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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 16:32

Melancholia - blog

Jusqu'à présent, nous n'avions vécu la fin du monde au cinéma qu'à travers un nombre incalculable de films catastrophe, souvent outrancièrement spectaculaires, presque toujours issus des studios hollywoodiens. De simples divertissements inoffensifs, raisonnablement impressionnants, dont Roland Emmerich, d'Independence Day à 2012, est devenu le grand spécialiste. A l'opposé de ce cinéma tape-à-l'œœil, bruyant et commercial, Lars Von Trier vient asséner un coup de maître avec Melancholia, chef-d'œ’œuvre absolu instantané, aussi sublime que terrifiant, renouvelant avec audace un genre que l'on croyait condamné à l'industrie de l'entertainment pop-corn.

L'intrigue de Melancholia est d'une troublante simplicité : une jeune femme, Justine, se marie avant de sombrer dans une profonde dépression, tandis qu'une planète mystérieuse s'apprête à entrer en collision avec la Terre. Découpé en deux chapitres, le premier épousant le point de vue de Justine (Kirsten Dunst), le deuxième celui de sa sœœur, Claire (Charlotte Gainsbourg), le film s'ouvre sur une succession de tableaux apocalyptiques d'une beauté sidérante, transcendés par le prélude de Tristan et Iseult, composé par Wagner. Dans un surprenant mélange des tons et des genres, la sidération poétique du prologue cède alors la place à un chapitre hautement satirique, relatant presque en temps réel la soirée ratée du mariage de Justine. Avec la même férocité que celle de Dogville, Lars Von Trier nous brosse le portrait grinçant d'une micro-humanité antipathique, composée de requins (le patron de Justine), de mères acariâtres (Charlotte Rampling, formidable en mégère extra-lucide), de pères paumés, et d'arrivistes ridicules, tous coupables de la dépression de Justine et tous aveugles quant à leur part de responsabilité dans la décrépitude de la jeune femme. Une société gangrenée, en phase terminale de sa bêtise, qui fonce tête baissée vers son autodestruction. C'est en quelque sorte à une fin du monde que l'on assiste.

Cette apocalypse de salon nous prépare sournoisement à une deuxième partie qui en est la relecture à la fois intimiste et cosmique : quatre personnages isolés, confrontés à l'approche de la planète Melancholia, qui menace à chaque instant de percuter la Terre. Extraordinaire de tension, d'angoisse et de terreur primaire, ce chapitre adopte le point de vue de Claire, pour nous faire vivre sa peur de manière viscérale, jusque dans ses extrémités. Jouant diaboliquement avec nos nerfs, tel un chat avec une pelote de fil, Lars Von Trier éloigne et rapproche l'astre menaçant, alterne les instants de pure panique et d'accalmie. Il installe dans nos consciences le même inconfort mental qui habite ses personnages, pour enfin nous terrasser, nous anéantir, nous démolir les sens grâce à un plan final démentiel, l'un des plus beaux de toute l'histoire du cinéma, qui se vit littéralement comme une expérience de mort imminente. Une sensation dévastatrice unique, que l'on n'avait encore jamais ressentie face à un écran.

Melancholia - blog 2

En un peu plus de deux heures, Lars Von Trier accouche d'une œœuvre indélébile, d'une simplicité universelle bouleversante, une œœuvre d'art à la poésie ravageuse, le plus beau et le plus intense des films apocalyptiques. Conscient que les plans larges spectaculaires des blockbusters ne font qu'effleurer l'horreur des catastrophes cosmiques, il nous offre une peinture de la fin du monde en huis clos, radicalement intimiste, effroyablement incandescente. La proximité avec la menace n'a jamais été aussi affolante que dans Melancholia, qui met sur un même plan l'arrivée monstrueuse de l'astre destructeur et l'effondrement moral des personnages. La surpuissance évocatrice du film de Lars Von Trier repose sur son évidence confondante et l'immédiateté de ses sensations. Nul lyrisme facile ou pompeux ici, nulle mise en scène pompière et ronflante, seulement quelques humains face à la probabilité de leur disparition prochaine, incarnés par des acteurs en état de grâce (Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg à fleur de peau, deux facettes d'une même mélancolie, Kiefer Sutherland étonnamment vulnérable, dans une antithèse absolue de Jack Bauer). Leurs réactions sont les nôtres. La frontière entre le monde devant et derrière l'écran n'a jamais été aussi mince. Miroir fragile entre fiction et réalité, que le cinéaste n'hésite pas à fracasser dans les derniers instants, nous laissant morts de peur et d'éblouissement. Avec Melancholia, Lars Von Trier donne une nouvelle définition au mot « fin », à travers un dénouement qu'on n'est pas prêt d'oublier. Le choc ressenti à la vision de ce film terrible est d'une telle amplitude qu'il bouleversera pendant longtemps le paysage de la cinéphilie. Monumental !

