Une récréation décomplexée, un délire gore au troisième degré totalement assumé, une fable macabre où règnent l'humour noir et l'insolence les plus osés... Le scénario, a priori simpliste, n'est qu'un prétexte, Alexandre Aja s'est lâché comme jamais pour nous livrer, avec son cinquième long métrage, une immense farce horrifique, à la fois grotesque dans sa peinture de la jeunesse américaine, et terrifiante dans le réalisme des scènes de mutilation.
Reculant les limites du délire bien au-delà des frontières timorées de la censure, Aja se paie même le luxe de quelques visions sexuelles frontales sidérantes, au détour d'un ballet lesbien aquatique ou d'un gros plan sur un pénis tranché. La première partie du film, jubilatoire, véritable plaisir coupable de tous les instants, fait place à un finale anthologique, un carnage à grande échelle qui vient pulvériser tous les records en matière de gore. Chaque attaque par les piranhas, chaque mort est unique, d'une inventivité sadique hallucinante. Comme dans tous ses films, la vision que donne Aja de la mutilation des corps relève d'un véritable travail d'orfèvre. La couleur et la texture du sang, les détails abjects des blessures, les bruitages inhérents... l'équipe de maquilleurs s'en est donnée à cœur joie, pour notre plus grand plaisir.
Un plaisir malsain, certes, mais Piranha 3D n'a pas la prétention de se présenter comme autre chose qu'un intense défouloir. Le cinéma en a parfois besoin, et quand un créateur aussi déjanté et généreux qu'Aja est aux commandes, on en redemande !