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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 00:04

reefer madness

Dans la galaxie des bizarreries déjantées du cinéma, Reefer Madness occupe sans doute une place de choix. Comédie musicale adaptée d'une pièce de Broadway des années 90, elle-même adaptée d'un film de propagande religieuse anti-drogue (1936), ce deuxième long-métrage d'Andy Fickman est sorti dans nos salles en 2006, dans l'indifférence la plus totale. Une injustice malheureuse qui mérite réparation, au vu de la facture irréprochable et du capital sympathie de Reefer Madness.

Reprenant ironiquement les grandes lignes du morceau de propagande Tell your children, à savoir les ravages résultant de la consommation de marijuana sur la jeunesse américaine, le film de Fickman se présente dès sa première scène comme un bijou d'énergie, insolent et irrévérencieux. Un agent du gouvernement (incarné par Alan Cumming, déchaîné) se rend dans une école pour présenter à des parents d'élèves une fiction sur la déchéance d'un couple d'adolescents modèles, pervertis par la drogue (Kristen Bell et Christian Campbell, hilarants de mièvrerie). S'articulant sur cette mise en abyme, sur le va-et-vient parfois trouble entre deux niveaux réalités, Reefer Madness offre d'hallucinants numéros musicaux, délires savamment chorégraphiés, où des zombies camés viennent semer la zizanie, où le Christ vient pousser la chansonnette en compagnie du Diable, de Jeanne d'Arc et d'anges sexy, où les présidents américains de tous temps viennent se déhancher dans les couloirs de la mort. Reefer Madness allie avec virtuosité la folle hystérie des cartoons de Tex Avery, la naïveté des comédies musicales d'antan et le gothique factice des productions de la Hammer, pour livrer une farce pétillante, réjouissante, qui plonge son spectateur dans un état d'euphorie permanent. Une perle à (re)découvrir d'urgence, un remède formidable contre le sérieux plombant de la plupart des productions actuelles !

4,5sur5

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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 02:28

Nine

Disons-le d'emblée : à l'image d'un Guido Contini en panne d'inspiration, c'est un spectateur en panne de plaisir que le film semble chercher à s'attirer. D'une lourdeur éprouvante, ressassant sans conviction ni le moindre second degré tous les clichés liés aux affres de la création, Nine n'est qu'une pauvre comédie, pas musicale du tout, formatée pour un public facile et ignorant tout des grandes figures du cinéma italien (Fellini en tête).

Un défaut majeur, qui plombait déjà Gainsbourg vie héroïque, irrigue le film jusqu'à l'écœœurement : l'artiste n'est qu'un coureur de jupons, un type à femmes qui se contrefout royalement de son art, surtout lorsqu'il est au point mort de la création. Rien ne le hante hormis une ribambelle de femelles en chaleur qui lui collent au postérieur comme des mouches. Immonde lieu commun, tellement hollywoodien, sur l'artiste européen forcément décadent... Si le réalisateur avait traité ce purgatoire de l'art avec humour, on aurait probablement pu accepter un tel postulat, mais le sérieux navrant avec lequel il empoigne son sujet donne littéralement la nausée. Hommage à Fellini ? Une insulte de presque deux heures, oui ! Une destruction pompeuse et faussement clinquante du statut même d'artiste !

Viennent se greffer sur ce tableau désastreux quelques tableaux musicaux d'un académisme glacial. Chanter, danser, célébrer la bouillante Italie avec un style polaire... Peut-être dans les arcanes du cinéma expérimental le plus osé, mais c'est à un film grand public qu'on a affaire ici. Le mauvais goût du cinéaste est un triomphe de chaque instant. On assiste à une enfilade de morceaux musicaux totalement déconnectés, purement illustratifs, tronçonnés grossièrement comme des clips MTV, sans aucun lien poétique avec l'intrigue. Le miracle de Moulin Rouge résidait dans la fusion absolue du scénario et des chansons. Ici, le montage désespérément "cut" isole les chansons du reste du film, à tel point qu'elles semblent avoir été ajoutées à la dernière minute pour combler l'abyssal abîme de connerie anti-cinématographique que constitue la trame narrative.

Plus inquiétant encore : l'énergie avec laquelle Daniel Day-Lewis campe son détestable personnage, le cabotinage joyeusement adopté par une pléiade de stars féminines qui n'ont pas l'air de se douter une seule seconde que leur persona en prend un sacré coup. Le projet avait peut-être de la gueule sur le papier. A l'écran, c'est un naufrage pathétique, ce que Hollywood peut produire de pire tout en criant au chef-d'œœuvre. La preuve, consternante : Nine est nominé aux Oscars... A oublier illico, quand on aime le cinéma. Quel dommage, la bande-annonce était pourtant très prometteuse !

0,5sur5

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