5sur5

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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 14:07

super 8

A l'heure où la plupart des blockbusters ne propose plus que des corridas hystériques souvent montées à coups de truelles et de tronçonneuses, où les effets pyrotechniques gratuits et les bandes-son tonitruantes sont légions, où les acteurs s'effacent, emportés par le torrent de l'ère numérique, subsiste une race d'irréductibles artisans du grand spectacle populaire, dont le credo réside avant tout dans les noces de l'art et du divertissement. Christopher Nolan, Peter Jackson, Guillermo del Toro, Alfonso Cuarón, Baz Luhrmann ou encore Sam Raimi : leur escouade se compte sur les doigts de la main, mais ils sont quasiment les seuls à connaître encore les incantations et formules magiques d'un cinéma capable de nous émerveiller, nous fasciner, nous éblouir, nous faire vibrer. Membre phare et incontestable de cette génération de cinéastes héritiers de Spielberg ou férus de Ridley Scott, J. J. Abrams, après son incursion pleine de panache dans l'univers de Star Trek, revient flatter nos mirettes et nos cœœurs avec Super 8.

Fable délicieusement rétro, où des petits cinéastes en herbe font face à l'arrivée du mystérieux occupant d'un train qui vient de dérailler tout près de leur paisible patelin, Super 8 s'impose comme un hommage magnifique, émouvant et trépidant, au cinéma des années 80. Pas tant dans la reconstitution aussi tendre qu'amusante d'une époque chérie (vêtements, voitures, appareils, gadgets, jeux, musique, films...), car c'est surtout à travers une facture audio-visuelle irréprochable, héritée de cette décennie devenue culte grâce à ses œœuvres (E.T., Star Wars, Retour vers le Futur, Indiana Jones...), qu'Abrams parvient à nous hypnotiser. La puissance évocatrice de Super 8 repose essentiellement sur sa structure : s'ouvrant sur une scène de deuil (les funérailles de la mère de Joe, le jeune héros) puis une scène cauchemardesque de destruction (le déraillement du train, outrancièrement spectaculaire, emblématique du cinéma hollywoodien actuel), le film se lance dans la voie de la reconstruction, dans tous les sens du terme. Reconstruction d'une famille brisée, reconstruction d'un étrange véhicule éparpillé par l'accident initial, mais surtout reconstruction, ou plutôt résurrection, réparation de toute une esthétique propre aux films des années 80. Face à la manie actuelle de la prise de vue parkinsonienne et du montage épileptique, Super 8 nous propose un spectacle aux images posées, cadrées avec goût et mesure, montées avec une élégance et une fluidité confondantes. Prenant soin de toujours placer idéalement sa caméra, Abrams nous prend par la main pour nous plonger, doucement mais sûrement, au cœœur de son aventure. Adoptant le point de vue de ses petits héros sans jamais s'en écarter, il nous implique dans son récit en réveillant notre âme d'enfant, cette âme qu'on ne perdra jamais totalement, qui aime toujours se nourrir d'invraisemblables histoires de monstres, qui se remémore avec nostalgie ce temps révolu peuplé de jouets, de figurines et de maquettes.

Si l'enfant, chez Rimbaud, est un poète, risquons-nous à maintenir cette analogie pour avancer que chez Abrams, l'enfant est un cinéaste. Ce que l'on peut, en premier lieu, appréhender comme une simple mise en abyme (les gamins réalisent un film dans le film), se révèle comme la ligne poétique tout entière de Super 8. Le réalisateur exprime avec ferveur et émotion sa croyance en un cinéma de l'innocence, qui se bâtit à travers un regard d'enfant. Un cinéma pur, aux images simples et fortes. Un cinéma qu'Abrams parvient à faire rayonner à travers tout son film, mais d'une manière plutôt ambigüe. Car dans sa volonté acharnée de livrer le plus bel hommage qui soit à l'art de ses maîtres (Spielberg en tête), le jeune réalisateur semble parfois tétanisé par la peur de les décevoir, à tel point que son travail apparaît à plusieurs reprises comme un peu trop appliqué, oubliant le temps de quelques scènes sa propre identité. On pourrait ainsi taxer le dénouement, pour ne citer que l'exemple le plus flagrant, –de trop « spielbergien ». Mais ce serait injuste de n'y voir qu'une preuve de faiblesse, car Abrams réussit in fine à retourner cet oubli de lui-même en sa faveur. Quand on sait que le premier film amateur de Spielberg, tourné en super 8, causait du déraillement d'un train, le film d'Abrams prend une tout autre dimension : bien plus qu'un banal hommage au maître, on pourrait le voir comme un biopic fantasmé sur Spielberg enfant. Fantasmé dans la mesure où c'est sa propre jeunesse (il était adolescent dans les années 80) qu'Abrams met en scène. La mise en abyme devient alors vertigineuse, un jeu de miroirs fascinant entre deux générations de cinéastes...

