre que minimaliste de James Horner. Scène culte : la découverte de la vérité dans la bibliothèque cachée du monastère, l'un des dénouements de thriller les plus palpitants.

le nom de la rose

M. le Maudit, de Fritz Lang (M - Eine Stadt sucht einen Mörder, 1931) : pour la figure de tueur cauchemardesque forgée pour l'éternité par un Peter Lorre terrifiant (idée aussi géniale qu'évidente d'un visage poupin comme écrin du mal le plus absolu), pour la modernité hallucinante de la mise en scène de Lang (nombre de thrillers actuels ne lui arrivent toujours pas à la cheville en termes de montage, de construction et d'efficacité dramatique), pour le sifflotement maladroit – et indélébile – d'un air de Peer Gynt par le tueur, qui revient comme un leitmotiv de plus en plus effrayant. Scène culte : la longue poursuite du tueur par les autorités (le traqueur devient traqué), ou comment Lang renverse nos perceptions établies avec brio.

m le maudit

Les Chiens de paille, de Sam Peckinpah (Strawdogs, 1971) pour la sécheresse pourtant éprouvante de la mise en scène, pour l'interprétation à contre-emploi d'un Dustin Hoffmann qui fait preuve d'une sauvagerie aussi insoupçonnée que perturbante, pour le traumatisme engendré par la scène centrale du viol, d'une horreur sans nom, pour la radicalité assumée d'un scénario comme on en voit de plus en plus rarement aujourd'hui. Scène culte : la défense par le héros de son territoire, ou comment un insignifiant professeur de mathématiques se transforme en champion de la rétribution. Malsain et jubilatoire !

les chiens de paille

La Nuit du Chasseur, de Charles Laughton (The Night of the Hunter, 1955) : pour l'atmosphère de conte cruel qui plane sur le film, pour la beauté incroyable de la photographie (noir & blanc, clairs obscurs saisissants), pour l'interprétation de premier ordre de Robert Mitchum, inoubliable en prêtre rongé par le mal et la perversité, pour la dimension métaphorique jamais lourdingue du scénario (perte de l'innocence), pour le suspense incandescent de la dernière séquence. Scène culte : la descente desespérée d'une rivière par deux enfants traqués...

la nuit du chasseur

Basic Instinct, de Paul Verhoeven (1992) : pour la perversité des images de Verhoeven, pour l'interprétation vénéneuse de Sharon Stone, pour la musique entêtante de Jerry Goldsmith, pour le trouble érotique malsain provoqué par les scènes de sexe (aussi magnifiquement mises en scène que cruciales sur un plan dramatique), pour l'hommage vibrant rendu à Hitchcock, que Verhoeven admire. Scène culte : l'interrogatoire subi par Catherine Tramell, ou comment l'interrogée devient implacablement interrogatrice. Épatante inversion d'un rapport de forces et séquence emblématique du « girl power » cher à Verhoeven.

basic instinct

Scarface, de Brian de Palma (1983) : pour l'interprétation hors-normes d'Al Pacino, qui a su créer à partir d'un vulgaire petit délinquant cubain une véritable icône universelle du cinéma contemporain, d'une mégalomanie aussi fascinante que poignante dans sa gloire puis sa déchéance inéluctable, et dont chacun de souvient des répliques près de 30 ans après la sortie du film. Scène culte : Tony Montana vient régler ses comptes, d'une seule main (l'autre étant estropiée), avec son premier boss et un flic corrompu. Un monument de tension.

scarface

 

Et pour quelques bobines de plus : Le Samouraï, de Jean-Pierre Melville (1970), La Mort aux trousses, d'Alfred Hitchcock (1959), Chinatown, de Roman Polanski (1974), Blow Out, de Brian de Palma (1981), Le Silence des Agneaux, de Jonathan Demme (1990)


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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 03:19

 

Ils m'ont bouleversé, fasciné, épaté, amusé, exalté, parfois traumatisé... voici un panorama des films dont j'ai pu me délecter cette année dans les salles obscures.


LES CHEFS-D'ŒUVRE – LE « NIRVANADDICT »

Black Swande Darren Aronofsky

Melancholia, de Lars von Trier

Hugo Cabret, de Martin Scorsese

Drive, de Nicolas Winding Refn

J'ai rencontré le diable, de Kim Jee-Woon

black swanmelancholiahugo cabretdrivej'ai rencontré le diable

 

LES GRANDS FILMS – AUX FRONTIÈRES DE LA PERFECTION

Harry Brown, de Daniel Barber

We need to talk about Kevin, de Lynne Ramsay

X-Men : Le Commencement, de Matthew Vaughn

La Piel que habito, de Pedro Almodóvar

The Murderer, de Na Hong-Jin

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LES BONNES SURPRISES – OUTSIDERS, GUILTY PLEASURES ET CIE

Super, de James Gunn

Carnage, de Roman Polanski

Fighter, de David O. Russell

Super 8, de J.J. Abrams

Fast and Furious 5, de Justin Lin

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The Green Hornet, de Michel Gondry

Poupoupidou, de Gérald Hustache-Mathieu

Scream 4, de Wes Craven

La Planète des Singes : Les Origines, de Rupert Wyatt

Tomboy, de Céline Sciamma

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ET POUR QUELQUES BOBINES DE PLUS...

