Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 09:29

warrior

Certes, Warrior ressemble beaucoup à Fighter, sorti également cette année, au Wrestler d’Aronofsky, ou même à Rocky Balboa. Certes, les grandes lignes du scénario s’engagent dans des sentiers maintes fois battus, de la séquence d’entraînement aux combats acharnés sur le ring. Mais cela n’empêche pourtant pas le film de Gavin O’Connor d’embarquer son spectateur dans une fresque sportive aussi efficace qu’émouvante. Peut-être parce que le réalisateur relègue justement la dimension sportive au second plan pour s’attacher – à l’instar de Fighter – à l’humain, au sens « guerrier » du terme, comme l’annonce son titre. Comme Fighter, il s’agit avant tout d’un drame familial, brossant le portrait de deux frères, mais contrairement à son prédécesseur, Warrior met en scène un affrontement fraternel, presque fratricide, inscrivant ainsi symboliquement son intrigue dans une sphère mythologique.

Si la confrontation entre Tom Hardy (effrayant, monolithique, impénétrable) et Joel Edgerton (attachant, sympathique) évoque évidemment les grandes rivalités fraternelles de nos mythologies (Caïn et Abel, Etéocle et Polynice, Seth et Horus…), elle est avant tout le moteur d’un crescendo dramatique aussi implacable que puissant, ponctué de scènes de combats âpres et intenses. Si, dans la coulisse, la tension monte sans cesse entre les deux frères ennemis, alimentée par la haine commune envers un père irresponsable (Nick Nolte, jouant avec brio un paternel pathétique), c’est sur le ring que le drame familial se dénoue progressivement. Atteignant souvent des sommets de lyrisme brut, transcendés par le score de Mark Isham, les combats dans Warrior prennent littéralement aux tripes. Menée par un trio d’acteurs inspirés, la « guerre des trois » a bien lieu, déchirement entre deux frères, mais surtout entre un père paumé et ses fils déboussolés. Au-delà des combats physiques, chacun se bat pour une cause intime : le père contre lui-même, contre une image qu’il déteste et qu’il tente d’oublier, les deux fils pour laver leur honneur, le premier tentant de sauver sa famille d’un naufrage imminent, l’autre cherchant à enterrer un passé militaire traumatisant. Gavin O’Connor met en scène une lutte acharnée pour la survie, une quête du salut qui s’approprie tous les clichés du film de sport pour les dépasser, à travers l’accomplissement, la réunion de trois destins. Et c’est cet art du dépassement qui rend Warrior si efficace et attachant, cristallisé dans une image finale suspendue, aussi magnifique que poignante. Complément fraternel de Fighter, hommage touchant à Rocky, certainement l’un des plus beaux films du genre, simple et sincère.

4sur5

Partager cet article
Repost0

commentaires

S
<br /> 2 frères, un trop caricatural en taureau insensible et l'autre trop appuyé sur le côté doux et gentil, en fallait-il autant d'extrème ?! Le second est si gentil qu'on en devine la fin (faut rester<br /> dans la morale américaine de base !). Idem pour les coïncidences, à force ça en devient peu peu vraisemblable comme le fait que l'un d'eux retrouve un combat revanche et qu'en plus il retrouve son<br /> frangin en final ?! Ca fait beaucoup... Cependant quel film ! D'abord grâce au duo Tom Hardy-Joel Edgerton tout simplement impressionnant mais le réalisateur en est aussi pour beaucoup ; il a su<br /> mettre de l'émotion parsemée avec parcimonie jusque dans les combats. 3/4<br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> Oui, ça accumule - parfois gratuitement - les poncifs (et en grand nombre), c'est bien pour ça que je ne lui ai pas mis la note maximum. Mais c'est tellement prenant, tellement bien mené (le film<br /> cogne habilement dans nos instincts primaires) que ça ne m'a pas vraiment embarrassé. J'ai surtout pris conscience avec Warrior que le genre du film de combats est devenu mon grand guilty pleasure.<br /> C'est dingue comme on peut être fasciné par deux types qui se cognent dessus ! Néanmoins, si ça peut remuer, comme Fighter et Warrior, ça peut aussi se vautrer dans le ridicule et le grand<br /> n'importe quoi. Le genre compte beaucoup de nanars, à commencer par les van Damme :D<br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> Tu ne trouves pas quand même que c'est un peu trop chargé dans les poncifs ? Ca m'a légèrement gâché le plaisir à la fin, tout en étant complètement pris dans le feu de l'action. C'est bluffant,<br /> mais ça reste trop hollywoodien dans sa vision de la vie et de ses aléas.<br /> <br /> <br />
Répondre