Si l'on peut lui reprocher son manque évident d'originalité, dans sa parenté avec celui d'E.T., le dénouement parvient néanmoins - justement grâce à cette parenté - à irradier une belle émotion, aussi puissante qu'inattendue, à travers la seule force évocatrice de ses images muettes, bercées par les notes déchirantes de Michael Giacchino. Le finale de Super 8 reflète l'essence même du film, qu'on aurait tort d'anticiper comme une histoire tordue, affublée d'un twist dément. Il s'agirait non seulement d'un contre-sens, mais aussi d'une source (évitable) de déception. Conscient qu'il s'aventure dans des sentiers battus, Abrams mise moins sur le contenu de sa fable que sur la manière de la raconter. Il nous prouve encore une fois qu'il est un sacré conteur et parvient même à nous donner, avec sa bande de petits cinéastes, l'envie irrésistible de faire des films !

4sur5

L'univers de J.J. Abrams sur The Screen Addict : Star Trek [critique]

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14 juillet 2011 4 14 /07 /juillet /2011 04:19

deathly hallows

Trop court ! C'est le premier sentiment qui nous vient à l'esprit quand apparaît le générique final du dernier opus de la saga Harry Potter. Une déception qui en cache malheureusement bien d'autres. Loin d'être un mauvais film, la deuxième partie des Reliques de la Mort n'atteint pas la perfection, ni l'aura de tristesse du volet précédent. Trop expéditive, cette conclusion semble ramener le niveau de la saga au temps de L'Ordre du Phénix, qui reste l'épisode le plus bancal à ce jour, l'émotion en plus. Émouvant, le dernier film l'est à plus d'un titre, à travers un flash-back déchirant -– quoiqu'incompréhensible pour qui n'a jamais lu le livre -– révélant la véritable nature de Rogue, quelques morts poignantes (Lupin et Tonks immortalisés comme des gisants) et un épilogue magnifique. Mais cette émotion, si elle nous serre le cœœur à maintes reprises, ne parvient pas à nous faire oublier une myriade de défauts agaçants. Ils s'agit toujours d'un beau spectacle, mais décevant et frustrant à plus d'un titre.

Le monteur de la première partie des Reliques de la Mort semble avoir pris des vacances avant l'heure, tant on peut percevoir la fracture dans le rythme général. Tout s'emballe, tout s'enchaîne parfois sans transition, sans explication aucune, souvent dans l'incohérence la plus complète. La progression est bancale, à cause de l'absence de certaines scènes. Le ciment qui unissait superbement les protagonistes se fissure soudain, alors que les personnages secondaires se font balayer du récit bien trop rapidement pour que l'on puisse s'apitoyer sur leur sort (le dénouement du Seigneur des Anneaux, du haut de ses quatre heures inoubliables, demeure insurpassable). L'épure du montage isole tellement Harry, qu'il semble parfois se détacher du scénario sous nos yeux, comme une décalcomanie, pour être réduit à l'état de simple icône. La débauche sidérante d'effets visuels qui inonde le film finit par priver le récit et ses personnages de toute humanité. On nous en met plein la vue, trop souvent au détriment du cœœur. La fameuse bataille finale, si viscérale dans le livre (car racontée d'un point de vue humain), n'est qu'un ensemble de plans larges où des étincelles multicolores se détachent sur un ciel noir d'ébène. Des plans trop éloignés de l'action pour nous la faire vivre pleinement. Comble de l'abstraction... Mais ce qui déçoit le plus dans ces scènes mouvementées, c'est leur ambition visuelle étrangement faiblarde.

On était en droit, vu le budget du film, de réclamer un spectacle dantesque. Or il ne l'est qu'à moitié (mais où diable sont passés les centaures ? le frère géant d'Hagrid ?). McGonagall donnant vie à une armée de statues, Neville décapitant dans un geste grandiose le serpent de Voldemort, un somptueux ralenti sur Ron et Hermione échappant au même serpent... On trouve bel et bien quelques scènes d'anthologie dans cet ultime volet, mais aussi pas mal de scènes ratées, voire grotesques : des baisers échangés à des moments incongrus, les pauses risibles de Voldemort (décidément le personnage le plus ridicule de cette saga), la facilité déconcertante de la découverte des Horcruxes, l'hilarant ballet aérien réunissant Harry et Voldemort... Certaines scènes ne se justifient que par l'utilisation de la 3D, qui ne représente en aucun cas un enjeu artistique, juste mercantile : la mort de Bellatrix, pulvérisée en une multitude de petits cubes noirs par la mère Weasley, la découverte de la Pierre de Résurrection, la descente en wagon dans les entrailles de Gringotts, la lévitation interminable de la Pensine... Même la destruction de Voldemort, qui aurait dû se présenter comme le clou d'un spectacle grisant, ne répond qu'aux impératifs agaçants de la 3D : alors qu'on s'attendait à ce qu'Harry lui porte un coup final monumental, jubilatoire, cathartique (d'ailleurs amorcé à l'écran), le grand méchant s'évapore tout doucement, alors qu'Harry ne le touche même pas, en une neige de cendres numérique emportée par le vent. Rien de spectaculaire ici, juste un petit effet 3D minable, pseudo-poétique, venant gâcher le plaisir qu'aurait dû nous procurer le « coup de pied au cul », le « pétage de gueule » ultime, tant attendu. La mise à mort des méchants dans ce film s'érige d'ailleurs comme un regrettable contre-sens par rapport au livre : alors que Rowling mettait un point d'honneur à décrire un effondrement, presque une implosion des serviteurs du mal, Yates décide -– pour on ne sait quelle obscure raison hollywoodienne -– d'anéantir ce mal à travers une représentation graphique liée à l'explosion, à l'élévation, autrement dit une quasi rédemption. N'étant certainement pas un fanatique des adaptations littérales, je pense tout de même qu'il est déplorable de trouver pareilles erreurs de lecture, surtout dans le cadre d'une telle saga.