The Artist, de Michel Hazanavicius

L'Apollonide, souvenirs de la maison close, de Bertrand Bonello

Nous sommes la nuit, de Dennis Gansel

Paul, de Greg Mottola

Attack the block, de Joe Cornish

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Never let me go, de Mark Romanek

Killing Bono, de Nick Hamm

Poulet aux prunes, de Marjane Satrapi

Time Out, d'Andrew Niccol

Insidious, de James Wan

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2012, DE GRANDES ESPÉRANCES...

Prometheus (Ridley Scott), Bilbo le Hobbit : un voyage inattendu (Peter Jackson), The Dark Knight Rises (Christopher Nolan), Cheval de guerre (Steven Spielberg), Gravity (Alfonso Cuarón), Millenium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (David Fincher), Cloclo (Florent Emilio Siri), L'Ombre du mal (James McTeigue), Sur la piste du Marsupilami (Alain Chabat), Twixt (Francis Ford Coppola), Avengers (Joss Whedon), Dark Shadows (Tim Burton), Men in Black 3 (Barry Sonnenfeld), Rebelle (Mark Andrews et Brenda Chapman), Skyfall (Sam Mendes), Django Unchained (Quentin Tarantino)

prometheusthe hobbitdark knight risescheval de guerremillenium

 

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29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 04:02

LES LAURIERS DE LA HONTE ABSOLUE : La Croisière (Pascale Pouzadoux, indétrônable, d'une bêtise abyssale), Twilight – Chapitre 4 : Révélation, 1ère partie (Bill Condon, qui signe un film aussi hérmétique qu'une capote), La Locataire (Antti Jokinen, qui essaie d'imiter Polanski... pour sombrer dans le grotesque, de bout en bout), Le Chaperon rouge (Catherine Hardwicke, qui commet l'exploit de pondre un film encore plus niais et nauséeux que Twilight)

la croisière

LES LAURIERS DE LA DISGRÂCE (même les meilleurs peuvent se planter) : Au-delà (Clint Eastwood, soporifique), Somewhere (Sofia Coppola, encore plus soporifique), The Tree of Life (Terrence Malick, en mode Ushuaïa mystique), A Dangerous Method (David Cronenberg, en pénurie de chair), Dream House (Jim Sheridan, victime d'une équipe de production odieuse)

LES LAURIERS DE LA BIENSÉANCE (ces monuments de prétention ennuyeux qui ont ravi la presse) : Une Séparation (Asghar Farhadi), Shame (Steve McQueen), Minuit à Paris (Woody Allen)

shame

LES LAURIERS DE L'HORREUR : Apollo 18 (Gonzalo Lopez-Gallego, no comment...), The Silent House (Gustavo Hernandez, qui a inventé la caméra subjective sans sujet... pathétique !), Paranormal Activity 3 (Ariel Schulman), Devil (John Erick Dowdle)

LES LAURIERS DE LA RINGARDISE : Les Trois Mousquetaires (Paul W.S. Anderson, empereur des tacherons), Le Dernier des Templiers (Dominic Sena, fidèle à sa médiocrité), Green Lantern (Martin Campbell, visiblement à côté de ses pompes), The Tourist (Florian Henckel von Donnersmarck, qui signe un film ridicule, ennuyeux, truffé d'incohérences)

LES LAURIERS DU CRÉTINISME BOURRIN : Conan (Marcus Nispel, d'un irrespect sans bornes envers le mythe. Revoir d'urgence l'original de John Milius !), World Invasion : Battle Los Angeles (Jonathan Liebesman, en mode « baysplosions » et patriotisme gerbant), Colombiana (Olivier Megaton, toujours aussi insipide)

conan

CECI N'EST PAS UNE COMÉDIE : Bad Teacher (Jake Kasdan), Very Bad Trip 2 (Todd Phillips), même pas drôles...

COMMENT MASSACRER UN PITCH D'ENFER : Sans identité (Jaume Collet-Serra, qui pille allègrement Polanski et Verhoeven sans jamais leur faire honneur), The Prodigies (Antoine Charreyron, qui nous balance une version d'X-Men pour ados attardés)

LES NAVETS DE LUXE (ou comment gaspiller des millions de dollars pour des films d'une ambition de mollusque) : Sucker Punch (Zack Snyder), Tron : L'Héritage (Joseph Kosinski), Transformers 3 : La Face cachée de la Lune (Michael Bay), Détective Dee : Le Mystère de la flamme fantôme (Tsui Hark), Rango (Gore Verbinski), Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence (Rob Marshall), Cowboys & Envahisseurs (Jon Favreau)

tron l'héritage


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