Spectacle en demi-teinte, la deuxième partie des Reliques de la Mort se voit sauvée par l'interprétation renversante d'Alan Rickman, qui incarne le personnage le plus fascinant de cette conclusion, mais aussi par les retrouvailles avec des éléments et des personnages familiers jetés dans un tourbillon de destruction parfois douloureux. La séquence post-combat, au bord d'un pont en ruines qui semble surplomber le néant, où Harry renonce à l'arme la plus puissante du monde magique pour retourner auprès de ses éternels amis, Hermione et Ron, nous prend littéralement à la gorge. Ce sentiment de tristesse et de sérénité mêlés à la vue du trio survivant, se prolonge dans un épilogue admirable et magnifique de simplicité, s'achevant sur nos héros vieillissants, mais toujours ensemble après les épreuves qu'ils ont traversées. La saga se termine comme elle a commencé, il y a dix ans, sur un quai de gare étrange, à présent terriblement familier, avant de baisser le rideau sur la tristesse souriante de trois visages fraternels, que le thème originel et bouleversant de John Williams, enfin repris, vient caresser de ses notes immortelles.

3sur5

 

[critique] Harry Potter et les Reliques de la Mort - Partie 1

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 03:01

sucker punch

Zack Snyder vient de confirmer la triste tendance : 2011 voit (presque) tous ses films les plus prometteurs se gameler les uns après les autres (à l'exception de Black Swan et Fighter). Après les désastreux Somewhere, Au-delà, Tron Legacy, ou encore Rango, Sucker Punch s'affiche non seulement comme le pire film de Snyder mais aussi comme l'un des plus gros ratages de l'année. Alors qu'il nous avait épatés avec 300, fresque aussi violente que grandiose, et la sublime adaptation de Watchmen, Snyder nous livre un navet de la pire espèce. Scénario bancal, bâclé, sans enjeux, bêtement binaire (alternance de scènes bourrines et d'accalmies), ultra-répétitif, triste chapelet d'actrices mono-expressives (la fadasse Emily Browning en tête) offrant de la mamelle et de la fesse sans glamour aucun, montage épileptique digne des partouzes métalliques d'un Michael Bay, bande-son assourdissante aussi subtile que dix Boeing 747 au décollage...

On a littéralement « l'impression d'assister à des introductions avortées de jeux vidéo bourrins avec en sus la frustration de ne pouvoir y jouer » (1). Mais qui a bien pu décréter que Sucker Punch est un film de geeks ? Pris au piège de ses références innombrables, Snyder se perd dans un tourbillon d'images marmoréennes, impénétrables, frigides dans leur soi-disant bouillonnement. Belles mais vides. La plastique est vaine. Privé presque d'emblée de toute espèce d'émotion, on finit par s'ennuyer devant ce film d'action au sérieux terrifiant, à la mise en scène tétanisée – mais jamais tétanisante, qui s'autoproclame comme le summum du divertissement fun sans jamais atteindre ne serait-ce qu'une once de fun. Ce bon vieil esprit fun qui faisait le charme et la saveur des 90's. Qu'elle est lointaine la galaxie délirante et jouissive du Cinquième Élément...

0,5sur5

 

(1) dixit ma geek de coloc en sortant de la projection, la mort dans l'âme...


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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 15:56

paul

Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas pris un tel pied devant une comédie fantastique. Réunissant le joyeux tandem Simon Pegg / Nick Frost, Paul se permet de ressusciter l'esprit décomplexé, décontracté, résolument fun des années 80 et 90, avec ses répliques et péripéties délirantes, ses méchants un peu crétins sur les bords, son second degré permanent... Un immense plaisir pour nos rétines fatiguées face au flot ininterrompu de films devenus trop sérieux depuis le début des sinistres années 2000. Quelle joie de voir enfin débarquer sur nos écrans angoissés un alien qui ne soit pas animé par le désir belliqueux d'envahir ou de détruire notre monde.

Après des décennies de bons et loyaux services rendus en secret à la nation américaine (toute la culture ufologique, ça vient de lui...), l'extra-terrestre Paul décide d'échapper à l'emprise du gouvernement qui l'emploie, pour rentrer enfin chez lui, dans une galaxie lointaine, très lointaine. Dans sa cavale, il embarque malgré eux deux geeks anglais, tout juste sortis du Comic Con de San Diego. Le film de Greg Mottola ne se contente pas de suivre les poncifs et autres codes immuables du road movie, il se paye le luxe d'une facture irréprochable : un montage d'une fluidité exemplaire, un scénario simple mais efficace, des dialogues savoureux, des effets spéciaux somptueux et indétectables, avec une mention spéciale à l'animation de Paul, d'une crédibilité effarante.

Mais la technique, aussi brillante soit-elle, ne perd jamais de vue la notion de divertissement et de plaisir. Pas prétentieux pour un sou, Paul nous entraîne dans une authentique aventure, extrêmement prenante, aux personnages attachants (aucun second rôle n'est négligé), bourrée d'humour (conversation poilante entre Paul et Steven Spielberg au sujet de E.T.) et distillant par instants une réelle émotion (les retrouvailles de l'alien et de la première terrienne qu'il a rencontré, soixante ans auparavant...). On jubile devant l'accumulation jamais stupide de clins d'œ’œil à la culture de science-fiction, de Star Wars à Rencontres du troisième type, en passant par X-Files, pour ne citer que les principaux. Toute l'équipe de Paul a pris un plaisir énorme à rendre hommage à cet univers. Notre plaisir de spectateur ne l'est pas moins. On savoure le film comme un bon biscuit bien généreux, avec la douce et nostalgique sensation d'avoir été transporté quelques années en arrière, à l'époque bénie des Men in Black et autres Mars Attacks. Parce que ça fait un bien fou de déconner de temps en temps dans les salles obscures !

4sur5

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 12:35

Harry Potter 7

Après un Ordre du Phénix décevant par la superficialité de son scénario et un Prince de Sang Mêlé au ton étonnamment léger, David Yates nous offre avec la première partie des Reliques de la Mort un pur chef-d'œœuvre, le meilleur épisode de la franchise Harry Potter depuis le superbe Prisonnier d'Azkaban de Cuaron.

D'une densité scénaristique exemplaire, Les Reliques de la Mort témoigne d'une grande fidélité au roman, tout en s'autorisant des moments renversants d'inventivité graphique et poétique, dont une magnifique séquence animée illustrant le conte des fameuses reliques. Mais ce qui frappe avant tout, c'est l'immense tristesse qui traverse le film. On est pris à la gorge, saisi d'une émotion rare dès les premières scènes. Les quelques plans muets montrant Hermione effacer sa propre existence pour protéger ses parents donnent le ton. La fin est proche. La douleur de la fin. Chaque scène concourt à la construction d'un long et déchirant poème, à la puissance visuelle ténébreuse, résonnant comme un adieu permanent. On meurt, on souffre, on doute, on regarde en arrière, vers les six ans de péripéties qui conduisent inéluctablement à un présent de dangers et de malheurs. Privilégiant l'émotionnel, l'intimiste et la contemplation à l'action, David Yates orchestre un thrène au rythme hypnotique, qui nous touche d'autant plus si l'on suit les mésaventures du jeune sorcier depuis leur commencement. Ce qui ne l'empêche pas de nous livrer quelques scènes dramatiques fracassantes, dont une impressionnante course-poursuite aérienne et une vénéneuse destruction d'horcruxe. L'infiltration / évasion du Ministère de la Magie par Harry, Ron et Hermione métamorphosés, ainsi que l'ultime bravoure de l'elfe Dobby sont également de purs prodiges de mise en scène.

La noirceur permanente, habilement tempérée par quelques instants bienvenus d'humour et de tendresse, place définitivement la franchise hors de portée du jeune public. A des années lumière de la niaiserie de Narnia et de Twilight, la saga Harry Potter fait preuve d'une ambition cinématographique et d'une honnêteté admirables envers les spectateurs qui ont grandi avec elle, ne censurant jamais ses instants les plus durs, les plus pénibles. Bellatrix Lestrange apparaît comme une tueuse psychopathe, Ron flirte dangereusement avec les frontières du meurtre, la paranoïa s'empare de tous les personnages. Par ses décors post-apocalyptiques et son ambiance de Seconde Guerre Mondiale, Harry Potter et les Reliques de la Mort assume une dimension plus sinistre et angoissante que jamais. La nuit devient toujours plus noire avant le lever du jour. Le dernier plan du film, paradoxalement très lumineux, nous fait appréhender la fin de cette nuit avec une intolérable impatience. Vivement juillet 2011 !

5sur5

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31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 15:02

inception1

Plus que tout autre cinéaste contemporain, Christopher Nolan est un explorateur, plongeant son œœil angoissé dans les méandres de notre monde malade, bâtissant de film en film une œœuvre déjà colossale, stupéfiante d'ampleur et d'originalité. Concepteur d'images obsédées par les mécanismes de l'esprit humain, il confirme avec Inception son indéniable statut d'auteur en triomphant une fois de plus, en véritable artiste, du carcan commercial imposé par les studios. La preuve vivante que l'art restera toujours plus fort que le fric.

En termes artistiques, si les œuvres de ses modèles (Stanley Kubrick, Ridley Scott) trouvent leur source dans la peinture, c'est dans l'architecture que Nolan puise toute sa puissance de création, à l'image du personnage campé par Ellen Page dans Inception. D'une densité graphique et narrative à couper le souffle, son nouveau film est une sidérante mise en images de sa fascination pour le motif du labyrinthe, soutenue par un scénario magistral mettant en parfaite équation l'espace et l'esprit, qui finalement ne font plus qu'un. L'idée, simple mais vertigineuse, à l'origine de l'intrigue, assimile perception et construction du monde. Toute la question étant de savoir dans quel ordre de réalité. Où s'arrête le fantasme ? Où commence le réel ?

Dom Cobb (Leonardo DiCaprio) est un voleur de secrets professionnel. Pour parvenir à ses fins, il s'immisce dans le subconscient de ses victimes en pénétrant leurs rêves. Accusé d'avoir assassiné sa femme (Marion Cotillard), il fuit en permanence les autorités du monde entier tout en vivant de ses larcins mentaux. Jusqu'au jour où Saito, un puissant homme d'affaires japonais (Ken Watanabe), lui offre la possibilité de retourner chez lui, auprès de ses enfants, en échange d'une mission périlleuse : anéantir son plus puissant rival (Cillian Murphy) en pratiquant sur lui une « inception », l'implantation dans son subconscient d'une idée qui causera sa perte... Complexe, l'intrigue d'Inception acquiert une fluidité et une limpidité surprenantes dans son exécution à l'écran. La mise en scène, virtuose, épouse les différentes strates de l'histoire, elle les coordonne par des effets de montage parallèle savamment imbriqués, renouvelant par la seule force de son rythme le vieux concept des rêves emboités. La construction chorale d'Inception vient contrebalancer sa dimension cérébrale par un mélange détonant de genres disparates. Nolan nous offre en premier lieu un authentique film de braquage en deux parties (l'élaboration du plan puis son exécution), aux scènes d'action fracassantes, doublé d'une histoire d'amour tragique et d'une fable philosophique.

Une complexité générique qui n'aurait cependant pas été possible sans l'interprétation de premier ordre d'un casting de rêve : face à un DiCaprio magistral en héros fissuré, les seconds rôles se révèlent tous inoubliables, Joseph Gordon Levitt en tête, incarnant un homme de main plein de ressources. Sa fameuse scène d'action en apesanteur, la plus excitante du film, est un véritable morceau de bravoure, d'une intensité folle. A leurs côtés, Ellen Page, Cillian Murphy, Michael Caine, Marion Cotillard, Ken Watanabe ou encore Tom Hardy, forment une formidable galerie de personnages attachants.

Attendu à tort comme un film délirant sur le monde des rêves, Inception trouve sa voie propre. Rien à voir avec l'univers d'un Gondry ou d'un Jonze. Nolan n'est pas un rêveur, c'est un prophète lucide et pessimiste. Et c'est comme tel qu'il nous livre des images lourdes d'âpreté, à la brutalité sèche, pour nous rappeler que nous ne rêvons plus depuis très longtemps. Inception, tout comme Insomnia ou The Dark Knight, est une vision désenchantée de notre monde, où le rêve n'a pas de fin esthétique ou poétique : tout le film se construit comme une gigantesque psychanalyse de notre temps. Du point de vue pessimiste, voire nihiliste du cinéaste, nos rêves ne sont plus que grisaille, angoisses, désespoir, amertume et douleur. Les détracteurs de Nolan ne pouvant en aucun cas l'attaquer sur un terrain technique ou artistique, c'est sur le terrain des affects qu'ils tenteront de l'éreinter, faisant passer la noirceur de ses films pour de la prétention, sa représentation affolée du chaos pour de la roublardise. Ils n'auront pas compris que chez Nolan le rêve n'est pas synonyme d'évasion : c'est une spirale, toujours plus froide et hostile, à l'issue incertaine (géniale image finale...) où l'on s'enfonce inexorablement. Pour Nolan, rien de délirant dans les rêves, puisque la triste réalité du monde les a dévorés.

Dès lors qu'il s'est défait des représentations communes de l'onirisme, le cinéaste se paie néanmoins le luxe d'offrir un film de rêve, ou plutôt le film rêvé, que tout réalisateur rêverait de mettre en scène. Pas seulement un blockbuster doublé d'un film d'auteur. Inception est un film qui se rêve en même temps qu'il se fait, une vision symbolique du cinéma. Une sorte de réponse spectaculaire à La Nuit américaine de Truffaut. L'intrigue du nouveau Nolan ne parle que de cinéma. Dom Cobb est une figure de réalisateur-scénariste, il manipule les autres, orchestre ses braquages mentaux comme de grands spectacles, il en écrit l'histoire, il les met littéralement en scène avec l'aide de ses complices, qui forment une équipe de tournage de choc : le personnage d'Arthur (Joseph Gordon Levitt) serait l'assistant-réalisateur, Saito (Ken Watanabe) le producteur, Ariane (Ellen Page) la chef décoratrice, Eames (Tom Hardy) l'acteur-cascadeur... Nous offrant la grisante impression qu'il se crée sous nos yeux, au gré des aspérités de son intrigue, Inception se donne à voir comme une odyssée aux sources mêmes du septième art, une psychanalyse de son essence. Un pur fantasme de cinéma...

Complètement réalisé ? Seule la toupie de Cobb pourrait le dire...

5sur5 

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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 18:11

twilight 3

Hésitation... Hésitation à entrer dans la salle obscure, hésitation à payer une dizaine d'euros pour assister au troisième naufrage d'une saga anémique pour midinettes névrosées, hésitation quant au jugement une fois la catastrophe subie : pire film de vampires de tous les temps ou immonde arnaque cinématographique ? Toujours rien à se mettre sous la dent avec ce nouveau volet d'une vacuité abyssale, affligeante. Encore plus ennuyeux que ses prédécesseurs, encore plus outré dans sa morale obscurantiste qui ferait passer le plus intégriste des pratiquants pour un libertin déchaîné, ce Twilight est une infecte démonstration d'irrespect envers le public, de fainéantise et de laideur. Avec son scénario cloné à partir de celui du précédent épisode, le film barbote allègrement dans une mélasse indigeste de pureté malsaine, exhibant la frustration évidente de l'auteur mormon à l'origine des romans, qui n'en finit pas de prouver ses tendances masochistes, à trop vouloir mutiler ses désirs et ses fantasmes. Comment une telle explosion d'hypocrisie et de mauvaise foi peut-elle engranger des montagnes de dollars, pulvériser le box-office, fasciner autant de monde ? Visiblement, la « crise » dans laquelle nous baignons ne dévore pas seulement le porte-monnaie...

0,5sur5

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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 23:00

splice

Le début est prometteur : un couple de scientifiques repousse littéralement les limites de la science en parvenant à créer un être vivant totalement artificiel. Les deux premiers tiers du film, hommage amoureux à l'univers de Cronenberg et son exploration maladive des déviances organiques, nous tiennent en haleine en nous proposant de suivre la croissance du monstre, son éducation, son humanisation progressive. Les effets spéciaux sont épatants, l'intrigue bien rythmée, l'atmosphère délicieusement morbide, la créature créée par le personnage d'Adrien Brody fascinante... Enfin un bon film de monstre se dit-on !

Jusqu'au finale. Jusqu'à la stupidité d'une conclusion bâclée, malhonnête, qui se vautre dans le grotesque le plus infâme. Le rythme s'emballe, la psychologie des personnages se brise, la mise en scène jusque là hypnotique fait muter l'intrigue en une vulgaire séquence de survival face à un monstre devenu incontrôlable. Hystérique, accumulant une somme de clichés écœœurante, adoptant un académisme formel en rupture totale avec les audaces des premières séquences, Splice se dégonfle comme un ballon de baudruche subitement crevé. L'écart est si grand qu'il en devient choquant, jusqu'à un twist minable, digne des pires nanars horrifiques. Quel dommage ! Quel gâchis ! Manque de temps ? De moyens ? Pression de producteurs effrayés par la trop grande virtuosité des premières images au point d'imposer un finale ridicule et facile, par peur de perdre des entrées ? Mais que s'est-il passé pour que le nouveau Natali aboutisse à une telle anomalie génétique ?

2,5sur5

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 21:47

brazilgilliam-11

Quelque part au XXème siècle, Sam Lowry (Jonathan Pryce), modeste employé du Ministère de l'Information, tente d'oublier son morne quotidien dans le monde du rêve. Ses désirs d'évasion se heurtent rapidement à l'oppression d'un système administratif tentaculaire. Sorti en 1985, Brazil reste à ce jour l'un des films d'anticipation les plus ambitieux de toute l'histoire du cinéma, aux côtés de Metropolis (Fritz Lang) et de Blade Runner (Ridley Scott). Scénario sophistiqué jusqu'au délire, esthétique aussi grandiose que novatrice, rythme survolté digne des meilleurs cartoons de Tex Avery, force d'évocation trouvant ses racines dans l'expérience traumatisante des totalitarismes, univers marqué par les récits dépressifs de Kafka et d'Orwell. Le film de Terry Gilliam est presque inclassable, à la fois histoire d'amour, intrigue judiciaire, policière et comédie fantastique, oscillant constamment entre un onirisme libérateur et un réel cauchemardesque.

Dès la première scène, le cinéaste nous plonge au cœœur d'un monde chaotique : une bombe, posée par des terroristes anonymes, explose dans la vitrine d'un magasin de télévision, dont les écrans diffusent des messages de propagande du gouvernement. La scène suivante met en place l'enjeu principal du drame : une erreur de frappe sur un formulaire d'arrestation (à cause d'une mouche tombée dans l'imprimante) entraîne l'arrestation et l'élimination d'un innocent, avant de mêler Sam Lowry dans une machination judiciaire infernale. Vision kafkaïenne d'une fausse justice, symbolisée par des décors renvoyant directement à l'architecture nazie, ses bâtiments austères et gigantesques, ses statues d'aigles, ses régiments prétoriens terrorisant des populations soumises et silencieuses. Les interventions armées visant à arrêter les opposants au système rappellent celles de la Gestapo. Le contrôle absolu de l'information, la propagande et la censure draconiennes évoquent les principes des régimes totalitaires, s'inspirant du célèbre roman 1984 de George Orwell. Les perspectives vertigineuses, tout comme les plans filmés avec une rageuse caméra portée, nous immergent dans ce monde oppressant jusqu'au malaise. Derrière son masque de comédie burlesque, Brazil se révèle hautement effrayant. Les lieux sont inextricables, labyrinthiques, parcourus par une jungle d'énormes tuyaux, le cadre est encombré, saturé de détails, le moindre déplacement dans le plan constitue une véritable épreuve, à cause de l'inquiétante omniprésence de formulaires, de procédures judiciaires infinies.

Face au poids écrasant de ce système, face à la pression intolérable exercée sur lui par son entourage (mère possessive, patron esclavagiste), Sam Lowry se réfugie dans un monde où personne ne peut l'atteindre, un sanctuaire intime échappant à tout contrôle extérieur, celui des rêves. Le personnage nous est présenté d'emblée comme un grand rêveur amoureux, romantique : dans le plan qui l'introduit, il apparaît sous les traits d'un chevalier ailé, planant au-dessus d'une mer de nuages, où flotte l'image de sa bien-aimée, Jill, une ravissante jeune femme à la chevelure d'or, qu'il retrouve par hasard dans le monde réel. Inversement, des éléments de ce monde réel apparaissent dans l'univers onirique de Sam (son patron sous la forme d'un golem), tout comme des éléments relevant du cauchemar : blocs de pierre surgissant du sol en éventrant la terre, monstres aux faciès de nouveaux-nés retenant par des cordes une cage où Jill est enfermée. Séquence mémorable : un combat à l'épée opposant Sam à un gigantesque samouraï, projection fantasmatique de tout ce que combat le petit fonctionnaire dans le monde réel, y compris lui-même. Lorsqu'il arrache le masque du guerrier oriental, c'est son propre visage qu'il contemple. Les rêves cessent peu à peu d'être des exutoires, pour devenir un lieu de lutte contre une réalité écrasante qui empêche d'aimer, de s'affirmer, de vivre comme un homme.

Si la frontière est nette au début du film, elle s'efface progressivement. Les dimensions se mélangent en un véritable délire de cinéma. Le rêve finit par emprunter ses décors au réel et vice versa. Perdu dans l'inconscient chaotique de Sam Lowry, le spectateur assiste à un déchaînement intérieur, exprimé à l'écran par une folle exubérance technique : maquettes, animation, effets pyrotechniques, incrustations, matte-paintings, travellings vertigineux, parataxes de plans, lumières stroboscopiques, partition endiablée de Michael Kamen... Dans cette atmosphère irréelle, la logique n'existe plus, l'invraisemblable et le fantasme régissent la perception. Seuls les rêves, notre part d'humanité la plus profonde, la plus intime, restent incontrôlables.

Au-delà de son statut de comédie fantastique, par sa virtuosité technique et esthétique, Brazil est une monumentale leçon de cinéma, une ode à la liberté aux accents surréalistes, une délirante exploration de notre inconscient, la somptueuse peinture d'un univers fantasmagorique, une virulente critique du totalitarisme, mais surtout une superbe histoire d'amour ne trouvant son accomplissement que dans l'inviolable écrin des rêves.

5sur5

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